Monseigneur Habert : “Tout est lié, mais rien n’est simple”
Une délégation d’évêques se rend le 28 février 2022 en visite au salon de l’agriculture, Porte de Versailles à Paris. Par cette présence, ils manifestent leur soutien au monde agricole. Rencontre avec Mgr Jacques Habert, évêque du diocèse de Bayeux, référent de la Mission en monde rural pour l’Église en France.
Parlez-nous de cette mission en monde rural que vous portez à la Conférence des évêques de France.
Presque tous les diocèses de France ont une partie rurale sur leur territoire. Le service national a donc pour objectif d’encourager chacun des diocèses dans leurs diverses initiatives, et de faire en sorte que chacun partage ses expériences. Ce service national répond à de vrais besoins. Le monde rural est complexe, la désertification rurale rend difficile la pastorale. L’objectif de cette mission est d’aider et d’encourager des mouvements, groupes, associations à se lancer dans des projets. L’événement Terres d’Espérance, qui a lieu du 22 au 24 avril 2022 à Châteauneuf-de-Galaure, va permettre cela, pour vivre et annoncer l’évangile. Actuellement, nous sommes en pleine réflexion sur l’ajustement de ce service de la mission rurale, afin qu’il réponde au mieux aux besoins des diocèses aujourd’hui.
Le cycle de l’écologie intégrale lancé en 2019 par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France va se clôturer lors de l’Assemblée plénière d’avril 2022. Qu’est-il ressorti de ces trois années de réflexions et de travaux ?
En effet, quatre sessions se sont déroulées lors des Assemblées plénières de novembre 2019, avril 2020, novembre 2020 et novembre 2021. Ce cycle sur l’écologie intégrale n’est pas terminé, des discussions et travaux sont en cours. Les conclusions seront tirées au mois d’avril prochain. Mais je peux déjà en retenir deux choses. D’une part, ces séquences ont permis de prendre conscience de l’importance des problématiques du monde rural et de la nécessité de s’y intéresser et d’agir.
D’autre part, cela a également permis de rencontrer des chrétiens provenant de tous les diocèses et notamment les territoires ruraux. Ces sessions ont été l’occasion de faire venir ces personnes aux Assemblées plénière, qui étaient invitées par leur évêque.
Lors de chaque Assemblée plénière, depuis trois ans, l’hémicycle est alors composé de 200 invités et 100 évêques lors des temps de discussion et de réflexions sur des sujets actuels. Les invités maîtrisaient parfois plus que nous, j’ai beaucoup appris. Ces discussions autour de l’écologie intégrale entraînent un véritable mouvement de synodalité. La dernière Assemblée plénière m’a particulièrement marqué tant par le nombre de personnes présentes que par la diversité des horizons, des personnes en situation de précarité étant également présentes. Ce cycle de trois années sur l’écologie intégrale, a remis en exergue l’idée que l’encyclique Laudato Si’ soit reçue comme un texte fondamental du pontificat du pape François.
Concrètement, quel est l’objectif de cette visite des évêques au Salon de l’agriculture ?
Le pape François, toujours dans son encyclique Laudato Si’, explique que « Tout est lié ». C’est-à-dire que le rapport à la nature, le rapport aux autres, le rapport à Dieu, sont interdépendants. J’aime dire que tout est lié – pour reprendre les paroles du pape François – mais que rien n’est simple. La terre n’est pas aussi docile qu’on le voudrait. On prend conscience du défi que nourrir la planète représente. À quel coût ? Par quels moyens ? C’est cela qu’il est important de comprendre. Et rien de mieux pour comprendre, que de rencontrer directement les personnes qui travaillent cette terre.
Il y a deux ans, lors du Salon de l’Agriculture 2020, nous avions rencontré des syndicats. Ces personnes n’attendent pas de réponses techniques de la part des évêques, et plus largement, de l’Église. Lors des Salons de l’Agriculture en particulier, la présence des évêques permet de créer des liens avec les agriculteurs et de les faire se rencontrer, afin qu’ils partagent leurs projets, leurs difficultés, et qu’ils s’entraident. Les agriculteurs, les syndicats, communiquent lorsque la délégation de la Conférence des évêques de France vient les voir. Je n’ai pas de compétence particulière sur ces questions mais comme chrétien, je manifeste que ce sujet est important et je favorise un dialogue. Il y a un aspect symbolique dans cette visite au Salon de l’Agriculture. Les agriculteurs sont contents que l’on soit là, et nous aussi.