L’exposition sur Albert Marquet en Normandie

Fiche de l’Observatoire Foi et Culture du 12 juillet 2023, n°26, à propos de l’exposition sur les œuvres qu’Albert Marquet réalisa en
Normandie

L’été est propice à découvrir des lieux ainsi que des expositions. Ceux qui passeront par Le Havre ne manqueront pas de se rendre au Musée d’Art moderne André Malraux. Non seulement c’est un très beau lieu qui dispose d’une belle collection permanente, avec des peintres ou bien havrais, tels Raoul Dufy et Eugène Boudin, ou bien ayant travaillé dans cette ville et sa région. Il y a quelques années, on se souvient d’une exposition Nicolas de Staël ; cette année, du 22 avril au 24 septembre, une exposition est consacrée aux œuvres qu’Albert Marquet réalisa en Normandie.

Marquet est né à Bordeaux le 27 mars 1875. Affecté d’un pied-bot, il sera réformé lors des différentes guerres. Dès 1940, il signe avec d’autres artistes une protestation contre le nazisme. De ce fait, il devra se réfugier à Alger. Durant cette période il adhère au Parti communiste. Il meurt le 14 juin 1947 à Paris. Marquet, proche de Matisse, influencé par les impressionnistes, travaille le plus souvent en adoptant un point de vue qu’il acquière en se plaçant en hauteur, depuis un hôtel, d’où il regarde la scène qu’il va traduire dans ses toiles. Nombre de fois, il écrit que lors de ses séjours normands, il a dû abandonner son travail, gêné par… la pluie ; il le reprendra ensuite plus tard. Mais ceci, loin de constituer un obstacle, lui donne de travailler surtout l’eau et le ciel ; il est doué d’un art consommé pour mettre en valeur les reflets et les transparences.

Dans la lignée de l’impressionnisme, Albert Marquet joue de la lumière ; celle-ci est particulièrement bien mise en valeur par l’accrochage que propose le musée du Havre. Il faut reconnaître que les ciels normands, parce qu’ils sont changeants et n’ont pas l’ennuyeuse monotonie du ciel méridional, mettent en valeur les jeux de lumières et imposent aux artistes de bien plus grands défis qu’un soleil omniprésent. Ceci sera particulièrement mis en valeur par les séries de Claude Monet, telles ses cathédrales de Rouen ou ses meules de foin. Marquet donne à voir des scènes assez semblables ; tout l’art du peintre est de transcrire les changements imperceptibles que produisent les mouvements de la lumière. Marquet connaît bien ses devanciers comme ses contemporains. Il reprend certains de leurs thèmes pour en proposer son interprétation. Ainsi, cette toile de 1906, Le 14 juillet au Havre, où l’on peut percevoir un écho de cette autre toile de Claude Monet, présente au Musée des Beaux-Arts de Rouen, Rue Saint-Denis, fête du 30 juin 1878.

Cependant, Albert Marquet fait œuvre d’originalité, dans son travail mais aussi dans les points de vue qu’il adopte. Ainsi, peignant les quais de Rouen, il ne se positionne pas depuis la rive gauche de la Seine, donnant à voir la fameuse cathédrale, mais il s’installe dans un hôtel qui surplombe les quais de la rive droite ; son intérêt porte sur l’activité du port et le paysage industriel de la rive gauche.« Je n’ai pas d’autre moyen d’expression que la peinture et le dessin, Regardez. Si vous ne me comprenez pas, c’est que je n’ai pas réussi ou que vous ne pouvez pas comprendre. Moi, je ne peux pas en dire plus ou le dire autrement. J’ai fait de mon mieux ».

Marquet est un peintre de l’eau, des couleurs qui deviendront de moins en moins accentuées, un peintre qui considère un paysage non comme un idéal mais le lieu où se déploient la vie des hommes et leurs activités. « Les points de vue plongeants, qu’il affectionne, fournissent la solide armature de ses compositions entre la diagonale du cours d’eau filant vers l’horizon et la verticalité des mâts ou des arbres, soulignées par un tracé sommaire »

Bel été à vous tous. Belles visites. Belles découvertes.

+ Pascal Wintzer Archevêque de Poitiers

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