Arrivée des pèlerins climatiques en Pologne pour la COP 24
Un groupe de pèlerins climatiques est arrivé en Pologne le 7 décembre, jour de la Sainte Barbara, fête patronale des mineurs du charbon, à Rybnik (Silésie, Pologne). Témoignage de Sébastien Dumont, pèlerin climatique.
« Nous, pèlerins climatiques marchant depuis Rome depuis plus de deux mois pour rejoindre la COP24 à Katowice, vivons cette expérience comme une invitation à un déplacement intérieur. C’est certainement l’une des caractéristiques de ce pèlerinage : nous adapter à nos hôtes, les accueillir pour ce qu’ils sont. Certes, nous marchons aussi pour parler de notre démarche et encourager la conversion écologique des communautés qui nous accueillent. Mais, à Rybnik, nous découvrons par l’intermédiaire de la paroisse ou de la mairie qui nous reçoivent, que l’activité minière est contestée.
Ce fut d’abord une culture avec sa richesse, que l’Église a accompagnée, d’où la fête patronale. C’est bien sûr une activité économique qui fait vivre des familles. Mais les activités minières génèrent aussi des soucis de santé chez les enfants. La famille qui nous accueille pour une nuit, consulte par exemple, comme d’autres, les niveaux de pollution avant de se déplacer sur Rybnik. La ville du charbon, c’est aussi des maisons qui risquent de s’écrouler. Le contexte législatif favorise en effet largement les compagnies minières, qui mettent les populations devant le fait accompli et ne peuvent se retourner contre les compagnies que quand la maison s’est effectivement écroulée. Si bien qu’en marchant depuis aujourd’hui avec des gilets jaunes sur lesquels il est écrit : “Coal No Future” (Charbon – Pas de futur), non seulement nous ne suscitons pas la désapprobation, mais encore nous sommes accueillis très chaleureusement.
Ce pèlerinage regroupe des personnes d’horizons divers (religion, pays etc…). C’est la volonté de Yeb Sano, ancien négociateur pour les Philippines auprès de l’ONU, qui a choisi de démissionner de son poste en 2014 pour prendre son bâton de pèlerin. Car c’est toute la « famille humaine » qui est concernée par le réchauffement climatique, et d’abord les plus pauvres. C’est aussi un pari de vivre ensemble chaque jour avec nos limites. Souvent je pense à cette parabole qui nous parle du Royaume des Cieux à travers ce repas où sont venus tous ceux qui n’avaient pas d’occupation, ou qui ne sont pas dans la norme. Notre expérience, me semble t-il, en ce qu’elle témoigne d’un déjà-là du Royaume, relève de cela.
Nous sommes partis de Rome le 4 octobre dernier, jour de la Saint François d’Assise. Chaque jour nous avons posé un pied l’un après l’autre. Parfois il a fallu ne pas céder à la lassitude. Parfois même, le “à quoi bon ?” a rendu la marche difficile. Mais, pas après pas, nous avons avancé. Nous avons rencontré des communautés qui nous ont remercié pour l’espérance que nous leur apportions. La beauté de leur témoignage nous a fait grandir aussi dans l’espérance. Demain, nous arrivons à Katowice. Cette expérience est déjà un miracle. Nous prions et espérons que les dirigeants de la planète réunis pour la COP24 se mettront en marche eux-aussi pour la sauvegarde la maison commune. »
Sébastien Dumont, pèlerin climatique.