1. Retrouver le politique
Le constat n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, la politique dans notre pays ne cesse de voir son discrédit grandir, provoquant au mieux du désintérêt, au pire de la colère. Le temps qui passe voit le fossé se creuser entre les citoyens et leurs représentants et gouvernants. La crise de la politique est d’abord une crise de confiance envers ceux qui sont chargés de veiller au bien commun et à l’intérêt général. Des ambitions personnelles démesurées, des manœuvres et calculs électoraux, des paroles non tenues, le sentiment d’un personnel politique coupé des réalités, l’absence de projet ou de vision à long terme, des comportements partisans et démagogiques… sont injustifiables et sont devenus insupportables. S’il ne s’agit pas de rêver à une illusoire pureté dans les rapports sociaux et politiques, l’attitude et l’image de quelques-uns jette le discrédit sur l’ensemble de ceux qui vivent l’engagement politique comme un service de leur pays. Et sans doute faut-il reconnaître que nos hommes politiques ne sont peut-être pas très différents de nous, et cherchent à satisfaire nos propres intérêts. Dans le siècle écoulé, des figures éminentes et discrètes comme Robert Schuman, Edmond Michelet et bien d’autres de sensibilités politiques différentes, ont montré toute la noblesse du service politique. Il faut aujourd’hui soutenir ceux qui sont prêts à s’engager dans cet esprit. A cet égard, le sérieux avec lequel un certain nombre de jeunes réfléchissent sur le sens du politique et se forment à l’engagement pour changer des choses en vue de l’intérêt général est un signe d’espérance dans ces temps de discrédit du politique.
Si la politique au sens d’un fonctionnement et d’une pratique connaît un grave malaise aujourd’hui, c’est que quelque chose d’essentiel s’est perdu ou perverti. Et cela n’est pas de la seule responsabilité de la classe politique. Notre société, et plus largement toute vie en commun, ne peut pourtant pas se passer du politique. Le politique précède la politique, il ne se résume pas à sa mise en application. Il affirme l’existence d’un « nous » qui dépasse les particularités, il définit les conditions de la vie en société, tandis que la politique désigne les activités, les stratégies et les procédures concrètes qui touchent à l’exercice du pouvoir. Dans nos pays démocratiques, ce pouvoir vient de l’élection par les citoyens. Mais ce qui doit fonder cet exercice c’est le politique, la recherche du bien commun et de l’intérêt général qui doit trouver son fondement dans un véritable débat sur des valeurs et des orientations partagées. Aujourd’hui, la parole a trop souvent été pervertie, utilisée, disqualifiée. Beaucoup veulent la reprendre, au risque de la violence, parce qu’ils ont l’impression qu’elle leur a échappé, et ne se retrouvent plus dans ceux qui, censés les représenter, l’ont confisquée.
Pistes pour échanger
- Quel jugement portez-vous sur la politique dans notre pays ?
- Que faudrait-il changer ?
Table des matières
« Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique »
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France aux habitants de notre pays
- Retrouver le politique
- Une société en tension
- Ambivalences et paradoxes
- Un contrat social à repenser
- Différences culturelles et intégration
- L’éducation face à des identités fragiles et revendiquées
- La question du sens
- Une crise de la parole
- Pour une juste compréhension de la laïcité
- Un pays en attente, riche de tant de possibles