Mgr Mouïsse sur la fermeture de l’usine Marbot-Bata: « Je ne peux pas me taire »

Mouïsse Michel - Périgueux SarlatTribune libre publiée dans Sud Ouest le 8 Janvier 2010 par Mgr Mouïsse au sujet de la fermeture d’une usine de chaussure en Périgord.
Ce texte se place dans le contexte plus large des répercussions de la crise financière et des choix politiques qui les accompagnent. L’évêque de Périgueux et Sarlat exprime, en son nom et en celui de l’Église catholique de Dordogne, sa solidarité envers ceux qui, une fois de plus, font les frais de décisions pour le moins discutables. Il invite également tous les décideurs à replacer l’Homme au cœur de leurs préoccupations.
L’actualité de ces dernières semaines en Périgord nous a conduit à être les témoins impuissants du combat légitime mené par les salariés de l’usine Marbot de Neuvic.

A tous niveaux, des personnes souffrent.

Des hommes et des femmes demandent que leur travail soit reconnu et pris en compte dans la mise en place d’un vrai plan social.

Des hommes et des femmes sont mis à la porte d’une entreprise pour laquelle ils ont travaillé.

Pouvons-nous l’accepter sans rien dire ?

Cet événement, triste et douloureux pour celles et ceux qui en sont les premières victimes et, plus largement, pour la Vallée de l’Isle et pour le Périgord, m’amène à réagir.

Certes, nous sommes bien conscients du contexte de crise qui marque notre pays, l’Europe et le monde. Et nous mesurons que pour tous les responsables politiques, économiques et sociaux, ce contexte est difficile à gérer.

Mais il n’en demeure pas moins que la fermeture d’une usine comme celle de Marbot, qui a employé jusqu’à 1 600 personnes, reste un sujet d’interrogation, d’autant plus qu’il semble que des choix aient été opérés pour privilégier une production à l’étranger sous le prétexte d’un moindre coût.

D’où vient, dans cette affaire, que beaucoup aient l’amère impression que la personne humaine ne compte pour rien ? Même si la loi des marchés l’impose, que devient le bien des personnes qui ont contribué à la marche de l’entreprise ?

Ces questions me travaillent, à titre personnel, d’autant plus que j’ai été accueilli à l’usine
Marbot, lors d’une visite pastorale et que j’ai rencontré des hommes et des femmes qui se voient aujourd’hui privés de leur emploi.

Je voudrais, en mon nom personnel, et au nom de l’Eglise catholique en Périgord, leur exprimer notre proximité, notre solidarité dans cette épreuve et dans l’injustice dont ils sont victimes.

Je voudrais aussi souhaiter que cet événement soit pour nous tous, pasteurs, décideurs politiques, économiques et sociaux, l’occasion d’un sursaut d’humanité et de fraternité… pour que le combat des salariés de l’usine Marbot porte au moins des fruits d’une plus grande justice sociale et que chacun, pour notre part, nous puissions apporter notre contribution à l’édification d’une société plus juste et plus humaine.

Mgr Michel Mouïsse
Evêque de Périgueux et Sarlat
7 janvier 2010
 

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