Le denier de l’Église prend une dose de jeunesse
Tous les ans, l’Église catholique lance son appel aux dons auprès de ses fidèles afin de récolter l’argent nécessaire à son fonctionnement. Elle ne reçoit aucune aide ni du Vatican ni de l’État. Pourtant, malgré une légère remontée du nombre de donateurs en 2013, les diocèses cherchent aujourd’hui à sensibiliser, et même séduire, les jeunes générations à cette pratique, quitte à être parfois un peu provocateurs. Par E. Nghiap.
Adoptez un curé normand
Les diocèses normands de la province ecclésiastique de Rouen n’y sont pas allés à demi-mesure pour la campagne 2014 du denier de l’Église… Parodiant le célèbre site de rencontre « adopteunmec.com », ils proposent aux donateurs d’adopter un curé ! Contrairement au site original qui vous propose de trouver l’amour, « adopteuncure.com » lui, vous propose «un produit 100% divin qui a besoin de vous ». Toutefois, le ton décalé et humoristique retrouvé dans la vidéo et le site parodique, ne cache pas l’essentiel du message : donner à l’Église. C’est ainsi que l’on retrouve des petites catégories de prix donnant un ordre d’idée de l’utilité de chaque don. Par exemple, avec 10€ le donateur offrira l’équivalent d’un panier repas à son curé. Cette initiative audacieuse des diocèses normands, volontairement adressée aux jeunes, aura pu être mal perçue de la part de certains catholiques la considérant comme « trop osée ». Toutefois, la reprise médiatique de cette campagne a été telle que ses principales cibles, les 18-40 ans, ont difficilement pu passer à côté. Il n’y a plus qu’à espérer que le message se transformera en dons concrets pour l’Église normande.
« Cet homme est en mission… » dans le diocèse de Gap et d’Embrun
Pendant que certains diocèses parodient des sites de rencontre, à Gap c’est sur une autre sensibilité que le diocèse a voulu toucher ses donateurs. Reprenant tous les codes d’une affiche de film, un homme se tient prêt pour sa mission. Oreillette branchée, costume et lunettes noires, il a tout l’air d’un espion. A quelques détails près. Il porte un col romain, une croix sur sa veste et se trouve dans une église. Car cet homme est un jeune prêtre et ses missions sont des « baptêmes, mariages, funérailles, aumôneries, visites aux personnes… ». Eh bien évidemment, cet homme en mission ne pourra pas réussir seul, d’où l’appel à l’aide, ou plutôt à la générosité, des catholiques sur le site jycontribue.fr. Mgr Jean-Michel di Falco Leandri, évêque de Gap et d’Embrun, n’en est pas à son coup d’essai côté marketing. En 2013, pour la campagne du denier de l’Église, il avait fait appel au groupe « Les Prêtres » qui était également une création à son initiative.
Une petite cure de générosité pour les diocèses de Nancy-Toul et de Saint Dié
Ces deux diocèses de la province ecclésiastique de Besançon ont choisi pour leur campagne du denier, de lancer deux produits révolutionnaires : la Générositine 54 et les Vitamines 88. Ces deux remèdes n’ont ni mauvais goût ni effet secondaire indésirable : ils vous rendent heureux. A consommer sans modération, ces petites boîtes ne sont pas sans rappeler la « Miséricordine » distribuée par le Pape François le 17 novembre 2013, Place Saint-Pierre. Mais à la place du chapelet distribué par le Pape, on retrouve dans la Générositine 54 et les Vitamines 88, une enveloppe invitant à donner, accompagnée d’un mot des évêques respectifs des diocèses et de notices d’utilisation aux contenus étonnants. Utilisant moins de codes spécifiques aux 18-30 ans, ces campagnes du denier de l’Église ciblent davantage l’ensemble des catholiques. Cependant, le format de présentation original des boîtes de médicaments rappelle que l’Eglise est source de bonheur et qu’elle a besoin de soutien pour continuer sa mission. Les seuls effets indésirables notables à un tel traitement seraient de « passer à côté de la vraie joie ».
« Tous liés » dans la province de Reims
Avec sept diocèses sur son territoire, la province ecclésiastique de Reims compte 3 200 000 habitants. Un potentiel important de donateurs, que les évêques souhaiteraient voir augmenter. L’objectif est bien évidemment de toucher tous les catholiques mais surtout les jeunes mariés. Ils sont en effet 4700 à se marier chaque année dans les diocèses de la province. Un nombre d’autant moins négligeable si l’on ajoute à ces couples, leurs familles. Alors c’est par Facebook et un site internet dédié que passe l’invitation. Les 18-30 ans étant de grands utilisateurs du réseau social, la page « Mon mariage à l’Église » a réuni plus de 21 000 fans en un peu plus d’un an. Dans ce même esprit du mariage, la campagne d’affichage qui accompagne les supports Internet se présente sous la forme d’une photo de famille. Mais en lieu et place d’une photo de famille habituelle, c’est la famille de l’Église qui est représentée. Du prêtre ayant préparé et célébré le mariage, à l’animatrice de messe, en passant par le sacristain, toute la communauté est représentée signifiant l’importance de chacun. « Tous liés » est d’ailleurs le slogan de cet appel au don de la province ecclésiastique appelant les catholiques à une implication collective pour partager la même foi.
Des campagnes plus traditionnelles
Chaque diocèse étant seul décisionnaire de la façon dont il mène ses appels au don, certains se sont appuyés sur des campagnes du denier plus classiques.
Diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron : « Votre vie est ici ? Bonne Nouvelle, votre Église aussi »
Diocèse d’Ajaccio : « Forza A Chjesa » (En avant l’Église) « Tous unis pour la Corse, une même équipe, un même terrain, un même but ! »
Diocèse de Saint Étienne : « Je suis catholique, je donne au denier »
Diocèse de Paris : « Mon denier ma paroisse »