François Peltier, peintre
Fiche de l’Observatoire Foi et Culture (OFC) du mercredi 23 mai sur François Peltier, peintre.
François Peltier achève une magnifique peinture représentant l’Apocalypse, intitulée Avènement. Fresque qui prendra place dans le cloître de la collégiale de Saint-Émilion, en Gironde. Qui est François Peltier ? Dans un Essentiel de La Vie du 16 octobre 2014, il exprime son credo : « Je ne peux prétendre détenir la vérité, la connaître absolument ou la reconnaître toujours. Mais j’ai cet objectif : transcender le réel, détecter la part sacrée dans la matérialité et la transmettre, du mieux que je peux. » François est un catholique, passionné par les questions religieuses et spirituelles. Sa vocation de peintre est née très tôt, dès l’âge de 15 ans et à 20 ans sa première exposition contenait un certain nombre de têtes de Christ. « J’étais fasciné par le mystère de l’Incarnation, par la double nature de Jésus. “Celui qui m’a vu a vu le Père” (Jn 14, 9) : en tant que peintre croyant, toutes les possibilités s’ouvraient à moi. »
Il ajoute : « J’aspire à dire l’indicible, à exprimer un absolu, même sur un sujet trivial en apparence. Au lieu de représenter un arbre sous son aspect purement végétal et utilitaire, je le peins pour montrer l’œuvre de Dieu. Je ne cherche pas à rendre mieux un bois ou un nu, mais à le rendre plus profond, plus justement. »
François Peltier a peint un Chemin de croix dans l’église de Bias, en Lot et Garonne, inauguré en avril 2010, jour du Vendredi saint. Ce chemin de croix, réalisé en sept mois dans une optique de transmission, lisible par tous, a été l’occasion pour François d’une plongée dans la souffrance et la rédemption. L’œuvre prend place dans une église en trois couleurs représentant les trois vertus théologales : le rouge pour la charité, le bleu pour la foi, le vert pour l’espérance.
Avènement, œuvre qui sera inaugurée à Saint-Émilion, mérite le détour. Elle sera en place pour cet été 2018. Je voudrais souligner en quelques mots le talent de ce peintre qui ne laisse jamais indifférent. Sa technique au service d’un désir de transmettre quelque chose de beau, sa foi ardente en Jésus le Christ ont quelque chose de touchant et d’apaisant.
À première vue, l’œuvre fourmille de détails. Comment déchiffrer ce que l’auteur a voulu dire ? Quel lien peut-on faire avec le livre de l’Apocalypse ? Pour cette belle réalisation de l’Apocalypse, François Peltier a travaillé le texte biblique avec des théologiens et des exégètes, passionistes et dominicains. Il faut en effet une formation théologique sérieuse, solide, pour aborder un tel texte sinon le risque est de glisser rapidement dans l’ésotérisme dont sont friandes les mentalités actuelles.
L’œuvre de François Peltier est une peinture sur bois (chêne, tilleul, peuplier) de 38 m 50 de long et 5 m de large. Elle est divisée en quatre parties : la conception du mal, le déferlement du mal, le manque et les sept béatitudes citées dans l’Apocalypse. Au milieu de l’œuvre, sont représentées les sept Églises et ce que l’Esprit leur transmet.
François Peltier a voulu exprimer le combat contre le mal, contre la Bête. Mais à chaque étape, il y a la possibilité pour l’homme de choisir le bien. À côté de Babel en train de tomber, une échelle ouvre sur le ciel. On perçoit aussi les rois qui symbolisent l’attrait de l’argent, la guerre, le gaspillage, la technologie, l’entrave à la liberté d’expression.
C’est un foisonnement de couleurs, d’images, de détails surprenants qui s’offrent au spectateur. D’un côté il y a la prostituée tenant une coupe remplie de billets de banques, de l’autre la femme qui enfante le bien.
La ville où on peut entrer avec la grande clé ressemble à un puits et à un labyrinthe sans issue. À la fin de l’œuvre apparaît la Jérusalem céleste.
La terre est représentée par la forme du carré. Un serpent parcourt la première partie de cet ensemble. Un ange verse la coupe sur la bête de la mer. L’Euphrate est représenté par quatre mains. François Peltier a utilisé plusieurs techniques de peinture sur bois : Le brûlis avec ses tons noirs, les dorures d’or pour évoquer le ciel. Il a une préférence pour le glacis à l’huile (technique d’origine flamande du 15e et 16e siècle). Le glacis est une fine pellicule de peinture transparente superposée à une couche de peinture plus épaisse. Le glacis est idéal pour représenter des zones d’ombres… Il suffit d’appliquer une fine couche de peinture transparente sur une sous-couche de la même couleur mais plus claire.
Dans la collégiale de Saint-Émilion, cette peinture devrait offrir une belle catéchèse aux enfants et aux touristes. Avant d’entrer dans l’édifice religieux, l’ouvre de François Peltier prépare le cœur et l’esprit. Le
foisonnement de symboles est tel qu’il faudra s’attarder longuement, demander peut-être quelques explications. Le dernier livre de la Bible est complexe et énigmatique.
Il est heureux qu’un artiste contemporain propose ainsi lecture du livre de l’Apocalypse. François Peltier se situe dans une tradition bien connue qui va des sculptures et peintures de nos cathédrales à la tenture de
l’Apocalypse d’Angers (réalisée à la fin du 14e siècle). Faites une visite à Saint-Émilion, vous ne serez pas déçus !
Mgr Hubert Herbreteau