Sainte Thérèse Couderc (1805-1885)
Les chemins surprenants de la fécondité divine
Devenue religieuse à 20 ans, cette paysanne ardéchoise a permis l’éclosion d’une œuvre nouvelle pour la vie spirituelle des femmes en fondant les Sœurs de Notre-Dame du Cénacle.
1805 : l’Église en France panse les plaies de la Révolution. Dans un coin reculé de la Cévenne ardéchoise, une petite paysanne, vive et intelligente, est attirée par la vocation religieuse. Elle rejoint le petit groupe qu’un prêtre de Viviers réunit pour éduquer les filles. Victoire Couderc devient à vingt ans Sr Thérèse. Une conviction, un but : faire connaître et aimer Jésus Christ. On ne peut pas faire plus simple, ni plus vrai.
À l’autre bout du diocèse, Lalouvesc est un centre de pèlerinage auprès du tombeau de saint Jean-François-Régis, le grand missionnaire jésuite du XVIIIe siècle. Thérèse est chargée d’y ouvrir pour les femmes un lieu d’accueil autre que les auberges. Très vite, Thérèse comprend que l’accueil ne suffit pas. Les femmes voudraient réfléchir, prier, « faire retraite ». Le P. Étienne Terme envoie les sœurs faire une retraite selon les exercices spirituels. C’est un passage décisif, la mission du Cénacle est née.
Thérèse n’a pas trente ans quand le P. Terme meurt. La voilà supérieure. La congrégation est bien petite. Thérèse obtient de l’évêque de Viviers que le supérieur en soit le provincial des Jésuites. Elle perçoit qu’une séparation va être nécessaire. Les Sœurs de Saint-Régis se consacreront au service des écoles, et l’Institut de Notre-Dame de la retraite au Cénacle continuera l’intuition de Lalouvesc.
Tout ceci ne se fait pas facilement. Thérèse en est-elle capable ? Ne faudrait-il pas choisir une supérieure ayant plus d’entregent, des relations plus utiles ? Thérèse, elle, se livre au Seigneur et vit une expérience mystique à Notre-Dame d’Ay qui la marquera profondément.
Elle est mise à l’écart plusieurs années. Puis on lui confiera des missions à Tournon, à Montpellier. Elle écrit beaucoup : « C’est là tout ce que j’ai fait : me livrer, le Bon Dieu fera tout le reste » (1864) ou encore « Dieu est bon, Il est plus que bon, Il est la bonté, je ne veux pas l’oublier »(1865).
Les dix-huit dernières années à Lyon sont toute discrétion. Après sa mort en 1885, on ramène son corps à Lalouvesc. Le secret de sa vie intérieure et de sa force spirituelle se révèle alors profondément aux yeux de ses supérieurs. Voilà celle qui a permis l’éclosion d’une œuvre nouvelle : la vie spirituelle des femmes, la retraite animée par des femmes, les exercices spirituels de saint Ignace proposés dans les Cénacles. En fait, elle a inventé les centres spirituels. Le pape Paul VI déclare Thérèse sainte en 1970. Actuellement, il y a sept Cénacles en France, mais aussi sur toute la surface de la terre, du Brésil aux Philippines, de Madagascar aux États-Unis.
La nouvelle maison des évêques et des services de l’Église en France, avenue de Breteuil, a été acquise auprès des Sœurs du Cénacle. L’Esprit de sainte Thérèse y a régné pendant bien des années, qu’il nous inspire encore dans le lien de la prière, du discernement et de la Mission.
Mgr François Blondel
Évêque de Viviers