Gaudete et Exsultate – Quelques caractéristiques de la Sainteté dans le monde actuel

Gaudete et exsultate

EXHORTATION APOSTOLIQUE
GAUDETE ET EXSULTATE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS
SUR L’APPEL À LA SAINTETÉ DANS LE MONDE ACTUEL

QUATRIÈME CHAPITRE
QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DE LA SAINTETÉ DANS LE MONDE ACTUEL

110. Dans le grand tableau de la sainteté que nous proposent les béatitudes et Matthieu 25, 31-46, je voudrais recueillir certaines caractéristiques ou expressions spirituelles qui, à mon avis, sont indispensables pour comprendre le style de vie auquel Jésus nous appelle. Je ne vais pas m’attarder à expliquer les moyens de sanctification que nous connaissons déjà : les différentes méthodes de prière, les précieux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, l’offrande de sacrifices, les diverses formes de dévotion, la direction spirituelle, et tant d’autres. Je me référerai uniquement à quelques aspects de l’appel à la sainteté dont j’espère qu’ils résonneront de manière spéciale.

111. Ces caractéristiques que je voudrais souligner ne sont pas toutes celles qui peuvent composer un modèle de sainteté, mais elles sont au nombre de cinq, les grandes manifestations de l’amour envers Dieu et le prochain que je considère d’une importance particulière, vu certains risques et certaines limites de la culture d’aujourd’hui. Dans cette culture se manifestent : l’anxiété nerveuse et violente qui nous disperse et nous affaiblit ; la négativité et la tristesse ; l’acédie commode, consumériste et égoïste ; l’individualisme et de nombreuses formes de fausse spiritualité sans rencontre avec Dieu qui règnent dans le marché religieux actuel.

Endurance, patience et douceur

112. La première de ces grandes caractéristiques, c’est d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31). Voilà la source de la paix qui s’exprime dans les attitudes d’un saint. Grâce à cette force intérieure, le témoignage de sainteté, dans notre monde pressé, changeant et agressif, est fait de patience et de constance dans le bien. C’est la fidélité de l’amour, car celui qui s’appuie sur Dieu (pistis) peut également être fidèle aux frères (pistós) ; il ne les abandonne pas dans les moments difficiles, il ne se laisse pas mener par l’anxiété et reste aux côtés des autres même lorsque cela ne lui donne pas de satisfactions immédiates.

113. Saint Paul invitait les Romains à ne « rendre à personne le mal pour le mal » (Rm 12, 17), à ne pas vouloir se « faire justice à [eux]-mêmes » (v. 19), et à ne pas se laisser vaincre par le mal, mais à être vainqueurs « du mal par le bien » (v. 21). Cette attitude n’est pas un signe de faiblesse mais de la vraie force, car Dieu lui-même « est lent à la colère, mais grand par sa puissance » (Na 1, 3). La Parole de Dieu nous met en garde : « Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes » (Ep 4, 31).

114. Il nous faut lutter et être attentifs face à nos propres penchants agressifs et égocentriques pour ne pas permettre qu’ils s’enracinent : « Emportez- vous, mais ne commettez pas le péché : que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ep 4, 26). Quand des circonstances nous accablent, nous pouvons toujours recourir à l’ancre de la supplication qui nous conduit à demeurer encore dans les mains de Dieu et près de la source de la paix : « N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées » (Ph 4, 6-7).

115. Les chrétiens aussi peuvent faire partie des réseaux de violence verbale sur Internet et à travers les différents forums ou espaces d’échange digital. Même dans des milieux catholiques, on peut dépasser les limites, on a coutume de banaliser la diffamation et la calomnie, et toute éthique ainsi que tout respect de la renommée d’autrui semblent évacués. Ainsi se produit un dangereux dualisme, car sur ces réseaux on dit des choses qui ne seraient pas tolérables dans la vie publique, et on cherche à compenser ses propres insatisfactions en faisant déferler avec furie les désirs de vengeance. Il est significatif que parfois, en prétendant défendre d’autres commandements, on ignore complètement le huitième : ‘‘Ne pas porter de faux témoignage ni mentir’’, et on détruit l’image de l’autre sans pitié. Là se manifeste sans contrôle le fait que la langue est un « monde du mal » et « elle enflamme le cycle de la création, enflammée qu’elle est par la Géhenne » (Jc 3, 6).

116. La force intérieure qui est l’œuvre de la grâce nous préserve de la contagion de la violence qui envahit la vie sociale, car la grâce apaise la vanité et rend possible la douceur du cœur. Le saint ne consacre pas ses énergies à déplorer les erreurs d’autrui ; il est capable de faire silence devant les défauts de ses frères et il évite la violence verbale qui dévaste et maltraite, parce qu’il ne se juge pas digne d’être dur envers les autres, mais il les estime supérieurs à lui-même (cf. Ph 2, 3).

