« Le village de François », un lieu de vie partagée innovant

Le 4 octobre 2020, le premier « Village de François » s’est ouvert à l’abbaye Sainte-Marie-du-Désert (Haute-Garonne) pour les personnes et famille en situation de fragilité. Le projet a pris corps dans l’ancienne abbaye des moines cisterciens-trappistes. Rencontre avec Étienne Villemain, président du « Village de François ».

« Les personnes fragiles sont souvent un poids pour la société. Or, nous pensons qu’elles sont une chance car elles sont capables d’être co-créatrices, responsables, et pas forcément des personnes assistées », explique Étienne Villemain, fondateur du premier Village de François, situé à Sainte-Marie-du-Désert, à 30 kilomètres au nord-ouest de Toulouse (NDLR. Le diocèse de Toulouse). « Au travers de la crise dans l’Église, nous avons une perte de légitimité. C’est l’ensemble des catholiques qui doivent se prendre en main. Nous devons être dans une adéquation profonde entre ce que nous croyons, ce que nous vivons et ce que nous proclamons

Un nouveau mode de vie partagée

Être en cohérence avec ses idées. C’est la raison d’être d’Étienne Villemain. Après avoir participé à deux aventures professionnelles auprès des personnes les plus fragiles : l’Association pour l’amitié (Apa) avec Martin Choutet (2006) et l’association Lazare (2011), il se lance en 2020 avec sa femme dans une nouvelle aventure, le projet du « Village de François », dans l’ancienne abbaye cistercienne.

Fondée en 1852, l’abbaye perdure jusqu’en 2020. Après 168 ans de présence, les huit moines cisterciens âgés entre 57 et 100 ans, quittent l’abbaye de Sainte-Marie-du-Désert et passent le relai à une nouvelle communauté. « Les moines étaient touchés par notre démarche, se souvient Étienne Villemain. Ils nous ont vendu leur abbaye cistercienne et ont baissé leur prix pour que le village de François puisse voir le jour ! Un donateur bouleversé à la fois par le projet et l’encyclique du Pape François Laudato Si’ a participé financièrement au projet. »

Trente familles postulent pour le Village de François. Six d’entre elles sont retenues. D’ici 2022, après quatre tranches de travaux, le village de François accueillera près de 150 personnes, d’horizons divers : familles, personnes issues de la prostitution, migrants, personnes handicapées, sortants de prison, mères célibataires, personnes âgées en béguinage, personnes de la rue et jeunes en école de production.

Trois axes de développement

Le village de François repose sur trois piliers : le vivre-ensemble, l’activité économique et l’écologie intégrale. « Comment revitaliser l’Église et faire vivre ces bâtiments extraordinaires avec des personnes différentes toutes ensemble ? », s’interroge-t-il. Ainsi, le projet s’inscrit dans la sauvegarde de la Maison commune. « Nous prenons soin de la Création, de l’écologie, et de l’environnement au sens large. Quand nous développons une activité économique, nous essayons de trouver des solutions adéquates, et des nouveaux outils comme l’installation d’une chaudière biomasse », précise-t-il.

L’écologie intégrale, c’est aussi prendre soin de la personne. « L’homme doit prendre soin de la Création pour pouvoir vivre en harmonie. » C’est dans cette optique qu’il a lancé des jardins partagés en permaculture, un chantier d’insertion appelé : A la bonne ferme. « Les habitants participent aux activités, ils paient un loyer ce qui permet d’entretenir le bâtiment. On responsabilise les résidents avec un travail. En parallèle, nous développons sur place le bénévolat et la gratuité. »

Économiquement, le village de François emploie une douzaine de salariés dans les secteurs de l’hôtellerie, via la miellerie et l’atelier bio qui permet de réaliser des savons et produits cosmétiques, et avec la création d’une recyclerie de jeux et d’une structure de nettoyage. « Nous allons créer d’ici un an une trentaine d’emplois« , envisage-t-il.

Vers de nouveaux « villages de François »

D’autres village de François verront le jour à Lourdes, à Pau et à Toulouse. À Lourdes, l’ouverture du « Village de François » aura lieu en 2024. « Nous accueillerons 100 personnes au total : huit personnes de la rue en colocation dans un appartement, deux colocations de femmes issues de la prostitution, du béguinage pour les personnes âgées, des personnes handicapées mentales, et une école de production en restauration pour vingt jeunes en décrochage scolaire », espère-t-il.

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