L’Église et les entrepreneurs
Une conjonction d’attentes
La congrégation religieuse catholique des Augustins de l’Assomption (Assomptionnistes) réside à Valpré depuis quelques décennies. Son essence est d’affirmer la présence de Dieu au milieu des hommes et dans le monde tel qu’il évolue. Il y a un peu plus de huit ans, un client interpelle le directeur du centre de Valpré sur ce que l’Église pense du business. À ce moment-là, l’archevêque Philippe Barbarin, pas encore élevé cardinal, arrive au service du diocèse de Lyon. Imaginer des temps d’échange avec les chefs d’entreprise l’intéresse. C’est tout naturellement qu’en décembre 2002 les « Entretiens de Valpré » voient le jour.
Depuis la formule évolue. D’une simple conférence d’abord, à une après-midi ensuite, la manifestation débute désormais par un déjeuner et se poursuit jusque dans la soirée. Elle s’articule en différents modules autour d’un fil rouge : «Business, vie privée, développement personnel : peut-on tout réussir ?» (2005), «La performance… À quel prix ?» (2007), «Le pouvoir : qui décide ?» (2008). Les temps de travail en atelier mobilisent particulièrement les participants. « Cette proposition a toujours fonctionné et cela nous a même surpris, assure Marc Faivre d’Arcier. Les gens se retrouvent en petit comité, ils peuvent véritablement exprimer leurs questions et leurs idées. Mais c’est la conférence du soir qui est l’apothéose de la journée : les gens viennent écouter le carinal Philippe Barbarin ! »
Rendez-vous avec…
Plus de cinq cents personnes venues de tout le Rhône-Alpin et au-delà se déplacent à chaque nouvelle édition des Entretiens. Près de 40 % reviennent d’une année sur l’autre. Et entre un tiers et la moitié des participants, seulement, sont issus des réseaux d’Église. Tous sont professionnellement et intellectuellement attirés par le sujet ainsi que par la qualité et la diversité des intervenants, religieux et laïcs en responsabilité de tous ordres. À noter cette année, la présence de Fr. Henry Quinson, ancien trader, moine et éducateur en zone sensible, de P. Bernard Devert fondateur d’Habitat et Humanisme, de P. Pierre de Charentenay, rédacteur en chef de la revue Études, et aussi de Jean Kaspar ancien secrétaire général de la CFDT, ou de Jean-Baptiste Richardier, cofondateur d’Handicap international.
« Les participants attendent une parole d’Église sur le business, poursuit Marc Faivre d’Arcier. Ils ont soif de connaissance et de réflexion, en tant qu’acteur économique, sur ce qui est bon, ce qui est sain, ce que l’Église propose. Comme elle n’a pas d’intérêt en propre et qu’elle défend le bien commun, elle a une belle place à jouer ! » Parmi la dizaine d’ateliers proposés, « Délocalisations, dumping social et salarial : quelles autres pistes ? » affiche déjà complet. « La Bible et l’Église donnent-elles des indications sur la rémunération du travail ? » semble être le deuxième le plus demandé. Le cardinal Philippe Barbarin amorce quelques éléments de réponse : « Un salaire juste, c’est la base de la paix sociale, d’un bon rapport entre les hommes, d’une vie familiale équilibrée. En fait, quand Jésus parle de salaire dans l’Évangile, il parle de l’ouvrier avant de parler du travail. Il ne dit pas : Tout travail…, mais : L’ouvrier mérite son salaire (Luc 10, 7). C’est là que se situe la différence chrétienne, car la personne prime sur le travail, et l’entreprise elle-même, pour être un bon pôle de production, doit d’abord être conçue et vécue comme une communauté de personnes. »
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 28 septembre : http://www.entretiensdevalpre.org/