En Nouvelle-Calédonie, avancer ensemble vers la vérité
La Nouvelle-Calédonie se prépare à vivre le troisième référendum pour l’indépendance du territoire, le 12 décembre 2021. Il s’agit du deuxième des trois référendums prévus par l’accord de Nouméa signé en 1998, après celui de 2018, et du troisième organisé sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le premier remontant à 1987. Mgr Michel-Marie Calvet, archevêque de Nouméa depuis 1981, nous donne quelques échos de la vie diocésaine locale, et de ce qu’il perçoit sur la situation sanitaire et sociale en Nouvelle-Calédonie.
Comme l’année précédente, l’année 2021 aura été marquée par la pandémie du coronavirus. En Nouvelle-Calédonie, l’irruption du variant delta a causé en deux mois une catastrophe sanitaire (plus de 270 morts depuis le 9 septembre 2021), qui aurait pu être évitée à plus de 90% si les vaccins disponibles avaient été utilisés en milieu d’année… Un gâchis humain mémorable !
On a l’impression que c’est comme si la mort revenait un petit peu plus comme sujet de conversation, que cela devient une réalité à nouveau. Dans beaucoup d’espaces de notre société dite moderne, la mort est occultée, elle est cachée parce que ce n’est pas quelquefois très agréable d’y penser. Oui, d’une certaine manière c’est un élément qui est essentiel. Dans toutes les civilisations la mort, la représentation de la mort, la manière de se situer devant la mort est quelque chose qui est fondamental. Pour les chrétiens c’est le cas et ce n’est pas pour rien si le lendemain de la Toussaint 1er novembre où l’on fête tous ceux qui ont réussi leur vie avec le Seigneur et qui sont avec lui maintenant, le 2 novembre, c’est la fête des défunts, on fête tous les défunts ; c’est quelque chose qui concerne tout le monde. Il y a un horizon de la réussite éternelle ; mais il y a aussi le fait que chacun est appelé à passer cette marche ; il faut s’y préparer, mais il ne faut pas être obnubilé par ça. La mort fait partie de la vie d’une certaine manière. Une chose est sûre : c’est que quand quelqu’un naît, il est sûr qu’il mourra.
Et pourtant les autorités sanitaires, politiques et administratives ont fait de leur mieux. Depuis longtemps, dans des recherches fondamentales, on connait le danger de renoncer à la recherche patiente et tenace de la vérité au profit d’idées toutes faites, plus facilement manipulables. En matière d’histoire cela conduit au succès du ‘négationisme’ où le préjugé remplace la vérité historique, même si elle peut être dérangeante. En matière de communications, 2021 apparaît comme l’âge d’or des « fake news », des théories complotistes triomphantes. Un lecteur de l’Évangile, en particulier l’évangile de Saint Jean, sait que seule, la vérité rend libre et que chacun dans son domaine se doit de la rechercher sans se lasser, même si c’est difficile ; et il sait aussi très bien qui en profite lorsque cette recherche essentielle est abandonnée, celui qu’il nomme le « père du mensonge ».
Ne nous laissons donc pas impressionner par les fausses nouvelles fabriquées dans l’obscurité, mais avançons dans la pleine lumière de la vérité. L’Église en chemin, dans notre contexte actuel avec ses épreuves et ses faiblesses, reçoit l’encouragement que lui propose le pape François qui a mis en route une « démarche synodale sur la synodalité » proposée aux chrétiens de tous les diocèses du monde en vue de préparer le Synode des évêques à Rome en octobre 2023. Le thème diocésain pour 2022, que j’avais donné lors des célébrations du 15 août 2021, à La Conception : « Marie se mit en route, avec empressement », rejoint très bien cette démarche synodale qu’il nous invite tous à rejoindre, « avec empressement ». Que Marie nous inspire pour participer de grand cœur à cette démarche synodale diocésaine qui s’étendra sur la première moitié de l’année 2022.
Sur la 3ème consultation référendaire qui a lieu le 12 décembre 2021, que peut dire l’Eglise ? L’Eglise redit toujours le même message : c’est d’appeler les gens à leur responsabilité. Ce qui est le pire dans des situations de ce genre, c’est de croire que la politique est du spectacle et qu’on fait du spectacle quand on peut le faire et quand le théâtre est ouvert. Non, la politique se fait tout le temps. Elle se fait quand il y a un cyclone, elle se fait quand il y a une épidémie, il n’y a pas d’arrêt. Etre responsable dans la politique c’est faire face à la situation en tout temps. Les marins le savent : quand on navigue on est sur l’eau et il faut naviguer par tout temps.
Propos recueillis par J.F. Bodin
pour la revue diocésaine Eglise en Nouvelle-Calédonie (n° 419 de décembre 2021)
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