117. Il n’est pas bon pour nous de regarder de haut, d’adopter la posture de juges impitoyables, d’estimer les autres indignes et de prétendre donner des leçons constamment. C’est là une forme subtile de violence.[1] Saint Jean de la Croix proposait autre chose : « Préfère être enseigné de tout le monde que d’instruire le moindre de tous ».[2] Et il ajoutait un conseil pour tenir éloigné le démon : « […| Te réjouir du bien d’autrui comme du tien propre, […] désirer que les autres te soient préférés en toutes choses, le désirer, dis-je, très sincèrement. De cette façon, tu surmonteras le mal par le bien, tu repousseras le démon loin de toi, tu auras le cœur dans la joie. Et tout cela, tu chercheras à l’exercer envers les personnes qui te reviendront le moins. Sache que si tu n’en viens là, tu n’arriveras pas à la parfaite charité, et que même tu n’en approcheras point ».[3]

118. L’humilité ne peut s’enraciner dans le cœur qu’à travers les humiliations. Sans elles, il n’y a ni humilité ni sainteté. Si tu n’es pas capable de supporter et de souffrir quelques humiliations, tu n’es pas humble et tu n’es pas sur le chemin de la sainteté. La sainteté que Dieu offre à son Église vient à travers l’humiliation de son Fils. Voilà le chemin ! L’humiliation te conduit à ressembler à Jésus, c’est une partie inéluctable de l’imitation de Jésus-Christ : « Le Christ […] a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces » (1 P 2, 21). Pour sa part, il exprime l’humilité du Père qui s’humilie pour marcher avec son peuple, qui supporte ses infidélités et ses murmures (cf. Ex 34, 6-9 ; Sg 11, 23-12, 2 ; Lc 6, 36). C’est pourquoi les Apôtres, après l’humiliation, étaient « tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom de Jésus » (Ac 5, 41).

119. Je ne me réfère pas uniquement aux situations cruelles de martyre, mais aux humiliations quotidiennes de ceux qui se taisent pour sauver leur famille, ou évitent de parler bien d’eux-mêmes et préfèrent louer les autres au lieu de se glorifier, choisissent les tâches les moins gratifiantes, et même préfèrent parfois supporter quelque chose d’injuste pour l’offrir au Seigneur : « Si, faisant le bien, vous supportez la souffrance, c’est une grâce auprès de Dieu » (1 P 2, 20). Il ne s’agit pas de marcher la tête basse, de parler peu ou de fuir la société. Parfois précisément, parce que libéré de l’égocentrisme, quelqu’un peut oser discuter gentiment, réclamer la justice ou défendre les faibles face aux puissants, bien que cela lui attire des conséquences négatives pour son image.

120. Je ne dis pas que l’humiliation soit quelque chose d’agréable, car ce serait du masochisme, mais je dis qu’il s’agit d’un chemin pour imiter Jésus et grandir dans l’union avec lui. Cela ne va pas de soi et le monde se moque d’une pareille proposition. C’est une grâce qu’il nous faut demander : ‘‘Seigneur, quand arrivent les humiliations, aide-moi à sentir que je suis derrière toi, sur ton chemin’’.

121. Cette attitude suppose un cœur pacifié par le Christ, libéré de cette agressivité qui jaillit d’un ego démesuré. La même pacification que réalise la grâce nous permet de garder une assurance intérieure et de supporter, de persévérer dans le bien même en traversant « un ravin de ténèbres » (Ps 23, 4), ou même si une armée vient « camper contre moi » (Ps 27, 3). Fermes dans le Seigneur, le Rocher, nous pouvons chanter : « En paix, tout aussitôt, je me couche et je dors : c’est toi, Seigneur, qui m’établis à part, en sûreté » (Ps 4, 9). En définitive, le Christ « est notre paix » (Ep 2, 14), il vient « guider nos pas dans le chemin de la paix » (Lc 1, 79). Il a communiqué à sainte Faustine Kowalska : « L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde divine ».[4] Ne tombons donc pas dans la tentation de chercher l’assurance intérieure dans le succès, dans les plaisirs vides, dans la possession, dans la domination des autres ou dans l’image sociale : « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27).

Joie et sens de l’humour

122. Ce qui a été dit jusqu’à présent n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. Être chrétien est « joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17), parce que « l’amour de charité entraîne nécessairement la joie. Toujours celui qui aime se réjouit d’être uni à l’aimé […]. C’est pourquoi la joie est conséquence de la charité ».[5] Nous avons reçu la merveille de sa Parole et nous l’embrassons « parmi bien des tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Th 1, 6). Si nous laissons le Seigneur nous sortir de notre carapace et nous changer la vie, alors nous pourrons réaliser ce que demandait saint Paul : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous » (Ph 4, 4).

