Haïti : « Nous rencontrons des dégâts incalculables »

Dix jours après le séisme du samedi 14 août, les évêques du sud-ouest du pays et la Caritas Haïti se mobilisent et coordonnent des actions de terrain. Les diocèses de Jérémie, de Cayes et de Anse-à-Veau-Miragoane viennent en aide aux sinistrés.

« Nous rencontrons des dégâts incalculables à tous les niveaux : humains (plusieurs morts, des milliers de blessés, des amputés), structurels : routes coupées, ponts endommagées, maisons, écoles catholiques, maisons et églises détruites ou gravement endommagées, dont la cathédrale Saint Louis de Jérémie », résume Mgr Joseph Gontrand Decoste, évêque du diocèse de Jérémie dans le sud-ouest du pays, zone particulièrement touchée par le séisme de 7,2 sur l’échelle de Richter le samedi 14 août 2021 et par la tempête tropicale Grace samedi 21 août 2021. La région du sud-ouest se relevait à peine du cyclone Matthew qui avait ravagé le pays en 2016.

Selon un premier bilan humain (toujours provisoire), 2189 personnes sont décédées, 12 268 personnes blessées répertoriées accueillies et soignées. « 650 000 personnes sont sinistrées selon la Protection civile locale », précise le Père Jean-François Hervé, Directeur général de Caritas Haïti. Outre le bilan humain très lourd, le tremblement de terre a détruit 52 000 maisons et endommagé 77 000 maisons. Des nombreux bâtiments ecclésiaux se trouvaient également dans la zone de l’épicentre comme la résidence de l’évêché dans le diocèse de Jérémie, le centre culturel catholique ou la radio diocésaine. Preuve du désastre : la cathédrale Saint-Louis à Jérémy « a connu de graves dommages et aura besoin d’être reconstruite« , a précisé Mgr Gontrand Decoste. Au total ce sont plus de 142 églises détruites et 115 autres endommagées. Les secousses ont également détruites cinquante-six écoles catholiques et endommagées trente-huit autres.

L’organisation des secours

Haïti se retrouve démuni face aux manques de moyens et d’infrastructures. Pour abriter provisoirement les populations « nous aurions grand besoin de tentes et de bâches pour reloger la population mais nous rencontrons de sérieux problèmes d’approvisionnement avec les routes coupées par les gangs et les actes de pillage de la population tout le long de la route », ajoute Monseigneur Gontrand Decoste. À la crise humanitaire s’ajoute une situation sécuritaire et politique chaotique. Le pays subit une grave crise politique depuis l’assassinat du président haïtien Jovenel Moise par des groupuscules armés (NDLR 7 juillet 2021). Les secours doivent organiser les défis logistiques pour apporter l’aide humanitaire jusque dans le sud-ouest du pays. Les gangs armés empêchent l’acheminement des denrées alimentaires et non alimentaires.  Et a tempête a aussi coupé l’accès à la route nationale.

Les équipes ont aussi besoin sur place de divers équipements comme de la nourriture, de l’eau potable, des kits d’hygiènes et sanitaires, des lampes de poche, des bottes, de vêtements et couvertures, de personnel médical, de sauveteurs-secouristes, de terrain espace libre pour abri provisoire et du matériel de premiers secours (médicament et trousse de premiers soins…). Le pays devra relever dans les semaines qui viennent quatre grands défis liés à l’insécurité liée et la présence des gangs, les blocages routiers et l’approvisionnement de la population au niveau local.

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