Faire vivre la communauté humaine
« Faire vivre la communauté humaine », thème de la cinquième méditation pour le Carême, à partir de « Nouveaux modes de vie ? L’appel de Laudato Si’ »
« La prévision de l’impact sur l’environnement des initiatives et des projets requiert des processus politiques transparents et soumis au dialogue… Il est toujours nécessaire d’arriver à un consensus entre les différents acteurs sociaux qui peuvent offrir des points de vue, des solutions et des alternatives différents. Mais à la table de discussion, les habitants locaux doivent avoir une place privilégiée… » (Laudato Si’, §182 et 183).
Au terme de cette démarche de Carême, cette ultime étape, au souffle de Laudato Si’, nous invite à faire vivre la communauté humaine et donc à vérifier les modalités de notre participation sans réserve à l’habitation de la « maison commune ».
L’actualité politique et sociale de notre pays rend cette étape décisive à notre réflexion, notre prière et notre engagement… Comment développer le désir du vivre ensemble ? Comment favoriser un véritable dialogue dans la société ? La place accordée par le Pape François au dialogue avec le monde constitue un appel à convertir tout espace public en lieu de communauté et de communion.
Le chantier est immense et il demande de nombreux témoins de l’Evangile, aux missions les plus diversifiées, qui dans une conversion permanente se laissent animer par « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus-Christ qui habite en vous » (Rom 8, 8-11).
Ce cinquième dimanche de Carême invite donc à nous mettre en état d’aimer ce monde pour mieux le transformer… Au-delà des structures, c’est d’abord les relations entre les personnes, les communautés qu’il faut transformer au jour le jour. Se parler, s’écouter, être attentif à l’autre et particulièrement aux petits et aux pauvres pour tisser de nouvelles possibilités de rencontres et d’action communes. Ezéchiel invite à la confiance et à l’écoute de Dieu « Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez. J’ai parlé et je le ferai ! » Ez 37, 12-14.
L’attente des hommes et des femmes de notre pays, en ces jours, est grande, mais le désarroi n’est pas moins grand quand ce n’est pas l’inquiétude, voire le désespoir. Et si nous rejoignons Marthe et Marie, dans l’Evangile de ce dimanche, nous voyons qu’elles vivaient à la fois la grande tristesse, la souffrance de la séparation d’avec Lazare, leur frère et l’attente de la présence active du Seigneur. Sa parole précédera son action « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi ne mourra jamais » Jn 11.
L’acte de foi donne vie au souffle de l’Esprit. Cette vie que nous célébrerons dans la nuit pascale mais aussi par notre incarnation au quotidien, là où nous vivons, avec nos voisins et tous ceux qui portent l’avenir, localement et pour notre pays. Nous avons besoin plus que jamais de partage et de concertation. Quand la concertation ou le débat arrive trop tard, ils ne font qu’exacerber les oppositions et empêcher la construction des consensus.
Mettons tout en œuvre pour améliorer ou rétablir des relations de confiance, pour susciter une qualité nouvelle pour des décisions sociales et politiques, mais aussi pour construire des espaces et des occasions propices au développement d’une fraternité vécue.
Osons et encourageons cette fraternité humaine qui ne gomme pas les différences et les oppositions, mais rend leur expression possible sans déclencher un cycle de violence. Notre regard et notre écoute bienveillante impliquent une prise de risque, celle de la conversion qui ouvre déjà le chemin de Pâques !
Père Pierre-Yves Pecqueux