Nouvelle Ratio : retour sur le Congrès international
La formation sacerdotale est un thème déterminant pour la mission de l’Église. Et c’est autour de cette question que quelque 170 évêques, prêtres et formateurs se sont retrouvés du 5 au 7 octobre à Castel Gandolfo, près de Rome. Au cœur de ce congrès international, organisé par la Congrégation pour le Clergé : la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis, le nouveau texte d’orientation de la formation dans les séminaires, promulgué le 8 décembre 2016. Samedi matin, le pape François a tenu à conclure personnellement les travaux. Dans un long discours passionné, le Saint-Père a rappelé les urgences de la vie sacerdotale, comparant Dieu à un potier, patient et attentif, et le prêtre à un vase d’argile.
Compte-rendu Romilda Ferrauto
Le pape François, on le sait, n’aime pas les prêtres mondains, ambitieux, carriéristes ni les prêtres tièdes bien installés dans leur tranquillité et leur bien-être. Il veut des disciples missionnaires, des prophètes qui sachent réveiller le désir de Dieu dans le cœur de l’homme et rallumer l’espérance là où la cendre a recouvert les braises de la vie. Le nouveau décret sur la formation sacerdotale porte sa marque. Le précédent datait de 1970 et n’avait été que légèrement modifié en 1985. Près d’un an après la promulgation de la nouvelle Ratio, la Congrégation pour le Clergé a organisé un congrès, ces jours derniers, spécialement à l’intention des évêques et formateurs qui auront pour tâche d’adapter ce décret en des Ratio nationalis.
Dans son discours d’ouverture, le cardinal Stella, préfet de la Congrégation pour le Clergé, a rappelé que ce texte avait été conçu pour répondre aux questionnements, aux difficultés, aux défis et aux attentes des prêtres dans l’exercice concret de leur ministère. Un travail d’équipe qui a bénéficié de très nombreuses rencontres sur le terrain avec les formateurs et les séminaristes, dans un véritable souci des personnes. La nouvelle Ratio insiste sur le concept de formation intégrale, capable d’unir de manière équilibrée les dimensions humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale, grâce à un cheminement pédagogique progressif et personnalisé.
Dieu est l’artisan patient et miséricordieux de la formation sacerdotale
Mais au bout du compte, le Souverain pontife l’a réaffirmé explicitement samedi matin : « Dieu est l’artisan patient et miséricordieux de la formation sacerdotale, et cette action dure toute la vie ». Il faut donc que les prêtres aient le courage de se laisser façonner jour après jour par le Seigneur afin de garder leur enthousiasme pour l’Evangile et leur passion pour le peuple de Dieu. Le pape François invite les séminaristes et les prêtres à préférer le silence à la clameur des ambitions humaines. Plutôt que de suivre des modèles établis, ils doivent se laisser guider par une inquiétude salutaire. Au lieu de compter sur leurs propres activités, ils doivent s’abandonner aux mains du potier et à sa créativité providentielle.
Mais le rôle des formateurs et notamment des évêques est également essentiel car c’est dans l’Église que les vocations naissent, grandissent et se développent. D’où la nécessité, dans ce domaine, de dialoguer davantage, de dépasser les querelles de clocher, de ne pas se limiter aux schémas inflexibles et aux normes abstraites mais de faire des choix partagés, de préparer en amont des formateurs réellement compétents. Autre mot-clé : le discernement, car il s’agit de bien discerner ceux qui auront, plus tard, à discerner avec les fidèles qui leur seront confiés. La formation des prêtres passe aussi par leur rencontre avec le peuple, avec ses vicissitudes, ses questionnements, ses besoins, ses blessures. Malgré les résistances et les incompréhensions, le peuple est une école de vie, insiste le pape François.
Un nouveau regard sur la vie sacerdotale
L’objectif du Congrès de Castel Gandolfo était d’analyser et de favoriser l’application du décret dans les différents contextes culturels et ecclésiaux, d’approfondir les doutes sur les éléments nouveaux du texte, de soutenir le travail des Conférences épiscopales et des séminaires. Les groupes linguistiques ont pu échanger et partager en particulier sur certains aspects qui pourraient ralentir la réception adéquate des nouvelles lignes. Le cardinal Stella l’a rappelé avec insistance : il est nécessaire de porter un nouveau regard sur la vie sacerdotale, de dessiner le profil de prêtres adaptés aux exigences de la société actuelle.