Bioéthique : l’Eglise catholique lance le dialogue
Mgr d’Ornellas : un dialogue en vérité pour le bien de notre société
« Le dialogue ne consiste pas à arriver à un consensus. Il consiste à travailler de telle manière que les intelligences, en se confrontant les unes avec les autres, puissent élaborer des chemins qui soient toujours des chemins de progrès » a souligné Mgr d’Ornellas. « Les enjeux sont tels pour la société que nous voulons construire, a-t-il poursuivi, que seul un dialogue respectueux de chacun (…), qui tienne compte de ce qui est au plus profond du cœur de chacun, peut aboutir à une voie française de la bioéthique ».
Mgr Defois : une responsabilité éthique collective
Il a souligné dans son intervention les multiples rôles de la loi : protecteur (« pour placer les frontières »), dynamique (« ce vers quoi nous allons »), économique (« recherche de l’équilibre entre les intérêts des uns et des autres », culturel (« définir des repères d’humanité ») et social (« place du vulnérable ») mais aussi moral et spirituel (« imposer le bien commun est une lutte permanente »).
« La vie est un don, non pas une possession, a-t-il insisté. Elle n’est pas simplement quelque chose qui est managé par le pouvoir médical ». La pluralité des experts consultés lui a fait prendre conscience que l’Etat n’a pas le monopole de la responsabilité éthique mais qu’il y a « une responsabilité éthique collective ».
Pour lui, le débat à venir « est un moment de vérification de ce pour quoi nous vivons ensemble, de nos responsabilités nationales et internationales, pour que la vie de demain ne soit pas simplement la gestion des forces en présence mais soit aussi une volonté commune, éthique et spirituelle, partagée par l’ensemble du pays ».
Xavier Lacroix : unité et vulnérabilité, deux points de vigilance de l’Eglise
Xavier Lacroix a rappelé que la naissance implique des liens où le corporel, le social et l’affectif entrent en jeu. « L’enfant a besoin de grandir sur le roc d’une double filiation : paternelle et maternelle » a-t-il ajouté. « L’intervention du législateur et de la société médicale doivent demeurer au service de la cohérence de ces liens ». « Une chose est de faire face aux situations telles qu’elles se présentent, en offrant à l’adoption un enfant sans parents, une autre serait de prévoir délibérément la naissance d’un enfant privé de père ou porté par une femme autre que celle qui sera sa mère ou ne rencontrant pas la différence sexuelle dans le couple adoptif ou éducateur » a-t-il distingué.
Abordant le statut de l’embryon, l’expert a pris l’exemple de la fécondation in vitro qui va de pair avec une production d’embryons surnuméraires – plus de 170.000 embryons congelés en France aujourd’hui. Cette pratique est à l’origine de problèmes pratiques et éthiques. A l’exemple de l’Allemagne et l’Italie, « ne serait-il pas temps de remettre en cause la production systématique d’embryons surnuméraires ? » a-t-il demandé.
« Le commencement de la vie n’est pas le seul moment de vulnérabilité. Mais c’est un moment particulièrement significatif qui révèle des options fondamentales sur l’humain, sur l’humanité de l’humain » a conclu Xavier Lacroix.
Des outils pour s’informer, se former et dialoguer
Le livre s’organise en chapitres traitant chacun des sept sujets (1) qui, selon le compte-rendu du Conseil des ministres du 16 juillet 2008, ont été retenus dans le cadre de la révision de la « loi relative à la bioéthique ». Pour ceux qui souhaitent revenir plus précisément sur l’un des points abordés, le livre comprend des synthèses et un index thématique
- Il propose chaque semaine un billet rédigé par un expert portant sur l’un des sept sujets du livre « Bioéthique, propos pour un dialogue ». Chaque intervenant s’engage à répondre aux messages postés sur le blog.
- Les résumés des chapitres du livre sont disponibles sur le blog et des liens permettent d’accéder à des ressources complémentaires, notamment les documents de référence publiés par l’Eglise catholique.
- Un agenda met en avant les initiatives des diocèses et des mouvements d’Eglise sur les questions de bioéthique.
Dès le 1er mars, un DVD intitulé « La vie en question. La bioéthique au regard de l’Evangile » sera disponible en librairie et à l’évêché de Saint-Etienne (Tél : 04 77 59 30 03). Il donne la parole à des scientifiques et à des acteurs de terrain (sage-femme, association d’enfants handicapés, accompagnateur dans la procréation médicalement assistée) en les confrontant à la réflexion de l’Eglise. Ce film sera diffusé sur KTO le 23 février 2009.
Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail
Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay
Mgr Gérard Defois, archevêque émérite de Lille
Mgr Maurice Fréchard, archevêque émérite d’Auch
Mgr Guy Thomazeau, archevêque de Montpellier
Mgr Norbert Turini, évêque de Cahors
Depuis novembre 2007, les évêques travaillent sur la bioéthique : « La perspective qui a été la notre depuis le début est celle du dialogue, de l’écoute, de la compréhension d’un sujet complexe et pluridisciplinaire», souligne Mgr Pierre d’Ornellas, président du groupe de travail sur la bioéthique crée à cette date.
Dans un premier temps, le groupe de travail a ainsi auditionné des personnes des milieux juridique, politique et scientifique et rassemblé une vingtaine de catholiques travaillant dans le domaine bioéthique. « Ce travail nous a aidés à constituer un dossier qui comprenait seize fiches renseignant sur des questions de bioéthique dans leurs aspects scientifique, juridique et éthique, et ce de façon aussi précise que possible », précise Mgr d’Ornellas.
Un dossier qui a permis d’informer les évêques lors de l’Assemblé plénière d’avril 2008 et de partager les premiers enseignements.
En novembre 2008, les évêques ont de nouveau planché sur la bioéthique et travaillé sur un document qui a donné naissance au livre « Bioéthique : propos pour un dialogue ».
Les évêques ont à cette occasion invité les catholiques à se former et à s’informer en vue de la perspective des Etats Généraux.. Dans chaque diocèse des personnes « ressources », choisies par leur évêque pour leur compétence en matière juridique, biomédicale ou en théologie morale, ont été appelées à se former et à former à leur tour les chrétiens de leur diocèse. 350 personnes se sont ainsi réunies à Paris le 13 décembre pour une première journée de rencontre et de formation.
Il comprend des synthèses en fin de chapitre et un index thématique.