Avec « Jésus de Nazareth », Benoît XVI invite au dialogue sur le christianisme

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Le 10 mars 2011 à Rome, jour de sa sortie en librairie, le cardinal Marc Ouellet, PSS, Préfet de la Congrégation pour les évêques, a présenté le second tome de « Jésus de Nazareth » par Benoît XVI.
 
« Outre l’intérêt d’un livre sur Jésus, c’est le livre du pape qui se présente humblement au forum des exégètes, pour échanger avec eux sur les méthodes et les résultats de leurs recherches… Je ne peux m’empêcher de voir dans ce livre l’aurore d’une nouvelle ère de l’exégèse, une ère prometteuse d’exégèse théologique. Le pape dialogue avant tout avec l’exégèse allemande mais il n’ignore pas des auteurs reconnus appartenant aux aires linguistiques francophone, anglophone et latine ». Le but de Joseph Ratzinger « est de trouver le Jésus réel, pas le Jésus historique du courant principal de l’exégèse critique, mais le Jésus des Evangiles… Même si l’auteur se défend d’offrir un enseignement officiel de l’Eglise, il est facile d’imaginer que son autorité scientifique et la reprise en profondeur de certaines questions disputées, serviront beaucoup à confirmer la foi d’un grand nombre. Elles serviront en outre à faire avancer des débats ensablés par les préjugés rationalistes et positivistes qui ont entaché la réputation de l’exégèse moderne et contemporaine ».
 

Mises au point sur le messianisme de Jésus

Passant au contenu du livre, le cardinal Ouellet a souligné que le pape a d’abord voulu aborder « la question du fondement historique du christianisme, qui traverse les deux tomes de l’œuvre et…occupe Joseph Ratzinger depuis les années de sa formation et de son premier enseignement, comme il apparaît dans son ouvrage sur « La foi chrétienne, hier et aujourd’hui », publié il y plus de quarante ans ». Le deuxième point abordé « concerne le messianisme de Jésus. Certains exégètes modernes ont fait de Jésus un révolutionnaire, un maître de morale, un prophète eschatologique, un rabbi idéaliste, un fou de Dieu, un partisan engagé pour les marginaux de l’époque, un messie en quelque sorte à l’image de son interprète influencé par les idéologies dominantes… Le pape illustre avec force et clarté les dimensions royale et sacerdotale de ce messianisme, dont le sens est d’instaurer le culte nouveau, l’adoration en Esprit et en Vérité, qui implique toute l’existence, personnelle et communautaire, comme une offrande d’amour pour la glorification de Dieu dans la chair. Un troisième point abordé concerne le sérieux de la rédemption et la place que doit y occuper ou pas l’expiation des péchés. Le pape affronte aussi les objections modernes à cette doctrine traditionnelle ». Joseph Ratzinger « montre comment la miséricorde et la justice vont de pair dans le cadre de l’Alliance voulue par Dieu ».
 

Du sacerdoce du Christ

« Un quatrième point concerne le sacerdoce du Christ. Dans les catégories ecclésiales d’aujourd’hui, Jésus était un laïc investi d’une vocation prophétique. Il n’appartenait pas à l’aristocratie sacerdotale du Temple… Ce fait a induit bien des interprètes à considérer la figure de Jésus comme totalement étrangère au sacerdoce et sans rapport avec lui. Benoît XVI corrige cette interprétation en s’appuyant fortement sur l’épître aux Hébreux qui parle abondamment du sacerdoce du Christ, et dont la doctrine s’harmonise bien avec la théologie de saint Jean et de saint Paul. Benoît XVI répond amplement aux objections historiques et critiques en montrant la cohérence du sacerdoce nouveau de Jésus avec le culte nouveau qu’il est venu établir sur terre en obéissance à la volonté du Père… Enfin la dernière question que je retiens concerne la résurrection, sa dimension historique et eschatologique, son rapport à la corporéité et à l’Eglise… Le pape s’insurge contre les élucubrations exégétiques qui déclarent compatibles l’annonce de la résurrection du Christ et la permanence de son cadavre dans le tombeau. Il exclut ces théories en signalant que le tombeau vide, même s’il n’est pas une preuve de la résurrection, dont personne n’a été directement témoin, demeure un signe, un présupposé, une trace laissée dans l’histoire par un événement transcendant… La résurrection de Jésus introduit selon lui, une sorte de mutation décisive, un saut de qualité, qui inaugure une nouvelle possibilité d’être homme ». Jésus « vit pleinement, dans un nouveau rapport à la corporéité réelle, mais il est libre vis-à-vis des liens du corps tels que nous les connaissons. L’importance historique de la résurrection se manifeste dans le témoignage des premières communautés qui ont créé la tradition du dimanche comme signe identitaire d’appartenance au Seigneur ».
 

Un livre pour confirmer ses frères dans la foi

Le Cardinal Ouellet a conclu son exposé en soulignant combien « il est évident que, par cette œuvre, le successeur de Pierre s’adonne à son ministère spécifique qui est de confirmer ses frères dans la foi… Grâce à l’exemple qu’il donne et aux résultats qu’il obtient, ce livre exercera une médiation entre l’exégèse contemporaine et l’exégèse patristique, d’une part, de même que dans le nécessaire dialogue entre exégètes, théologiens et pasteurs, d’autre part. Je vois dans cette œuvre une grande invitation au dialogue sur l’essentiel du christianisme, dans un monde en recherche de repères, où les différentes traditions religieuses peinent à transmettre aux nouvelles générations l’héritage de la sagesse religieuse de l’humanité ».

Source : VIS du 11 mars 2011

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