123. Les prophètes annonçaient le temps de Jésus que nous sommes en train de vivre comme une révélation de la joie : « Pousse des cris de joie, des clameurs » (Is 12, 6). « Monte sur une haute montagne, messagère de Sion ; élève et force la voix, messagère de Jérusalem » (Is 40, 9). « Que les montagnes poussent des cris, car le Seigneur a consolé son peuple, il prend en pitié ses affligés » (Is 49, 13). « Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble » (Za 9, 9). Et n’oublions pas l’exhortation de Néhémie : « Ne vous affligez point : la joie du Seigneur est votre forteresse ! » (8, 10).

124. Marie, qui a su découvrir la nouveauté que Jésus apportait, chantait : « Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur » (Lc 1, 47) et Jésus lui-même « tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint » (Lc 10, 21). Quand il passait, « la foule était dans la joie » (Lc 13, 17). Après sa résurrection, là où arrivaient les disciples il y avait une « joie vive » (Ac 8, 8). Jésus nous donne une assurance : « Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie […]. Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 20.22). « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 15, 11).

125. Il y a des moments difficiles, des temps de croix, mais rien ne peut détruire la joie surnaturelle qui « s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout ».[6] C’est une assurance intérieure, une sérénité remplie d’espérance qui donne une satisfaction spirituelle incompréhensible selon les critères du monde.

126. Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour, si remarquable, par exemple, chez saint Thomas More, chez saint Vincent de Paul ou chez saint Philippe Néri. La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté : 100  « Eloigne de ton cœur le chagrin » (Qo 11, 10). Ce que nous recevons du Seigneur « afin d’en jouir » (1 Tm 6, 17) est tel que parfois la tristesse frise l’ingratitude de notre part, frise le repli sur nous-mêmes au point que nous sommes incapables de reconnaître les dons de Dieu.[7]

127. Son amour paternel nous invite : « Mon fils, traite-toi bien […]. Ne te refuse pas le bonheur présent » (Si 14, 11.14). Il nous veut positifs, reconnaissants et pas trop compliqués : « Au jour du bonheur, sois heureux […]. Dieu a fait l’homme tout droit, et lui, cherche bien des calculs » (Qo 7, 14.29). En toute circonstance, il faut garder un esprit souple, et faire comme saint Paul : « J’ai appris en effet à me suffire en toute occasion » (Ph 4, 11). C’est ce que vivait saint François d’Assise, capable d’être ému de gratitude devant un morceau de pain dur, ou bien, heureux de louer Dieu uniquement pour la brise qui caressait son visage.

128. Je ne parle pas de la joie consumériste et individualiste si répandue dans certaines expériences culturelles d’aujourd’hui. Car le consumérisme ne fait que surcharger le cœur ; il peut offrir des plaisirs occasionnels et éphémères, mais pas la joie. Je me réfère plutôt à cette joie qui se vit en communion, qui se partage et se distribue, car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35) et « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7). L’amour fraternel accroît notre capacité de joie, puisqu’il nous rend capables de jouir du bien des autres : « Réjouissez-vous avec qui est dans la joie » (Rm 12, 15). « Nous nous réjouissons, quand nous sommes faibles et que vous êtes forts » (2 Co 13, 9). En revanche, « si nous nous concentrons sur nos propres besoins, nous nous condamnons à vivre avec peu de joie ».[8]

Audace et ferveur

129. En même temps, la sainteté est parresía : elle est audace, elle est une incitation à l’évangélisation qui laisse une marque dans ce monde. Pour que cela soit possible, Jésus lui-même vient à notre rencontre et nous répète avec sérénité et fermeté : « Soyez sans crainte » (Mc 6, 50). « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Ces paroles nous permettent de marcher et de servir dans cette attitude pleine de courage que suscitait l’Esprit Saint chez les Apôtres et qui les conduisait à annoncer Jésus-Christ. Audace, enthousiasme, parler en toute liberté, ferveur apostolique, tout cela est compris dans le vocable parresía, terme par lequel la Bible désigne également la liberté d’une existence qui est ouverte, parce qu’elle se trouve disponible à Dieu et aux autres (cf. Ac 4, 29 ; 9, 28 ; 28, 31 ; 2 Co 3, 12 ; Ep 3, 12 ; He 3, 6 ; 10, 19).

