Réfugiés : La Conférence des évêques de France signe un protocole d’accueil
C’est à l’Elysée qu’a été signé, le 14 mars 2017, le protocole qui permettra à 500 Syriens de quitter les camps de réfugiés au Liban. Ils gagneront la France par avion et seront répartis sur tout le territoire. L’opération, qui doit durer 18 mois, mobilise cinq institutions chrétiennes, dont la Conférence des évêques de France, représentée par Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis et vice-président de la CEF. Les premiers arriveront d’ici un à deux mois.
« Un combat contre l’indifférence », « un acte de résistance », « une alternative aux voyages de la mort ». Valérie Régnier, présidente de la Communauté de Sant’Egidio – France a salué ainsi la signature du protocole. « Nous prenons nos responsabilités de citoyens » a-t-elle affirmé. Déjà opérationnelle en Italie, la démarche initiée par la communauté fondée par Andrea Riccardi (présent à l’Elysée) a ceci d’original qu’elle ne coûtera pas un euro à l’Etat. Il revient donc aux promoteurs du projet solidaire – la Communauté de Sant’Egidio – France, la Fédération protestante de France, la Fédération de l’entraide protestante, la Conférence des évêques de France et le Secours Catholique – Caritas France – de pourvoir à l’accueil et à l’intégration des réfugiés, à qui l’Etat accordera le droit d’asile.
« Un engagement citoyen au nom de Jésus-Christ », « une démarche symbolique et œcuménique » a souligné pour sa part le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France. Il avait introduit son propos par une citation du Lévitique : « Tu aimeras l’étranger comme toi-même » (Lv 19, 33-34). Il est revenu sur le « parcours » avec les services du gouvernement – ministère de l’Intérieur et ministère des Affaires étrangères – qui ont « accompagné et soutenu » cette initiative mais aussi entendu les « interpellations » des différents protagonistes.
« Un vrai signe d’espérance ». Pour les 100.000 réfugiés soutenus par la Caritas Liban mais pas seulement. Le Secrétaire général du Secours catholique – Caritas France, Bernard Thibaud, a estimé que ce dispositif vient contrer la « tentation du repli » qui traverse notre société. Face à ce que le pape François appelle « la culture du rejet », il invite à la « culture de la rencontre ».
« Un message de la France adressé au monde ». Le Président de la République, François Hollande, a rebondi sur les paroles de Valérie Régnier, ajoutant à l’indifférence, « l’intolérance » – celle qui consiste « à vouloir opposer les uns aux autres ». 500 personnes, « c’est peu mais c’est déjà beaucoup » quand il s’agit d’aider « à vivre et à revivre ». Et de noter que « dans une république laïque, des collaborations fructueuses sont possibles avec les Eglises ». Pour conclure, François Hollande a exprimé « reconnaissance et gratitude » aux acteurs de l’événement : « Il nous faut montrer des initiatives (…) Il y a du bonheur à le partager ».
« Une initiative prophétique… et une belle provocation ! »
« L’engagement de la Conférence des évêques de France peut être une motivation supplémentaire dans la réflexion d’autres conférences épiscopales d’Europe sur la signature de protocoles similaires, estime le Père Carlos Caetano, cs, directeur du Service national de la Pastorale des Migrants et des Personnes Itinérantes (SNPMPI). D’autres pays – Espagne, Pologne – ont déjà été interpellés par la Communauté de Sant’Egidio». Il tempère : « Gardons les pieds sur terre… Ce n’est pas LA solution à la crise des réfugiés. On parle de 500 personnes ! Cela reste très modeste. Mais l’initiative est prophétique. J’ai bien aimé les propos de Valérie Régnier, quand elle a dit que la sécurité passe par l’accueil et l’intégration, non pas par les murs ». Ce qu’il aime aussi chez Sant’Egidio, c’est l’esprit d’initiative. « Toutes les belles choses dites ce matin doivent se traduire en faits concrets. Aujourd’hui est un jour pour célébrer. Mais dès ce soir, commençons à travailler ! Ce projet, exigeant, va demander un réseau motivé et organisé, dans la durée ». Il ajoute : « Nous avons espoir que ce protocole soit la provocation nécessaire pour que d’autres organismes de la société civile – pourquoi pas laïcs – s’engagent de même ».