Franciscains, 800 ans de joie de croire
Du 1er mars au 4 octobre 2017, la famille franciscaine célébrera le 8ème centenaire de l’arrivée des premiers frères en France. Lors d’une conférence de presse, les disciples de Saint François se sont présentés comme des témoins toujours modernes de paix, de joie, de dialogue et de fraternité. Par Chantal Joly.
Choix ô combien symbolique que la basilique cathédrale du diocèse de Saint-Denis (93) pour le lancement de ce Jubilé ! En premier lieu pour des raisons historiques. Avec une érudition mise à la portée de tous, le frère Jean-Baptiste Auberger, historien et spécialiste des sources franciscaines, a raconté l’arrivée en France de frère Pacifique, un des compagnons délégués par François d’Assise (1182-1226), d’abord à Vézelay puis auprès de l’abbatiale de St-Denis, « très réputée à l’époque, afin d’y catéchiser la population ». Cette présence est attestée par une lettre adressée à l’abbé de Saint-Denis en 1231. Après leur départ pour Paris et son université afin de s’y former puis d’y enseigner, des Franciscains revinrent à Saint–Denis de 1988 à 1996, installés dans un HLM.
Symbolique aussi le choix d’un diocèse de banlieue pluri-culturel et pluri-religieux pour des hommes et des femmes pour qui l’autre est un frère. « Aujourd’hui, pour les chrétiens de cette ville, le vivre-ensemble n’est pas seulement une sociologie, c’est une spiritualité » a déclaré le père Jean Jannin, recteur de la cathédrale, en accueillant ses invités. Cet esprit du vivre-ensemble est « d’une actualité très brûlante dans notre société multiculturelle », a commenté Christine Fisset, l’une des laïques membre d’une Fraternité franciscaine du diocèse, engagée dans l’association Le Rocher Oasis des Cités sur Bondy. Avec fraîcheur et énergie, elle a raconté combien la fraternité n’était pas « que de la parole et de la prière mais aussi du concret » dans son groupe où lors d’un deuil ou de problèmes d’argent, tous « se serrent les coudes ». Deux valeurs franciscaines l’ont particulièrement attirée : la radicalité et l’émerveillement.
Signes d’espérance
Dans un exposé très structuré, Mgr Jean-Pierre Grallet, administrateur apostolique de l’archidiocèse de Strasbourg et Franciscain, a décliné en sept points la modernité de cette spiritualité pour les défis de l’Eglise et de la société française : celui de l’Homme et de la Fraternité, de Dieu et de la transcendance, du dialogue, du partage, de la paix, de l’écologie, du chemin. 7 points en forme de Béatitudes revisitées : « Dans ce monde replié par l’individualisme, énumérera-t-il, François apporte l’ouverture de la Fraternité […] ; « Dans un monde très codifié, très matériel, il nous rappelle l’horizon infini de Dieu, la gratuité de son amour » […] ; « Dans un monde de peur, il apporte la confiance en l’autre » […] ; « Dans ce monde violent, il prêche la courtoisie, le refus des querelles » […] ; « Dans un monde du chacun pour soi, il offre une vaste vision de solidarité avec tous les êtres vivants, tous étant responsables de tous » et enfin « Dans un monde apeuré par la mondialisation, il y a un chemin qui nous permet de nous rencontrer ».
« La simplicité de ce message est une nécessité pour notre temps. Nous ne sommes pas du tout anachroniques », a déclaré de son côté le frère François-Xavier Bustillo, porte-parole pour ce Jubilé. Il a listé les 5 appels de son ordre : « continuer à bâtir la fraternité, à soigner notre Mère la terre, à rejoindre les exclus, continuer le dialogue interreligieux, garder la paix et la joie sans être déstabilisés ». En résumé, « être des signes d’espérance dans l’Eglise et la société », car, a-t-il insisté, « le charisme franciscain pousse à encourager l’enthousiasme ».
- A la rencontre de la vie franciscaine : Journées portes ouvertes, les 18 et 19 mars, partout en France et une rencontre œcuménique en juillet, à Vézelay, autour des figures croisées de François d’Assise et de Martin Luther, « Rebelles et chercheurs de Dieu ».
- Cheminer avec François d’Assise : vacances franciscaines en famille et marche de Vézelay à Assise cet été et plusieurs pèlerinages à Assise, en Terre Sainte et à Lourdes.
- Des temps pour apprendre : plusieurs colloques à Paris et à Lyon et un séminaire « Franciscanismes au féminin ».
- Prier en Eglise : Vivre le Carême avec la parole de 40 frères, sœurs et laïcs de tous âges et plusieurs retraites spirituelles tout au long de l’année.