À la rencontre du patrimoine chrétien oriental

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Entre les Journées du Patrimoine en octobre et La Nuit des églises en juillet, une initiative originale de l’Œuvre d’Orient a permis samedi 18 janvier 2014 de mieux connaître nos frères des Eglises catholiques orientales : un parcours-découverte dans 9 lieux de culte parisien.
 
Une leçon vivante d’Histoire et de géo-politique ! Devant une carte d’Europe, Téodor, 40 ans, membre du Conseil paroissial de la communauté qui fréquente l’unique paroisse Gréco-Roumaine de Roumanie en France, à Paris 16e, livre à un jeune visiteur des dates. Il trace d’anciennes frontières, évoque les guerres et les invasions d’où a émergé la nation roumaine intrinsèquement liée à cette Église unie à Rome depuis 1698 et qui a vécu un temps de catacombes. « Nous avons, explique-t-il, toujours gardé la mémoire de la romanité et rallumé notre identité latine. C’est une Église qui a son indépendance mais offre sa fidélité au siège papal. Nous sommes à la frontière entre les deux chrétientés, orthodoxe et catholique de rite latin. Ces deux mondes sont l’ADN de notre peuple et notre Église de rite byzantin est un pont qui relie les deux mondes ».

Simultanément, dans le 5ème arrondissement, le Père Antoine Jabre, vicaire de la cathédrale maronite Notre-Dame du Liban, raconte à un groupe d’autres persécutions, celles des XI, XIIème siècle qui conduisirent les Maronites « dont la foi est celle de Pierre » à trouver refuge dans « la vallée sainte » de la Qadicha dans la chaîne du Mont-Liban. Lui aussi parle de « réveil », de « flamme rallumée » et de « vitalité retrouvée ». Dans cette église fréquentée également par des Orthodoxes libanais, des Coptes et des Chaldéens d’Irak, « les assemblées sont jeunes et comportent énormément de familles de plus en plus grandes », précise le Père Jabre. Du reste, un cycle de préparation au baptême et un centre de préparation au mariage ont été créés et une activité d’éveil à la foi est en réflexion.
 

Prier, célébrer et retrouver ses racines

Au cœur de la capitale, la paroisse Grecque-Melkite catholique installée depuis 1889 dans l’église St Julien-le-Pauvre vit la même réalité sociologique. « Nous avons beaucoup de baptêmes, de mariages parfois mixtes et plus d’une cinquantaine d’enfants catéchisés. La communauté est formée en majorité de Libanais et de Syriens mais aussi de Palestiniens, Jordaniens, Égyptiens et de Français. Certains paroissiens de la grande banlieue mettent parfois plus d’1h30 pour venir à la messe dans un un lieu où ils peuvent célébrer leur culte, prier et également retrouver leurs racines orientales », témoigne Mgr Charbel Maalouf, son curé depuis 2011.

Via cette journée portes ouvertes, de nombreux passants ont ainsi découvert que l’édifice, célèbre pour son âge (1165) et ses concerts, est aussi un lieu de culte vivant. Un « beau mélange entre l’art roman et le byzantin », commente Mgr Maalouf qui se félicite de cette occasion d’en montrer « les richesses théologiques, iconographiques et architecturales », tout en faisant connaître « une des plus vieilles Églises de la chrétienté ».

Fierté partagée par Téodor, présentant dans la chapelle St-Georges une exposition d’icônes sur verre caractéristique de l’art populaire de Transylvanie : « Il y a toute une théologie : par exemple, sur l’icône les représentant, Adam et Eve ont encore leur auréole dorée, symbole de divinité. La chute de l’Homme est certes réelle, mais il reste image de Dieu ».

« Les chrétiens d’Orient ont le droit que soit reconnue la richesse de leur histoire, de leur culture et de leur patrimoine », souligne Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, à l’initiative de cette mise à l’honneur.
 

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La mosaïque des Églises d’Orient

Depuis le Concile de Chalcédoine en 451, l’Église est organisée en 5 Patriarcats : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Aujourd’hui 23 Églises orientales sont unies à Rome. 26 millions de chrétiens orientaux vivent dans 21 pays. À Paris, une dizaine de paroisses ou missions orientales se sont installées durant le XXe siècle, essentiellement pour des raisons politiques et religieuses. Une table-ronde le 6 février à l’Institut du Monde arabe évoquera les richesses de ce patrimoine des chrétiens d’Orient dans un Moyen Orient en ébullition.

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