130. Le bienheureux Paul VI mentionnait parmi les obstacles à l’évangélisation précisément le manque de parresía : « Le manque de ferveur […] est d’autant plus grave qu’il vient du dedans ».[9] Que de fois nous nous sentons engourdis par le confort de la rive ! Mais le Seigneur nous appelle à naviguer au large et à jeter les filets dans des eaux plus profondes (cf. Lc 5, 4). Il nous invite à consacrer notre vie à son service. Attachés à lui, nous avons le courage de mettre tous nos charismes au service des autres. Puissions-nous nous sentir récompensés par son amour (cf. 2 Co 5, 14) et puissions-nous dire avec saint Paul : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! » (1 Co 9, 16).

131. Regardons Jésus : sa compassion profonde n’était pas quelque chose qui l’isolait, ce n’était pas une compassion paralysante, timide ou honteuse comme bien des fois cela nous arrive, bien au contraire ! C’était une compassion qui l’incitait à sortir de lui-même avec vigueur pour annoncer, pour envoyer en mission, pour envoyer guérir et libérer. Reconnaissons notre fragilité mais laissons Jésus la saisir de ses mains et nous envoyer en mission. Nous sommes fragiles mais porteurs d’un trésor qui nous grandit et qui peut rendre meilleurs et plus heureux ceux qui le reçoivent. L’audace et le courage apostoliques sont des caractéristiques de la mission.

132. La parresía est un sceau de l’Esprit, une marque de l’authenticité de l’annonce. Elle est l’assurance heureuse qui nous conduit à trouver notre gloire dans l’Évangile que nous annonçons, elle est confiance inébranlable dans la fidélité du Témoin fidèle qui nous donne l’assurance que rien « ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu » (Rm 8, 39).

133. Nous avons besoin de l’impulsion de l’Esprit pour ne pas être paralysés par la peur et par le calcul, pour ne pas nous habituer à ne marcher que dans des périmètres sûrs. Souvenons-nous que ce qui est renfermé finit par sentir l’humidité et par nous rendre malades. Quand les Apôtres ont senti la tentation de se laisser paralyser par les craintes et les dangers, ils se sont mis à prier ensemble en demandant la parresía : « À présent donc, Seigneur, considère leurs menaces et [permets] à tes serviteurs d’annoncer ta parole en toute assurance » (Ac 4, 29). Et la réponse a été que « tandis qu’ils priaient, l’endroit où ils se trouvaient réunis trembla ; tous furent alors remplis du Saint Esprit et se mirent à annoncer la parole de Dieu avec assurance » (Ac 4, 31).

134. Comme le prophète Jonas, nous avons en nous la tentation latente de fuir vers un endroit sûr qui peut avoir beaucoup de noms : individualisme, spiritualisme, repli dans de petits cercles, dépendance, routine, répétition de schémas préfixés, dogmatisme, nostalgie, pessimisme, refuge dans les normes. Peut-être refusons-nous de sortir d’un territoire qui nous était connu et commode. Toutefois, les difficultés peuvent être comme la tempête, la baleine, le ver qui a fait sécher le ricin de Jonas, ou le vent et le soleil qui l’ont brûlé à la tête ; et comme dans son cas, ils peuvent servir à nous faire retourner à ce Dieu qui est tendresse et qui veut nous conduire dans un cheminement continu et rénovateur.

135. Dieu est toujours une nouveauté, qui nous pousse à partir sans relâche et à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières. Il nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie. Dieu n’a pas peur ! Il n’a pas peur ! Il va toujours au-delà de nos schémas et ne craint pas les périphéries. Lui-même s’est fait périphérie (cf. Ph 2, 6-8 ; Jn 1, 14). C’est pourquoi, si nous osons aller aux périphéries, nous l’y trouverons, il y sera. Jésus nous devance dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme obscurcie. Il y est déjà.

136. Il faut, certes, ouvrir la porte du cœur à Jésus-Christ, car il frappe et appelle (cf. Ap 3, 20). Mais parfois, je me demande si, à cause de l’air irrespirable de notre auto-référentialité, Jésus n’était pas déjà en nous, frappant pour que nous le laissions sortir. Dans l’Évangile, nous voyons comment Jésus « cheminait à travers villes et villages, prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu » (Lc 8, 1). De même, après la résurrection, quand les disciples sont allés partout, le Seigneur œuvrait avec eux (cf. Mc 16, 20). Voilà la dynamique qui jaillit de la vraie rencontre !

