Deus Caritas Est
Cette lettre du pape, qui s’adresse à chacun de nous, est un enseignement sur l’amour chrétien. Cette encyclique est assez brève (une quarantaine de pages) et se divise en deux parties : « Unité de l’amour dans la création et dans l’histoire du salut », puis « L’exercice de l’amour de la part de l’Eglise en tant que communauté d’amour ».
Mgr William J. Levada, actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, souligne que « l’encyclique Deus caritas est propose une vision de l’amour, qui trouve sa source dans l’essence même de Dieu qui est Amour ». Il ajoute qu’elle « invite l’Eglise à renouveler son engagement au service de la diaconie-charité, qui constitue une partie essentielle de sa vie et de sa mission ».
Eclairage de Mgr André Dupleix
Une encyclique sur la source jaillissante de la foi…
« Dès que fut connu le titre de la première encyclique de Benoît XVI « Dieu est Amour », avant même d’en connaître intégralement le contenu, une certaine surprise vint du fait que ces mots, directement empruntés à l’une des affirmations les plus fortes du Nouveau Testament (1 Jn 4,16), traduisaient non pas – ce qui était souvent le cas jusqu’ici – tel ou tel aspect essentiel de la foi chrétienne, mais sa source même.
Une lecture attentive confirme la première impression : nous avons là un texte fondamental qui – prenant de court ceux qui attendaient un discours programme au sens habituel du terme – renvoie tous les baptisés au centre irréductible et au coeur battant de leur vie spirituelle tout en fondant leurs engagements les plus divers dans le monde et dans la société.
L’intellectuel de haute volée qu’est Benoît XVI, habitué aux débats les plus serrés, religieux et éthiques de notre temps, aborde ici en pasteur, à partir de l’origine divine, la dimension essentielle et sûrement la plus urgente du témoignage et de la tâche des chrétiens dans nos sociétés : le service de la charité. A ce terme, souvent malmené, sont rendus toute sa force et sa pertinence. Précisément parce qu’il s’agit, bien plus qu’altruisme, philanthropie ou assistance condescendante, de la puissance même de l’Amour.
Ce que le Christ a vécu, paroles et actes, ce à quoi nous renvoie l’appel de Marie à Cana : «Ce qu’il vous dira, faites-le… », n’est autre qu’un Amour capable de transformer non seulement nos vies personnelles mais l’organisation des structures sociales, en donnant sens à l’évolution du monde, jusque dans ses éléments les plus complexes.
Cet Amour a des conséquences immédiates et visibles. Fondement des Béatitudes évangéliques et de ce qui a constitué depuis les origines la pensée et la pratique sociale de l’Eglise, référence oecuménique par excellence, il ouvre les portes de la justice, de la réconciliation, du respect de la dignité humaine, de la paix et de la confiance en l’avenir. IL est non seulement affirmation mais présence du Dieu Trinité à chaque phase de l’histoire et en chaque instant – fût-il le plus douloureux – de nos existences.
Que le début d’un Pontificat s’appuie sur le roc et s’abreuve à la source de toute la tradition chrétienne, comment ne pas le saluer comme un grand signe d’espérance…
Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la conférence des évêques de France
Février 2006