Visages et témoignages d’équipières Saint-Vincent
En 1617, de nombreuses femmes répondent à l’appel de Vincent de Paul et se mettent au service des plus pauvres. Organisées au sein des Équipes Saint-Vincent, elles sont aujourd’hui 2.000 équipières bénévoles en France et 150.000 dans le monde. Engagées au nom de leur foi pour restaurer les liens sociaux, elles témoignent ! Par Florence de Maistre.
« Attentive à la voix de Dieu dans l’action »
Florence Delacarte, 53 ans, mariée, trois enfants, vit à Paris. Diplômée de l’École du Louvre, elle est engagée dans le mouvement depuis six ans. D’abord équipière à Marseille, elle est depuis un an et demi conseillère nationale pour la région Paris-Nord.
À mon arrivée à Marseille, j’ai souhaité m’ancrer dans la réalité sociale de la ville. J’avais le désir de participer à des ateliers d’alphabétisation et j’ai rencontré une amie justement en train d’en créer un au sein d’une Équipe Saint-Vincent. J’ai tout de suite trouvé le lien entre ma motivation personnelle et les besoins de ce groupe, dans un cadre de confiance. L’alphabétisation est une étape, une clé vers l’insertion pour ces femmes qui n’ont quasiment jamais été scolarisées. Je reste marquée par toutes leurs petites victoires : oser prendre la parole, gagner en estime d’elles-mêmes, retrouver leur dignité de mère. J’ai mené à Paris des activités similaires au sein de l’Équipe du XXe arrondissement, avant d’être appelée comme conseillère nationale pour la région qui s’étend de Compiègne au XVIIe arrondissement de Paris. Mon rôle est d’aider les dix équipes et cent quatre-vingt équipières à redonner du sens à l’action pour que leur engagement soit source de joie. Les aider à être plus attentive à la voix de Dieu dans l’action. Avec cette mission, j’apprends beaucoup sur moi-même et sur le plan humain. Je suis souvent appelée lorsqu’il y a un manque de bénévole, du découragement ou des conflits. J’apprends la patience et à rester dans la paix. Je dépense beaucoup d’énergie, mais cela ne m’appartient pas. Je suis émerveillée par celles qui se lancent et prennent de vraies responsabilités. Je remets tout dans la prière
« Au service du Christ pour servir les pauvres »
Claudine Vatinel, 68 ans, mariée, deux enfants, deux petits-enfants, vit au Havre. Professeur, puis directrice d’un lycée professionnel, elle s’est engagée dans les Équipes Saint-Vincent il y a huit ans. Elle est, depuis juin dernier, présidente de la Fédération nationale.
J’ai découvert saint Vincent de Paul par le film « Monsieur Vincent » [de Maurice Cloche, sorti en 1947, ndlr] il y a dix ans. Depuis, il ne m’a plus quittée ! Dans ma vie professionnelle, comme au vestiaire ou à l’aide alimentaire, et à chaque fois que l’on m’a demandé de prendre des responsabilités, j’ai toujours vécu dans un esprit de service. L’Évangile de Matthieu me guide : « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25, 40). Au sein des Équipes, l’action est tournée vers les pauvres, mais la prière est première. Il s’agit de se mettre au service du Christ pour servir les pauvres. Chaque réunion de bureau commence par la lecture de l’Évangile. Nous partageons sur ce qui nous nourrit et ce qui va permettre de poursuivre notre action. C’est indissociable ! Quitter le terrain pour répondre aux missions de coordination est une déchirure, mais les rencontres restent fortes. J’habite toujours au Havre, là où j’étais équipière. Il y a peu, j’ai croisé dans la rue une jeune femme magrébine accompagnée par l’équipe. Elle m’a reconnue et nous avons échangé quelques mots. Elle aurait pu m’éviter. Dans ce lieu et à ce moment-là, il n’y avait ni accueillante, ni accueillie, simplement deux personnes contentes de se revoir ! J’ai beaucoup donné et je reçois encore beaucoup. Aujourd’hui, je m’efforce de créer des liens entre les différentes équipes en France et des liens avec la famille vincentienne pour mieux répondre aux nouvelles pauvretés et pour l’amour du Christ. »
« Quelle joie de voir les visages sourire ! »
Geneviève Nicolay, 66 ans, mariée, deux enfants et deux petits-enfants, habite à 30 km de Clermont-Ferrand. Juriste de formation, elle a essentiellement travaillé dans l’enseignement et la formation auprès de personnes en difficulté. Équipière pendant dix ans au sein de l’Équipe Saint-Vincent de Strasbourg, elle est présidente de l’Équipe créée à Clermont-Ferrand il y a trois ans.
J’ai connu le mouvement par le témoignage d’une personne tellement enthousiaste qu’elle m’a donnée envie de m’investir aussi ! Quand je suis arrivée en Auvergne, la présidente de la fédération des Équipes Saint-Vincent m’a encouragée à en créer une ici. J’ai très vite répondu de façon positive. J’aime le contact, j’ai la chance d’œuvrer avec trente équipières exceptionnelles qui donnent leur temps et leur cœur. Nous accueillons chaque semaine environ quatre-vingt femmes qui traversent des difficultés financières, psychologiques ou conjugales. Toutes vivent une forme de solitude. Nous proposons dix-huit ateliers différents (jardin partagé, Français langue étrangère, gym, art créatif, cuisine, coiffure, informatique, etc.) autour du slogan : bonne forme, bonne tête, bonne mine. Notre objectif ? Créer du lien social ! L’atelier permet la rencontre des unes avec les autres. Chaque activité commence par une demie heure d’accueil autour d’un café : c’est un temps important de convivialité et d’échange. Parfois les accueillies apportent quelque chose à partager. Elles sont très attachantes. Au-delà des différents problèmes d’organisation, quelle joie de voir les visages sourire à nouveau ! Nous recevons de nombreux témoignages qui encouragent nos actions, nous partageons des temps de grâce dans l’accompagnement. Dans le couloir qui mène aux ateliers, je prie : « Seigneur, je viens à ta rencontre ».
Le 7 mars, au Centre Sèvres (Paris), une table ronde était organisée sur le thème « Enjeux et modernité de la charité de proximité de saint Vincent au pape François ».
Le 8 mars à 12h à Notre-Dame de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, présidera la messe des 400 ans de la Fédération Française des Équipes Saint-Vincent. Les accueillis seront ensuite invités à une croisière sur la Seine.
Le 8 mars à Clermont-Ferrand, la célébration sera suivie d’un déjeuner et d’un temps festif.
Du 11 au 16 mars à Châtillon sur Chalaronne (Ain), l’Association internationale des Charités (AIC), qui regroupe toutes les équipes réparties dans 53 pays dans le monde) tiendra son assemblée internationale.