Une Europe purement économique?
L’économie a toujours fait partie du projet européen. Cependant l’objectif du projet européen était bien politique ; l’économie n’était pas le but mais le chemin et l’instrument du projet politique de réconciliation et de paix. En ce sens, le pari a été gagné.
Il s’agissait aussi, dans une Europe en ruines, de permettre d’augmenter le niveau de vie le plus vite possible et de partager un certain niveau de prospérité. Il s’agissait encore, comme le précisa Robert Schuman, dans sa déclaration du 9 mai 1950, de partager ce développement et cette prospérité au-delà des seules frontières de l’Europe, notamment au bénéfice de l’Afrique.
Mais avec le refus de la France de signer le traité instaurant la communauté européenne de défense (CED) en 1954, l’économie prend quasi exclusivement les commandes du processus qui va conduire au Marché commun et finalement à l’euro. Il faudra attendre le Traité de Maastricht en 1992 pour que la dimension politique regagne du terrain.
Aujourd’hui les compétences de l’Union, exclusives ou partagées, ont été élargies : justice, sécurité, environnement, transports, santé publique, aide au développement, éducation et formation, recherche, politique extérieure et de sécurité commune… Certes, pour beaucoup, elles demandent à être approfondies. Mais elles existent. Trop souvent sans doute, nous ne le savons pas. Mais prenons la peine de voir combien l’Europe est présente dans la réalisation de nos équipements régionaux à travers les fonds structurels, combien le Parlement s’est battu pour pérenniser le plan « grande pauvreté ». Qui en parle ?
De même, la citoyenneté européenne a pris des couleurs même si elle demande également à être développée : protection consulaire réciproque, droit de vote dans le pays de résidence pour tout ressortissant de l’Union aux élections locales et européennes, droit d’initiative qui, soit dit en passant, n’existe pas en France…
L’avenir de l’Europe passe par le renforcement de sa dimension politique. Mais le voulons-nous vraiment ?
Article extrait de la fiche « L’Europe en 12 questions »