137. L’accoutumance nous séduit et nous dit que chercher à changer quelque chose n’a pas de sens, que nous ne pouvons rien faire face à cette situation, qu’il en a toujours été ainsi et que nous avons survécu malgré cela. À cause de l’accoutumance, nous n’affrontons plus le mal et nous permettons que les choses ‘‘soient ce qu’elles sont’’, ou ce que certains ont décidé qu’elles soient. Mais laissons le Seigneur venir nous réveiller, nous secouer dans notre sommeil, nous libérer de l’inertie. Affrontons l’accoutumance, ouvrons bien les yeux et les oreilles, et surtout le cœur, pour nous laisser émouvoir par ce qui se passe autour de nous et par le cri de la Parole vivante et efficace du Ressuscité.

138. L’exemple de nombreux prêtres, religieuses, religieux et laïcs qui se consacrent à évangéliser et à servir avec grande fidélité, bien des fois en risquant leurs vies et sûrement au prix de leur confort, nous galvanise. Leur témoignage nous rappelle que l’Église n’a pas tant besoin de bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante.

139. Demandons au Seigneur la grâce de ne pas vaciller quand l’Esprit nous demande de faire un pas en avant ; demandons le courage apostolique d’annoncer l’Évangile aux autres et de renoncer à faire de notre vie chrétienne un musée de souvenirs. De toute manière, laissons l’Esprit Saint nous faire contempler l’histoire sous l’angle de Jésus ressuscité. Ainsi, l’Église, au lieu de stagner, pourra aller de l’avant en accueillant les surprises du Seigneur.

En communauté

140. Il est très difficile de lutter contre notre propre concupiscence ainsi que contre les embûches et les tentations du démon et du monde égoïste, si nous sommes trop isolés. Le bombardement qui nous séduit est tel que, si nous sommes trop seuls, nous perdons facilement le sens de la réalité, la clairvoyance intérieure, et nous succombons.

141. La sanctification est un cheminement communautaire, à faire deux à deux. C’est ainsi que le reflètent certaines communautés saintes. En diverses occasions, l’Église a canonisé des communautés entières qui ont vécu héroïquement l’Évangile ou qui ont offert à Dieu la vie de tous leurs membres. Pensons, à titre d’exemple, aux sept saints fondateurs de l’Ordre des Servites de Marie, aux sept religieuses bienheureuses du premier monastère de la Visitation de Madrid, à saint Paul Miki et ses compagnons martyrs au Japon, à saint André Kim Taegon et ses compagnons martyrs en Corée, à saint Roque González, saint Alphonse Rodríguez et leurs compagnons martyrs en Amérique du Sud. Souvenons-nous également du récent témoignage des bienheureux moines trappistes de Tibhirine (Algérie), qui se sont préparés ensemble au martyre. Il y a, de même, beaucoup de couples saints au sein desquels chacun a été un instrument du Christ pour la sanctification de l’autre époux. Vivre ou travailler avec d’autres, c’est sans aucun doute un chemin de développement spirituel. Saint Jean de la Croix disait à un disciple : tu ne vis avec d’autres « que pour être travaillé, exercé par tous […] ».[10]

142. La communauté est appelée à créer ce « lieu théologal où l’on peut faire l’expérience de la présence mystique du Seigneur ressuscité ».[11] Partager la Parole et célébrer ensemble l’Eucharistie fait davantage de nous des frères et nous convertit progressivement en communauté sainte et missionnaire. Cela donne lieu aussi à d’authentiques expériences mystiques vécues en communauté, comme ce fut le cas de saint Benoît et de sainte Scholastique, ou lors de cette sublime rencontre spirituelle qu’ont vécue ensemble saint Augustin et sa mère sainte Monique : « Or, le jour était imminent où elle allait quitter cette vie, jour que tu connaissais, toi, mais que nous, nous ignorions. Il se trouva, par tes soins j’en suis sûr, par tes secrètes dispositions, que nous étions seuls, elle et moi, debout, accoudés à une fenêtre ; de là le jardin intérieur […]. Nous tenions grande ouverte la bouche de notre cœur vers les eaux qui ruissellent d’en haut de ta source, de la source de vie qui est près de toi […]. Et pendant que nous parlons et aspirons à elle [la sagesse éternelle], voici que nous la touchons, à peine, d’une poussée rapide et totale du cœur. […] [Comme si] la vie éternelle fût. telle qu’a été cet instant d’intelligence après lequel nous avions soupiré… ».[12]

143. Mais ces expériences ne sont pas ce qu’il y a de plus fréquent, ni de plus important. La vie communautaire, soit en famille, en paroisse, en communauté religieuse ou en quelque autre communauté, est faite de beaucoup de petits détails quotidiens. Il en était ainsi dans la sainte communauté qu’ont formée Jésus, Marie et Joseph, où s’est reflétée de manière exemplaire la beauté de la communion trinitaire. C’est également ce qui se passait dans la vie communautaire menée par Jésus avec ses disciples et avec les gens simples.

