Rencontre à Mulhouse du Groupe national de conversations catholiques-évangéliques
À l’occasion de la sortie de l’ouvrage « Evangéliser aujourd’hui – des catholiques et des évangéliques s’interpellent », le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) et la Conférence des évêques de France (CEF) organisent une rencontre le jeudi 14 et vendredi 15 septembre, à Mulhouse (Bas-Rhin). Le Père Emmanuel Gougaud, directeur du Service national pour l’Unité des chrétiens explique les objectifs et les enjeux du dialogue entre les catholiques et les évangéliques.
Le Groupe national de conversations catholiques-évangélique se réunit la première fois pour un colloque à Mulhouse. Pourquoi une telle rencontre ?
Cette rencontre du Groupe national de conversations évangéliques-catholiques vise tout particulièrement à réunir les douze membres experts théologiques qui ont réfléchi pendant dix ans aux questions d’évangélisation. Monseigneur Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg, coprésident catholique et le pasteur Gordon Margery, coprésident évangélique présideront ces deux jours.
Quel est l’objectif de ces deux jours de réflexion ?
Depuis 1998, la Conférence des évêques de France (CEF) à travers le Service national de l’Unité des chrétiens entretient cinq dialogues œcuméniques avec cinq Églises ou communautés chrétiennes. C’est ce que nous appelons des « comités mixtes ». Le Groupe de conversation se réunit trois fois par an à la Conférence des évêques de France ou au siège du Conseil national des évangéliques de France (CNEF) pour un dialogue œcuménique. Nous poursuivrons la réflexion sur les différences encore séparatrices et sur les points communs qui nous rassemblent. Nous verrons comment aussi faire progresser l’évangélisation à travers les activités pastorales.
Ces points communs et divergences, quels sont-ils ?
Nous croyons tous que Jésus est le Seigneur mais nous avons encore des divergences sur les questions de la mission, de l’Église et du baptême. Nous traiterons à Mulhouse aussi celles de la médiation, de la vie du disciple, des signes de guérison et de miracle et du prosélytisme.
Les relations entre l’Église catholique et le monde évangélique ont évolué ces quinze dernières années. Comment expliquer cette mutation ?
Le monde évangélique est une composante du protestantisme français en pleine croissance. Il est un partenaire incontournable pour l’avenir de l’œcuménisme. Il est vrai que nous n’avions pas l’habitude de travailler avec les évangéliques. Mais depuis une quinzaine d’années, mes prédécesseurs : les frères Michel Mallèvre et Franck Lemaitre, sous l’impulsion de l’évêque, Monseigneur Philippe Gueneley, ont entamé un dialogue constructif avec le protestantisme évangélique pour apprendre à mieux nous connaître.
Pourquoi la rencontre se tient-elle tout particulièrement à Mulhouse ?
Dans cette ville s’est construite la première « megachurch » évangélique française qui rassemble de nombreux fidèles évangéliques : 2500 tous les week-end et 10 000 qui suivent le culte sur Internet.
Le nombre de fidèles protestants évangéliques croit de manière exponentielle. Pourquoi une telle attirance ? Combien sont-ils en France ?
Ils sont 700 000 pratiquants en France et en pleine croissance. Le monde du protestantisme évangélique est axé sur la conversion, la rencontre personnelle avec Jésus. Le croyant ne souhaite pas d’abord avoir mais vivre une relation charismatique et christologique avec le Seigneur. Le culte est orienté sur parole de Dieu, la joie, la louange et la vie fraternelle. Enfin, ils utilisent abondamment les techniques modernes et revendiquent un fort ancrage culturel contemporain.
Ces composantes font qu’aujourd’hui de nombreuses personnes sont susceptibles de toucher nos contemporains ceux qui sont déçus ou en quête de recherche spirituelle. Mais je tiens à souligner, que ces aspects se retrouvent évidemment dans l’Église catholique.
Quel regard portez-vous sur les actions engagées depuis ces vingt dernières années ?
C’est une grande joie et une grande espérance. Nous fêtons cette année les vingt ans de ce Groupe de dialogue et plus particulièrement l’achèvement d’une partie importante des travaux ; le dialogue continue et stimule nos églises et nos communautés !