Le nouveau souffle de la Mission Ouvrière

Rencontre nationale Mission OuvrièrePour sa 8ème rencontre nationale le week-end de Pentecôte, la « Mission Ouvrière », a planté sa tente à Lourdes. Guidé par l’Esprit Saint, c’est porteur d’un nouveau souffle que son millier de participants s’est résolument tourné vers l’avenir. Par Chantal Joly

Choix symbolique du lieu du rassemblement : Lourdes où la Vierge a choisi comme messagère une fillette de la misère.
Plus symbolique encore : la Cité Saint-Pierre où le Secours Catholique reçoit depuis soixante ans les plus humbles des pèlerins de la cité mariale. Présents dans le monde du travail et aux côtés des précaires ; issus de banlieues, de quartiers populaires, de zones rurales délaissées où, partout, ils travaillent à tisser du lien social, les laïcs, prêtres, religieux et religieuses et diacres de la Mission Ouvrière entendent continuer obstinément de défendre les droits et la dignité des personnes. « Jésus-Christ, lui le pauvre, le serviteur, est au centre de notre vie. Son Esprit saint nous précède. Rassemblés en ces jours de Pentecôte, nous, acteurs diversifiés de la Mission Ouvrière », nous sommes heureux et fiers d’être appelés et envoyés par lui pour le service de la justice, de la solidarité, de la fraternité. En effet, personne n’est de trop quand il s’agit de permettre aux plus petits de découvrir qu’ils sont aimés de Dieu. Nous croyons que notre monde est beau. Il nous émerveille. Les enfants nous disent que la famille « c’est sacré, c’est comme une maison qui peut s’agrandir ou se rétrécir ». Beaucoup d’entre nous ont soif d’un travail qui épanouit. Au cœur des cités et des quartiers populaires naissent des lieux de parole et d’action. Certains retrouvent la valeur du « vivre ensemble » et du dialogue. Les migrants en particulier nous interpellent », proclame notamment le message final.

D’autres brebis dans d’autres bergeries

Autre choix symbolique : le slogan de la rencontre : « Élargis l’espace de ta tente ».
Par-delà les siècles, les découragements et les énormes mutations de la société et de l’Église, les paroles séculaires -mais toujours modernes !- du prophète Isaïe ont résonné à Lourdes avec intensité. Elles ont été déclinées de mille et une façons.
En dessins.
En chansons (avec un tube spécialement écrit pour la rencontre par le groupe musical Nomade).
En décor pour le podium avec une tente ouverte aux voiles de vives couleurs et des globes représentant la terre.
En photos de visages du monde entier projetés sur l’écran et en participation du CCFD-Terre d’Avenir.
En sermon lorsque le célébrant de la messe du dimanche, Mgr Marc Stenger, évêque accompagnateur de la Mission Ouvrière, a rappelé que Jésus avait été le premier à signifier l’élargissement de la mission à « d’autres brebis dans d’autres bergeries ». Cette phrase/programme « Élargis l’espace de ta tente », s’est surtout concrétisée en une multitude de rencontres. Cela aussi bien au moment des repas et des pauses café que lors des échanges d’expériences en petits groupes lors d’une marche ou lors du Partage de la Parole de Dieu.
« Nous avons entendu le cri du prophète Isaïe : « Élargis l’espace de ta tente ! Il nous invite à nous déplacer, à écouter, à aller à la rencontre de ceux et celles que nous croisons quotidiennement à l’école, au travail, dans les fêtes comme dans les « galères », et au cœur des événements. Riche de nos différentes générations, ici plus jeunes, là plus anciennes, nous formons un peuple. Élargissons l’espace de notre tente aux privés d’emploi, aux précaires, aux étrangers, aux personnes qui ont une autre culture, une autre religion. La Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu est aussi pour eux. Sur ce chantier, nous ne sommes pas seuls. Développons notre capacité d’indignation ! Osons vivre et agir avec d’autres pour être témoins du Royaume de Dieu, espace de fraternité, de justice et de paix ! », déclare encore le message final.

Ce peuple, il faut qu’il se voit

Troisième choix symbolique de cette rencontre : celui, donc pour la première fois, de mixer les générations.
Ceux qui annoncent l’affaiblissement sinon la fin de la Mission Ouvrière auraient vraiment été surpris de débarquer en plein milieu d’une foule joyeuse de toutes couleurs, de toutes régions et de tous âges. Car si les plus vieux des militants de l’ACO ont été heureux d’entonner la veillée du samedi soir les airs de leurs luttes de jeunesse (« le chiffon rouge » de Michel Fugain), ils ont aussi chanté l’hymne de l’ACE « Les copains sont venus ». Quant aux enfants de ce Mouvement, ils n’y ont pas fait que de la figuration. Ils ont pu s’exprimer sur scène, par le jeu, dans les forums, les ateliers, au moment de l’envoi, etc.
Avec les jeunes de la JOC ils ont apporté à cette 8ème Rencontre nationale un indéniable souffle de fraîcheur et d’espérance.
Le duo qui a servi de fil rouge, Camille de la JOC Nanterre et sa fille et Guillaume, permanent régional JOC d’Île-de-France, ont eu l’entrain particulièrement communicatif. Mais cet esprit festif s’enracine plus profondément que dans de simples jeux scéniques et une communion de générations. Une réelle conviction d’avoir encore de l’avenir se dégageait de ce brassage de générations. « Nous sommes quelquefois chagrins dans la mission ouvrière en nous disant mal compris ou mal aimés […] Nous ne sommes pas seuls sur ce terrain missionnaire. Soyons des hommes du lien et du seuil », a invité Mgr Stenger.
« Nous sommes un peuple et ce peuple, il faut qu’il se voit », a lancé au moment de la proclamation des orientations Sylviane Guénard, déléguée nationale à la Mission Ouvrière, cheville ouvrière de cette rencontre avec le P. Gérard Baty.
Transmettant aux participants le message d’encouragement de Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France, le P. Pierre-Yves Pecqueux, secrétaire général adjoint, a appelé à « un nouveau printemps de la Mission Ouvrière ». Sans doute son « âge d’or » est-elle derrière elle et les uns et les autres n’ont pas manqué d’évoquer les manques de soutien et la pénurie de forces vives sur le terrain. Un esprit joyeux a cependant soufflé au long de ces trois jours. Une joie de croire, un désir de rayonner. La « Joie de l’Évangile » de l’encyclique du Pape François, du reste abondamment citée lors des interventions. « Ces journées, nous les avons vécues dans la joie. À la lumière de l’Évangile, elles ont permis de relire nos fidélités à nos engagements. À chacun de se saisir de ce message, de le faire connaître, avec audace, avec créativité et avec foi », a conclu le message final.

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