144. Rappelons comment Jésus invitait ses disciples à prêter attention aux détails.
Le petit détail du vin qui était en train de manquer lors d’une fête.
Le petit détail d’une brebis qui manquait. Le petit détail de la veuve qui offrait ses deux piécettes.
Le petit détail d’avoir de l’huile en réserve pour les lampes au cas où tarderait le fiancé.
Le petit détail de demander à ses disciples de vérifier combien de pains ils avaient.
Le petit détail d’avoir allumé un feu de braise avec du poisson posé dessus tandis qu’il attendait les disciples à l’aube.

145. La communauté qui préserve les petits détails de l’amour,[13] où les membres se protègent les uns les autres et créent un lieu ouvert et d’évangélisation, est le lieu de la présence du Ressuscité qui la sanctifie selon le projet du Père. Parfois, par un don de l’amour du Seigneur, au milieu de ces petits détails, s’offrent à nous des expériences consolantes de Dieu : « Un soir d’hiver j’accomplissais comme d’habitude mon petit office… tout à coup j’entendis dans le lointain le son harmonique d’un instrument de musique, alors je me représentai un salon bien éclairé, tout brillant de dorures, des jeunes filles élégamment vêtues se faisant mutuellement des compliments et des politesses mondaines ; puis mon regard se porta sur la pauvre malade que je soutenais ; au lieu d’une mélodie j’entendais de temps en temps ses gémissements plaintifs […]. Je ne puis exprimer ce qui se passa dans mon âme, ce que je sais c’est que le Seigneur l’illumina des rayons de la vérité qui surpassèrent tellement l’éclat ténébreux  des fêtes de la terre, que je ne pouvais croire à mon bonheur ».[14]

146. À l’opposé de la tendance à l’individualisme consumériste qui finit par nous isoler dans la quête du bien-être en marge des autres, notre chemin de sanctification ne peut se lasser de nous identifier à ce désir de Jésus : « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi » (Jn 17, 21).

la sainteté est faite d’une ouverture habituelle à la transcendance qui s’exprime dans la prière et dans l’adoration

En prière constante

147. Finalement, même si cela semble évident, souvenons-nous que la sainteté est faite d’une ouverture habituelle à la transcendance, qui s’exprime dans la prière et dans l’adoration. Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière, qui a besoin de communiquer avec Dieu. C’est quelqu’un qui ne supporte pas d’être asphyxié dans l’immanence close de ce monde, et au milieu de ses efforts et de ses engagements, il soupire vers Dieu, il sort de lui-même dans la louange et élargit ses limites dans la contemplation du Seigneur. Je ne crois pas dans la sainteté sans prière, bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de longs moments ou de sentiments intenses.

148. Saint Jean de la Croix recommandait de « s’efforcer de vivre toujours en la présence de Dieu, soit réelle, soit imaginaire, soit unitive, selon que les actions commandées le permettent ».[15] Au fond, c’est le désir de Dieu qui ne peut se lasser de se manifester de quelque manière dans notre vie quotidienne : « Efforcez-vous de vivre dans une oraison continuelle, sans l’abandonner au milieu des exercices corporels. Que vous mangiez, que vous buviez […], que vous parliez, que vous traitiez avec les séculiers, ou que vous fassiez toute autre chose, entretenez constamment en vous le désir de Dieu, élevez vers lui vos affections ».[16]

149. Cependant, pour que cela soit possible, il faut aussi quelques moments uniquement pour Dieu, dans la solitude avec lui. Pour sainte Thérèse d’Avila, la prière, c’est « un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé ».[17] Je voudrais insister sur le fait que ce n’est pas seulement pour quelques privilégiés, mais pour tous, car « nous avons tous besoin de ce silence chargé de présence adorée ».[18] La prière confiante est une réaction du cœur qui s’ouvre à Dieu face à face, où on fait taire tous les bruits pour écouter la voix suave du Seigneur qui résonne dans le silence.

150. Dans le silence, il est possible de discerner, à la lumière de l’Esprit, les chemins de sainteté que le Seigneur nous propose. Autrement, toutes nos décisions ne pourront être que des ‘‘décorations’’ qui, au lieu d’exalter l’Évangile dans nos vies, le recouvriront ou l’étoufferont. Pour tout disciple, il est indispensable d’être avec le Maître, de l’écouter, d’apprendre de lui, d’apprendre toujours. Si nous n’écoutons pas, toutes nos paroles ne seront que du bruit qui ne sert à rien.

