Pour Mgr Kalist, dans un contexte de crise, l’Eglise doit rester vigilante au nom des valeurs de l’Evangile
Consacré évêque de Limoges le 17 mai 2009, Mgr François Kalist est arrivé l’année des Ostensions, un événement majeur pour le diocèse et qui a marqué les premiers mois de son ministère. Impressions sur sa première Assemblée plénière.
Quel bilan faites-vous de vos premiers mois dans le diocèse de Limoges ?
Les Ostensions sont une expérience forte. Elles m’ont permis de multiples contacts avec le diocèse dans des circonstances qui ont facilité la rencontre des élus locaux, des responsables d’associations, des comités d’organisation des Ostensions… Il a été pour moi assez facile d’entrer dans cette période faste de la vie du diocèse tout en remettant à plus tard la rencontre d’autres réalités : paroisses, mouvements, services. Je découvre un diocèse à la fois très vaste par sa superficie, pas forcément très important par sa population (500.000 habitants), en cela assez comparable à mon diocèse d’origine, Bourges. La difficulté, c’est d’appréhender une réalité urbaine très forte avec la ville et l’agglomération de Limoges (200.000 habitants) et un monde rural très dispersé. Il n’a pas pratiquement pas de villes moyennes mais beaucoup de communes, notamment dans le département de la Creuse qui est un département très peu peuplé. C’est une réalité qu’il s’agit de rejoindre avec d’autres moyens ou méthodes que la pastorale dans le monde urbain. La phase de découverte continue, car je suis loin d’avoir arpenté tous les espaces du diocèse. Je pense qu’il me faudra bien encore cette année pour en connaître toutes les réalités.
C’est votre première Assemblée plénière. Qu’en retenez-vous ?
Je retrouve un certain nombre de personnes que je connais. Par exemple, mon voisin le plus proche dans l’hémicycle – nous sommes placés par ordre alphabétique – Mgr Guy de Kérimel, archevêque de Grenoble, était la même année au Séminaire français de Rome dans les années 80. Mgr Dominique Lebrun, qui a donné ce matin un témoignage sur l’organisation de la pastorale dans le diocèse de Saint-Etienne, était aussi un condisciple.
Quels sujets suivez-vous de près ?
J’ai particulièrement été intéressé par tout ce qui s’est dit autour de l’apostolat des laïcs. C’est un souci pour moi : comment le relancer ? Les mouvements d’action catholique, de spiritualité ont besoin d’être soutenus. Beaucoup d’efforts ont été faits dans les dernières années pour l’organisation du territoire, la vie des paroisses mais peut-être pas toujours pour soutenir suffisamment les mouvements et services d’Eglise.
Des questions ont été soulevées sur la place de la culture dans la société. Dans la dynamique de la « Lettre aux catholiques de France » (1996), il s’agit davantage d’une proposition que d’un héritage. C’est sûr qu’il y a là des terrains de dialogue qu’il faut reconnaître et investir. On ne peut pas déserter cette question de la présence au patrimoine, de la conservation des églises, et réfléchir sur la manière dont les communautés chrétiennes habitent ces églises qui sont le lieu où elles se rassemblent. Pour moi, c’est important dans un diocèse où il y a tant et tant de communes isolées et, par endroits, si peu de population.
Il y a aussi tout un ensemble de questions sur la place des chrétiens dans la société, dans le contexte de la crise économique, de l’immigration. Comment promouvoir le respect des personnes alors qu’il peut y avoir des discours optimistes un peu excessifs du type « tout va repartir comme avant » ou encore identitaires, fermés. Je crois que l’Eglise doit rester vigilante au nom des valeurs de l’Evangile dans ces deux domaines-là et dans tant d’autres sans doute encore.
Des questions ont été soulevées sur la place de la culture dans la société. Dans la dynamique de la « Lettre aux catholiques de France » (1996), il s’agit davantage d’une proposition que d’un héritage. C’est sûr qu’il y a là des terrains de dialogue qu’il faut reconnaître et investir. On ne peut pas déserter cette question de la présence au patrimoine, de la conservation des églises, et réfléchir sur la manière dont les communautés chrétiennes habitent ces églises qui sont le lieu où elles se rassemblent. Pour moi, c’est important dans un diocèse où il y a tant et tant de communes isolées et, par endroits, si peu de population.
Il y a aussi tout un ensemble de questions sur la place des chrétiens dans la société, dans le contexte de la crise économique, de l’immigration. Comment promouvoir le respect des personnes alors qu’il peut y avoir des discours optimistes un peu excessifs du type « tout va repartir comme avant » ou encore identitaires, fermés. Je crois que l’Eglise doit rester vigilante au nom des valeurs de l’Evangile dans ces deux domaines-là et dans tant d’autres sans doute encore.
Qu’avez-vous choisi comme devise épiscopale ?
Il y a une phrase que j’ai mise en exergue quand je suis arrivé dans le diocèse. Je l’avais déjà retenue lors de mon ordination sacerdotale en 1986 : « Que tous soient un pour que le monde croie » (Jn 17,21). La mission de l’évêque, c’est de rassembler le peuple de Dieu, d’être son pasteur. Je suis très attaché à ce que, dans un diocèse, toutes les différentes composantes de l’Eglise, les différents acteurs vivent en communion. Une communion se vit dans la différence autour du Christ, mort et ressuscité. Cette devise trouve ici une illustration dans la collégialité épiscopale. C’est-à-dire que les évêques sont tous ensemble les successeurs des apôtres. Evidemment chaque évêque est chargé d’une Eglise particulière, d’un diocèse, mais le Christ appelle les Douze et les envoie. Les Douze en choisissent d’autres pour compléter leur collège et continuer leur mission. Même si chaque évêque garde une responsabilité particulière par rapport à une Eglise, il est en collège avec tous les autres, en communion avec le Pape, avec tous les évêques du monde, responsable du rassemblement de toutes les Eglises en somme. C’est très sensible à Lourdes parce que les réflexions communes nous amènent à sortir de nos petites problématiques locales et à élargir notre point de vue. D’ailleurs celles-ci se retrouvent souvent d’un diocèse à l’autre, incarnées de manières différentes. Porter tous ensemble cette charge et ce souci est particulièrement important. Cela trouve ici une illustration évidente.
Les Ostentions limousines
Grandes manifestations populaires et religieuses, les Ostensions ont lieu tous les 7 ans dans le diocèse de Limoges. Une vingtaine de paroisses du Limousin ont ainsi organisé en 2009 des processions, des célébrations et autres manifestations culturelles autour des reliques d’un saint.
Grandes manifestations populaires et religieuses, les Ostensions ont lieu tous les 7 ans dans le diocèse de Limoges. Une vingtaine de paroisses du Limousin ont ainsi organisé en 2009 des processions, des célébrations et autres manifestations culturelles autour des reliques d’un saint.