« Le malade aimé devient un frère », interview de Mgr Boulanger

Le pèlerinage annuel du mouvement Lourdes Cancer Espérance se déroule du 22 au 26 septembre 2009. 5 000 personnes, malades ou proches, s’y rassemblent et y vivent la fraternité. Cette année, Mgr Jean-Claudee Boulanger, évêque de Séez, accompagne la démarche.
 

Pourquoi participez-vous au pèlerinage Lourdes Cancer Espérance ?

Boulanger Jean-Claude - Séez

Cette association est importante pour de nombreux malades et leurs familles. Je connais aussi des situations de cancer dans mon entourage. Par ailleurs, dans le diocèse de Séez nous vénérons Louis et Zélie Martin [parents de Ste Thérèse de Lisieux, béatifiés le 19 octobre 2008]. Malade, Zélie était allée à Lourdes demander une guérison. À Lourdes, la guérison peut être de multiple sorte.
 

Quel est le message de Bernadette aux malades ?

Nous voulons chausser avec Bernadette les sabots de la foi et de la confiance -qui lui ont permis d’aller à la rencontre de la Vierge Marie-, les sabots du service pour les accompagnateurs et les sabots de la prière. Bernadette n’est pas guérie lorsqu’elle quitte Lourdes pour Nevers. Pour elle, le plus grand miracle est la transformation du cœur. Alors qu’elle vivait l’échec de sa santé et de ses relations avec les autres, la voilà capable de s’occuper des pauvres et des malades ! Sur son lit d’infirmerie à Nevers, elle ose dire : « Je suis plus heureuse qu’une reine sur son trône » ! Elle ne fait pas l’éloge de la souffrance, mais elle montre qu’au-delà, Dieu continue à nous combler. Elle rappelle que tout être humain est précieux aux yeux de Dieu. Tout malade souhaite guérir, mais avant tout d’être accompagné, d’être aimé et pouvoir encore aimer, comme Bernadette est devenue capable d’aimer de l’amour même de Dieu et de se laisser aimer par le Christ.
 

Quelle est la grâce particulière de Lourdes ?

De retour à Alençon, Zélie Martin sait qu’il lui ne reste plus que quelques mois à vivre. Mais elle a reçu à Lourdes la grâce de s’abandonner à l’amour de Dieu. Le Seigneur l’invite à quitter cette terre, mais il n’abandonne pas sa famille : telle est la grâce reçue à Lourdes. Beaucoup de personnes qui ont participé au mouvement Lourdes Cancer Espérance sont aujourd’hui décédées, mais leurs familles sont comme des étincelles de foi. C’est au cœur de son quotidien que se construit un homme, un être humain, et c’est en vivant ce quotidien, réconcilié avec ses fragilités et la maladie, avec amour et dans la prière, que s’enfante un(e) saint(e).
 

Que vivent les participants entre eux ?

La fraternité qui existe entre les bien-portants et les malades est le plus beau témoignage. Que chaque jour le malade reçoive des manifestations de tendresse et de délicatesse, voilà le plus beau cadeau : il est toujours aimé ! Les médecins aussi voient la différence. À l’hôpital, la personne est soignée. À Lourdes, elle est aimée. Ce ne sont pas les compétences techniques qui sont en jeu, mais les ressources humaines au service des malades. Le malade aimé devient un frère ! Je rencontre des professionnels de la santé, non-croyants, qui acceptent de venir aux hospitalités de Lourdes. Ils découvrent l’Église comme une famille où l’on s’appelle par son prénom et où l’on s’entraide. Ma joie de pasteur est d’être proche, au milieu de ce peuple de souffrants et d’accompagnants.
 

Mais la souffrance n’est-elle pas révoltante ?

Beaucoup de pèlerins viennent pour se tourner vers la Vierge Marie. Elle est notre mère et l’on peut tout dire à une mère : révolte, souffrance, joie, espérance. Nombreux sont ceux qui reçoivent la paix du cœur. Ce que Marie a reçu de l’Esprit Saint, elle le donne par son fils. La révolte est normale. Même Jésus implore : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Il faut un long chemin pour un jour dire « Père, je m’abandonne en toi ». Ces deux dimensions sont inséparables. La première est humaine, c’est un cri, une prière. En même temps, dans la grâce de l’esprit, le Père nous fait monter à sa vie. À Lourdes, le Chemin de croix est un temps fort, où l’on dépose au pied de la croix chacune des souffrances, chaque croix personnelle, et où l’on communie physiquement avec Jésus et à sa vie.
 

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