151. Souvenons-nous que « c’est la contemplation du visage de Jésus mort et ressuscité qui recompose notre humanité, même celle qui est fragmentée par les vicissitudes de la vie, ou celle qui est marquée par le péché. Nous ne devons pas apprivoiser la puissance du visage du Christ ».[19] J’ose donc te demander : Y a-t-il des moments où tu te mets en sa présence en silence, où tu restes avec lui sans hâte, et tu te laisses regarder par lui ? Est-ce que tu laisses son feu embraser ton cœur ? Si tu ne lui permets pas d’alimenter la chaleur de son amour et de sa tendresse, tu n’auras pas de feu, et ainsi comment pourras-tu enflammer le cœur des autres par ton témoignage et par tes paroles ? Et si devant le visage du Christ tu ne parviens pas à te laisser guérir et transformer, pénètre donc les entrailles du Seigneur, entre dans ses plaies, car c’est là que la miséricorde divine a son siège.[20]

152. Mais je prie pour que nous ne considérions pas le silence priant comme une évasion niant le monde qui nous entoure. Le ‘‘pèlerin russe’’, qui marchait dans une prière continue, raconte que cette prière ne le séparait pas de la réalité extérieure : « Lorsqu’il m’arrivait de rencontrer des gens, ils me semblaient aussi aimables que s’ils avaient été de ma famille […] Ce bonheur n’illuminait pas seulement l’intérieur de mon âme ; le monde extérieur aussi m’apparaissait sous un aspect ravissant ». [21]

153. L’histoire ne disparaît pas non plus. La prière, précisément parce qu’elle s’alimente du don de Dieu qui se répand dans notre vie, devrait toujours faire mémoire. La mémoire des actions de Dieu se trouve à la base de l’expérience de l’alliance entre Dieu et son peuple. Puisque Dieu a voulu entrer dans l’histoire, la prière est tissée de souvenirs. Non seulement du souvenir de la Parole révélée, mais aussi de la vie personnelle, de la vie des autres, de ce que le Seigneur a fait dans son Église. C’est la mémoire reconnaissante dont parle également saint Ignace de Loyola dans sa ‘‘Contemplation pour parvenir à l’amour’’,[22] quand il nous demande de ramener à la mémoire tous les bénéfices que nous avons reçus du Seigneur. Regarde ton histoire quand tu pries et tu y trouveras beaucoup de miséricorde. En même temps, cela alimentera ta conscience du fait que le Seigneur te garde dans sa mémoire et ne t’oublie jamais. Cela a donc un sens de lui demander d’éclairer encore les petits détails de ton existence, qui ne lui échappent pas.

154. La supplication est l’expression d’un cœur confiant en Dieu, qui sait que seul il est impuissant. Dans la vie du peuple fidèle de Dieu, nous trouvons beaucoup de supplications débordantes d’une tendresse croyante et d’une confiance profonde. N’ôtons pas de la valeur à la prière de demande, qui bien des fois donne de la sérénité à notre cœur et nous aide à continuer de lutter avec espérance. La supplication d’intercession a une valeur particulière, car c’est un acte de confiance en Dieu et en même temps une expression d’amour du prochain. Certains, par préjugés spiritualistes, croient que la prière devrait être une pure contemplation de Dieu, sans distractions, comme si les noms et les visages des frères étaient une perturbation à éviter. Au contraire, la réalité, c’est que la prière sera plus agréable à Dieu et plus sanctifiante si, à travers elle, par l’intercession, nous essayons de vivre le double commandement que Jésus nous a donné. L’intercession exprime l’engagement fraternel envers les autres quand grâce à elle nous sommes capables d’intégrer la vie des autres, leurs plus pressantes angoisses et leurs plus grands rêves. Recourant aux paroles bibliques, on peut dire de celui qui se dévoue généreusement à intercéder : « Celui-ci est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple » (2 M 15, 14).

155. Si nous reconnaissons vraiment que Dieu existe, nous ne pouvons pas nous lasser de l’adorer, parfois dans un silence débordant d’admiration, ou de le chanter dans une louange festive. Nous exprimons ainsi ce que vivait le bienheureux Charles de Foucauld quand il disait : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui ».[23] Il y a aussi, dans la vie du peuple pèlerin, de nombreux gestes simples de pure adoration, comme par exemple lorsque « le regard du pèlerin se fixe sur une image qui symbolise la tendresse et la proximité de Dieu. L’amour s’arrête, contemple le mystère, le savoure dans le silence ».[24]

156. La lecture priante de la Parole de Dieu, « plus douce que le miel » (Ps 119, 103) et « plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants » (He 4, 12) nous permet de nous arrêter pour écouter le Maître afin qu’il soit lampe sur nos pas, lumière sur notre route (cf. Ps 119, 105). Comme les Évêques de l’Inde l’ont bien rappelé : « La dévotion à la Parole de Dieu n’est pas seulement une dévotion parmi tant d’autres, certes belle mais optionnelle ; elle appartient au cœur et à l’identité même de la vie chrétienne. La Parole a en elle-même le pouvoir de transformer les vies ».[25]

