Conseil de la Diaconie, croiser les réseaux
Ils font partie, aux côtés de Mgr Mousset, du quatuor du Conseil diocésain de la Diaconie, une équipe resserrée qui a succédé au Conseil de la Solidarité pour insuffler à tout le diocèse le souffle du rassemblement de Diaconia 2013 (auquel une belle délégation de plus 120 personnes a participé à Lourdes).
Le père Jean-Louis Favard, outre ses autres casquettes de délégué aux relations inter-religieuses et coordinateur de la pastorale des prisons, est vicaire épiscopal à la solidarité. Jean-François Durand, ancien responsable de CCAS à Bergerac, est à la retraite depuis trois ans. Père et grand-père, il est diacre permanent depuis 1995 et son épouse fait partie de l’équipe « Recherche de sens » du Secours Catholique. Son slogan : « Aider qui a besoin d’aide ». Quant à Dominique Crouzal, aujourd’hui jeune grand-mère, elle a partagé avec son mari toute une expérience de scoutisme et d’élue. Ancienne éducatrice spécialisée, elle préside une ACI (Atelier et Chantier d’insertion) qui couvre pratiquement la moitié du département.
Des profils très différents à l’image de ce qu’ils essayent de vivre ; à savoir « fédérer les énergies et décloisonner » face à l’ampleur des problèmes. Ancien prêtre à Sarlat, la cité médiévale renommée, le père Favard explique : « Derrière l’image en papier glacé pour le tourisme, il existe énormément de précarité cachée : de l’habitat insalubre, des problèmes de transports, une pénurie de travail pour les jeunes, des déserts en tous genres avec des écoles et des services publics qui ferment, etc ».
Réveillon solidaire, tentatives pour transformer les distributions caritatives en tables-ouvertes, pèlerinage dans l’esprit de Diaconia, les acteurs locaux de la solidarité œuvrent à la mesure de leurs moyens. S’est ajouté un défi auquel « ce département rural n’était pas vraiment adapté » : l’accueil des migrants.
En octobre 2015, à la demande de l’évêque, le Conseil de la Diaconie a mis en place une Cellule de Référence. « Au début, suite à l’appel du Pape, la préoccupation concernait les réfugiés syriens. Nous nous sommes créés pour montrer que nous accueillons tout le monde. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est le sort des déboutés du droit d’asile », explique le père Favard.
Officiellement il est question d’une centaine de demandeurs d’asile. La Cellule l’évalue à cinq fois plus. Pour faire face, l’Église a agrégé les bonnes volontés. De 15 à 20 personnes se retrouvent régulièrement pour faire un état des lieux, pointer les urgences et se donner des idées au sein d’un collectif autogéré auquel se sont jointes d’autres associations confessionnelles (musulmanes, protestantes, bouddhistes), des associations citoyennes et, à l’occasion, des migrants eux-mêmes.
« Défiler au nom d’une chapelle ne m’a jamais intéressée, ce sont nos différences qui ont du sens. Beaucoup de gens essaient d’agir. Il nous faut croiser nos réseaux pour être plus efficaces, créer une synergie commune pour se battre à côté de nos frères déracinés. C’est ensemble que nous pouvons trouver des solutions. À vrai dire nous cherchons moins des solutions que des pistes », déclare Dominique.
Concrètement, une plaquette listant les lieux d’accueil, d’accompagnement, de nourriture et d’hébergement, a été réalisée. Une journée « Talents venus d’ailleurs » le 24 mars 2018 (prochaine édition en juin 2019), mettant en valeur des migrants artistes, a permis un beau moment de rencontre et la présentation d’histoires humaines derrière les cas d’exil. Des délégations ont rencontré des députés et l’ancienne préfète. À l’occasion de la Journée des Migrants a été lue dans certaines églises une lettre de la petite-fille d’une dame déboutée du droit d’asile. Un stand est mis en place sur le marché de Périgueux proposant de la documentation et des pâtisseries pour soutenir les situations compliquées. Le père Jean-Louis tient à préciser : « Tout est en gestation ».
Chantal Joly