Mgr Martinelli, un évêque chez Kadhafi

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Vicaire apostolique de Tripoli (Libye), Mgr Giovanni Martinelli était à Paris pour présenter son livre, « Evêque chez Kadhafi » (Bayard). Le prêtre franciscain livre un témoignage sur les événements récents mais aussi sur l’Eglise en Libye et son dialogue avec l’Islam.
 
Mgr Giovanni Martinelli est un homme usé mais rayonnant. Contacté cet été, il a d’abord voulu refuser d’écrire ce livre. Puis il a compris que « c’était le moment pour le peuple libyen ». « La Libye, c’est mon pays » affirme-t-il. A raison, puisqu’il y est né et a passé 40 ans au contact du peuple libyen. Le journaliste Samuel Lieven a donc rencontré l’évêque franciscain en août 2011 en Europe où il suit un traitement médical. Les insurgés progressaient vers Tripoli. Mgr Martinelli était sans nouvelles des cinq frères de sa communauté.

« Livre important » pour son éditrice, « témoignage à chaud » pour le journaliste, Mgr Martinelli définit « Evêque chez Kadhafi » comme la « relecture d’un pasteur, d’une personne et d’un responsable de l’Eglise en Libye ».

Celui-ci ne cache pas son soulagement que le colonel Kadhafi, « un tyran », soit « sorti de l’Histoire » et se fait le porte-parole de la joie du peuple libyen. Il rapporte les nombreuses demandes de prière exprimées par des musulmans, les gestes de solidarité. Chrétien en terre d’Islam, il pense que la liberté dont il a bénéficié n’était pas liée au régime mais bien au peuple libyen qui respecte sa religion.

Pourtant ses condamnations des bombardements de l’OTAN auront troublé les Européens, jusqu’à ses frères franciscains de Benghazi, en territoires libérés. « Pourquoi les bombes ? demande à plusieurs reprises l’homme de paix. Elles ont fait beaucoup de victimes ». Au nom du respect de la dignité de l’homme, il déplore le traitement réservé à la dépouille de l’ancien tyran.
 

Vers une nouvelle histoire

Aujourd’hui la situation en Libye est « confuse ». Le prêtre franciscain espère que le retour des grandes entreprises se fera après Noël – son premier « vrai Noël » avec le « Candle Light Service » qui rassemblera les chorales chrétiennes. Le pays a besoin de reconstruction, « de relations ouvertes » avec d’autres pays. « Nous avons besoin d’y croire » et d’aller « vers une nouvelle histoire » ajoute Mgr Martinelli. Pour lui, le grand défi de la Libye est celui de l’unité des tribus qui composent le pays.

Le « Printemps arabe » ? Il ne sent pas la légitimité pour faire une analyse globale. L’islam fondamentaliste ? Il aurait plutôt peur de ceux qui ne veulent pas prendre un chemin de dialogue avec les musulmans !

Dans quelques jours, Mgr Martinelli sera rentré à Tripoli pour « témoigner de l’Amour de Jésus » et « vivre en frère » avec le peuple libyen, à la manière de Saint François. Il a hâte de célébrer la messe du vendredi, animée par les chorales africaines et philippines, où « la joie de la foi » est palpable. Son seul projet est de « faire grandir la civilisation de l’Amour ».
 

Mgr Martinelli et le P. Christophe Roucou, Directeur du Service national pour les Relations avec l’Islam

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