157. La rencontre avec Jésus dans les Écritures nous conduit à l’Eucharistie, où cette même Parole atteint son efficacité maximale, car elle est présence réelle de celui qui est la Parole vivante. Là, l’unique Absolu reçoit la plus grande adoration que puisse lui rendre cette terre, car c’est le Christ qui s’offre. Et quand nous le recevons dans la communion, nous renouvelons notre alliance avec lui et nous lui permettons de réaliser toujours davantage son œuvre de transformation. 

[1] Il y a de nombreuses formes de harcèlement qui, bien qu’elles semblent élégantes ou respectueuses, voire spirituelles, provoquent beaucoup de souffrance dans l’estime de soi des autres.
[2] Précautions, 13 b (Œuvres complètes, Paris 1990, p. 304)
[3] Ibid, 13 a (Op. cit., p. 304). 78
[4] Petit Journal : la miséricorde divine dans mon âme, n. 300 (Paris 20106, p. 148). 81 
[5] Thomas d’Aquin, Somme Théologique, I-II, 70, a.3
[6] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 6 : AAS 105 (2013), p. 1221.
[7] Je recommande de dire la prière attribuée à saint Thomas More : « Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer. Donne-moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux. Donne-moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation. Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir. Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle ‘‘moi’’. Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres. Ainsi soit-il »
[8] Exhort. ap. post-synodale Amoris laetitia (19 mars 2016), n. 110 : AAS 108 (2016), p. 354.
[9] Exhort. ap. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 80 : AAS 68 (1976), p. 73. Il est intéressant de noter que dans ce texte, le bienheureux Paul VI lie intimement la joie à la parresía. De même qu’il déplore “surtout le manque de joie et d’espérance”, exalte la “douce et réconfortante joie d’évangéliser” qui est unie à “un élan intérieur que personne ni rien ne saurait éteindre”, pour que le monde ne reçoive pas l’Évangile “d’évangélisateurs tristes et découragés”. À l’occasion de l’Année Sainte 1975, le même Paul VI a consacré à la joie l’Exhortation apostolique Gaudete in Domino (9 mai 1975) : AAS 67 (1075), pp. 289-322.
[10] Précautions, n. 15 (Œuvres complètes, Paris 1990, p. 304). 92 
[11] 105 Jean Paul-Paul II, Exhort. ap. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 42 : AAS 88 (1996), p. 416
[12] Confessions, IX, 10, 23-25 : PL 32, p. 773-775 (Paris 1962, Livres VIII-XIII, pp. 115-121).
[13] Spécialement, je rappelle les trois mots-clefs ‘‘s’il te plaît, merci, pardon’’, car « dits au bon moment, [ils] protègent et alimentent l’amour, jour après jour » : Exhort. ap. post-synodale Amoris laetitia (19 mars 2016), n. 133 : AAS 108 (2016), p. 363.
[14] Thérèse de Lisieux, Manuscrit C, 29 vo-30ro (Œuvres Complètes, Paris 1996, pp. 274-275)
[15] Degrés de perfection, 2 (Œuvres complètes, Paris 1990, p. 313).
[16] Id., Avis à un religieux pour atteindre la perfection, 9b (Op. cit., p. 311)
[17] Livre de la Vie 8, 5 (Œuvres complètes, Paris 1949, p. 82).
[18] Jean-Paul II , Lett. ap. Orientale lumen (2 mai 1995), n. 16 : AAS 87 (1995), p. 762
[19] Discours lors de la rencontre avec les participants au Vème Congrès de l’Église italienne, Florence (10 novembre 2015) : AAS 107 (2015), p. 1284
[20] Cf. Bernard de Clairvaux, Sermon sur le cantique des cantiques 61, 3-5 : PL 183, pp. 1071-1073.
[21] Récits d’un pèlerin russe, (Traduits par Jean Laloy, Baconnière/ Paris 1966, pp-37-38.149)
[22] Cf. Exercices spirituels, Paris 1986/2008, nn. 230-237.
[23] Lettre à Henry de Castries, Notre-Dame des Neiges, 14 août 1901
[24] Vème Conférence Générale de L’Episcopat Latinoaméricain et des Caraïbes, Document d’Aparecida (29 juin 2007), n. 259
[25] Conférence des Évêques catholiques de l’inde, Déclaration finale de la 21ème Assemblée plénière (18 février 2009), n. 3.2.

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