Pape François à Madagascar : témoignage de Mgr Emmanuel Gobilliard

Le Pape François sera à Madagascar du vendredi 6 septembre au mardi 10 septembre 2019. Monseigneur Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire à Lyon, avait passé une année à Madagascar en 2011-2012 où il avait travaillé dans un foyer de jeunes handicapés. A l’approche de l’arrivée du Pape sur l’île, Mgr Gobilliard nous livre son témoignage.

Pour la deuxième fois de son pontificat, le Pape François se rendra en Afrique subsaharienne. Que pensez-vous de la venue du Pape à Madagascar et en particulier dans cette partie de l’Afrique (Mozambique et île Maurice) ?

8 octobre 2018 : Portrait de Mgr. Emmanuel GOBILLIARD, évêque auxiliaire de Lyon, lors du point presse durant le Synode des évêques, dont le thème est : les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Salle de presse, Vatican. October 8, 2018: Mgr. Emmanuel GOBILLIARD, Synodal Father elected by the Episcopal Conference of France speaks during a briefing on the work of the Synod, in the Holy See Press Office in Vatican.

La mission principale du Pape c’est d’être le garant de l’unité de l’Église. Ses voyages contribuent à cette unité en nous faisant connaître ce que vivent les populations des pays qu’ils rencontrent, les réalités humaines, les souffrances, les joies, les défis pastoraux. Il a donc le souci de mettre en valeur des pays qui ne sont pas les plus connus, les plus en vue, les plus puissants. Il a également le souci d’encourager les églises locales, de susciter un nouveau souffle. C’est pour cette raison qu’il choisit les pays qui vivent des situations particulières, des difficultés, des questionnements aussi. Je crois vraiment que ces pays ont besoin de la visite du Pape, et en particulier Madagascar que je connais un peu.

Vous avez passé une année sabbatique en 2011-2012 à Madagascar auprès des plus démunis. Lors de cette visite papale à Madagascar, le Pape François a placé les déshérités et les plus démunis au cœur de son voyage. Il ira notamment à la rencontre du Père Pedro, lazariste qui a créé l’association Akamasoa en 1989. Il rappelle une fois de plus son engagement humain. Est-ce une manière d’aller encore plus vers les « périphéries » ?

Il va vers ceux qui en ont le plus besoin et manifeste ainsi combien l’Église a le souci des plus pauvres, pour qu’ils trouvent des moyens de sortir de la misère. La misère est toujours destructrice et il ne faut pas la confondre avec la pauvreté volontaire ou la simplicité de vie à laquelle le Seigneur nous invite dans l’Évangile.

30 mai 2017 : Portrait du P. Pedro OPEKA, catholique lazariste et fondateur d'Akamasoa, il combat la pauvreté infantile à Madagascar. Paris (75), France.

De nombreux malgaches vivent une situation de misère et cette situation favorisent les divisions, la corruption…Aujourd’hui l’île vit une situation politique nouvelle, avec de nouveaux espoirs de changement. Ces changements ne doivent pas être uniquement politiques ou économiques, il faut encourager et parfois réveiller la fraternité. Venir en aide aux plus démunis, c’est leur redonner une dignité. Le Pape vient nourrir le cœur des malgaches en leur rappelant qu’ils sont aimés de Dieu et que l’Église, à travers l’œuvre du père Pedro et mais aussi de milliers de chrétiens qui servent leurs frères, est à leurs côtés.

A Madagascar, plus de 80% de la population est chrétienne. La venue du Pape François créé de l’effervescence. Le site de Soamandrakizay s’apprête à accueillir plus de 800 000 personnes. Il y aura également une veillée avec les jeunes. Quelle est la portée de cet évènement historique ?

Je vois cette veillée et la messe comme un formidable témoignage au monde de la vivacité, de la beauté de l’Église à Madagascar. Les malgaches ont cette merveilleuse faculté, y compris dans les difficultés, les divisions, de garder le regard tourné vers Dieu. Ils sont capables de crier leur amour de Dieu en toutes circonstances. Ils ne vivent pas comme si Dieu existait ; ils vivent de Dieu, avec Lui. Dieu fait partie de leur vie. Leurs liturgies, les différentes manifestations de leur foi nous fait du bien. Je souhaite que leurs chants arrivent jusqu’à nous, parce que nous avons besoin d’eux, de leur joie qui n’est pas qu’une joie psychologique ou de circonstance, mais qui est un fruit de l’Esprit Saint, et un devoir.

journal de TanjomohaA votre retour de Madagascar, vous aviez publié un recueil de correspondances : « Journal de Tanjomoha, quand le cœur se dévoile au contact des plus pauvres » dans lequel vous décrivez avec humour la culture malgache. Qu’avez-vous retenu de cette expérience (humainement et spirituellement) ?

Ce n’est pas ce que j’ai retenu qui est important, c’est ce qui s’est passé en moi à la suite des rencontres que j’ai vécues là-bas. Ils ont, par leur foi, par leur enthousiasme, guéri en moi ce qui ressemblait à de l’acédie. Ils m’ont redonné le gout de Dieu, la joie d’être chrétien, le sens de mon sacerdoce. C’est au-delà des mots. J’ai fait à Madagascar une nouvelle expérience de Dieu, grâce à eux !

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