Témoignages de la Vigile avec le Pape François
Je m’appelle Rand Mittri. J’ai 26 ans et je viens d’Alep, en Syrie. Comme vous le savez peut-être, notre ville a été détruite, ruinée et brisée. Le sens de notre vie a été anéanti. Nous sommes la ville oubliée. Cela peut être difficile pour une grande partie d’entre vous de comprendre l’étendue de ce qui se passe maintenant dans mon pays bien-aimé, en Syrie. Il va m’être très difficile de vous donner une image de la vie pleine de douleur en quelques phrases, mais je vais partager avec vous quelques aspects de notre réalité. Chaque jour, nous vivons entourés de la mort. Mais comme vous, le matin, nous fermons la porte quand nous allons au travail ou à l’école. C’est à ce moment que nous sommes pris par la peur de ne pas pouvoir rentrer pour retrouver nos maisons et nos familles. Peut-être serons- nous tués ce jour. Peut-être nos familles ne seront plus en vie. C’est un sentiment dur et douloureux de savoir que tu es entouré de la mort et de la tuerie, et qu’il n’y a pas de possibilité de s’enfuir : il n’y a personne pour t’aider. Est-il possible que ce soit la fin et que nous soyons nés pour mourir en souffrance ? Ou bien sommes-nous nés pour vivre, pour vivre la vie le plus pleinement possible ? Mon expérience de cette guerre a été rude et difficile. Mais tout ça a fait que j’ai mûri et j’ai grandi avant mon âge, que je vois les choses d’une perspective différente.
Je travaille dans le centre Don Bosco à Alep. Notre centre reçoit plus de 700 jeunes hommes et femmes qui s’y rendent en espérant de voir un sourire ou entendre un mot d’encouragement. Ils recherchent aussi quelque chose qui manque dans leurs vies : de vrais soins humanitaires. Mais il est très difficile pour moi de donner de la joie et de la foi aux autres quand moi-même je manque de ces choses dans ma vie. A travers ma maigre expérience de vie, j’ai appris que ma foi en Jésus Christ l’emporte sur les circonstances de la vie. La vérité n’est pas conditionnée par une vie en paix, exempté de souffrance. De plus en plus je crois que Dieu existe malgré toute notre douleur. Je crois que parfois, à travers notre douleur, Il nous enseigne le vrai sens de l’amour. Ma foi en Jésus Christ est la raison de ma joie et de mon espoir. Personne ne sera jamais capable de me voler cette vraie joie.
Je vous remercie tous et je vous demande sincèrement de prier pour mon pays bien-aimé, la Syrie.
Trad. : Alicja Slowik
Je m’appelle Miguel, j’ai 34 ans, je viens de Asunción, au Paraguay. Nous sommes onze frères et sœurs et je suis le seul à avoir des problèmes avec la drogue. J’ai vaincu mon addiction à la « Fazenda de la Esperanza San Rafael » (Maison de l’Espérance San Rafael) à Rio Grande do Sul, au Brésil. J’ai pris de la drogue pendant 16 ans, à partir de l’âge de 11 ans. J’ai toujours eu de grandes difficultés dans les relations avec ma famille, je ne me sentais ni aimé ni proche d’eux. On se disputait sans arrêt et on vivait constamment stressés. Je ne me souviens pas de m’être assis à table avec eux. Pour moi la famille était un concept inexistant, et la maison était juste un endroit pour dormir et manger. À l’âge de 11 ans je me suis enfui de la maison car le vide en moi était trop grand. Je continuais les cours, mais je voulais la «liberté». Quelques mois après, je me suis drogué pour la première fois sur le chemin de l’école. Cela ne faisait qu’approfondir le vide qui était en moi, je ne voulais pas rentrer à la maison, faire face à ma famille, faire face à moi-même. Ensuite j’ai abandonné l’école et mes parents m’ont fermé les portes de la maison, car ils avaient perdus tout espoir. À 15 ans, j’ai commis un délit pour lequel je suis allé en prison. En me rendant visite, mon père m’a demandé si je voulais changer et j’ai répondu « Oui ». Sorti de prison, peu de temps après je suis retourné à la criminalité. Un jour, j’ai commis un crime et j’ai été à nouveau mis en prison, cette fois-ci pour six ans, années durant lesquelles j’ai beaucoup souffert. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi aucun de mes frères et sœurs ne m’avaient pas rendu visite. Ainsi, les années ont passé et j’ai purgé ma peine. Mes parents sont restés toujours liés à l’Église. Après ma sortie de prison, un prêtre, ami de la famille, m’a invité à voir un endroit appelé “Fazenda de la Esperanza” (Maison de l’Espérance). J’étais sans but dans la vie. Toutes ces années perdues étaient fortement visibles dans mes yeux, sur mon visage. J’ai accepté d’y aller, et pour la première fois j’ai senti ce qu’était une vraie famille. Au début, les relations avec les autres et la vie commune étaient très difficiles pour moi. Là-bas, la méthode de guérison se fait au travers de la Parole de Dieu. J’avais un colocataire que je ne pouvais pas alors pardonner. J’avais besoin de paix, et lui, il avait besoin d’amour. Pendant les sept mois que j’ai passés dans cet endroit, il me fut demandé de faire quelque chose pour améliorer la vie dans la maison. C’est ainsi que j’ai compris que Dieu voulait quelque chose de moi. Ce camarade a reçu une lettre de sa femme. Leurs relations n’étaient pas très bonnes. Cela m’a aidé à mieux le comprendre. Je lui ai donné cette lettre et il m’a dit « Frère, peux-tu me pardonner ? » et je lui ai répondu « Oui, bien sûr. Dès ce moment, j’eu une excellente relation avec lui. Dieu nous transforme vraiment, IL nous restaure !
J’ai recouvré complètement ma santé il y a 10 ans, j’étais responsable de la maison «Quo Vadis ? » à la Maison de l’Ésperance à Cerro Chato, pendant trois ans.
Trad. : Joasia Kierska
Le 15 avril 2012, un dimanche, je me suis réveillée dans mon appartement de Łódź. C’est la troisième plus grande ville de Pologne. J’étais alors rédactrice en chef de magazines de mode et depuis 20 ans je n’avais rien en commun avec l’Eglise. J’allais de succès en succès au travail, je sortais avec de sympathiques garçons, je vivais de soirée en soirée – et c’était le sens de ma vie. Tout était super. Mais ce jour d’avril 2012, je me suis réveillée en réalisant avec inquiétude que ce que je faisais de ma vie était loin du Bien. J’ai compris que je devais aller me confesser ce jour-là. Je ne savais pas bien ce qu’il fallait faire, alors j’ai recherché sur Google. Dans un des articles que j’ai trouvé, j’ai lu cette phrase : Le Christ est mort par amour pour nous. J’ai alors compris : le Christ est mort parce qu’il m’aime ; il veut me donner pleinement la vie ; et moi, indifférente, je suis assise dans la cuisine à fumer une cigarette. J’en pris soudain conscience, et fondis en larmes. Je pris une feuille de papier, et je me mis à dresser la liste de mes péchés. Tous étaient évidents, ils me sautaient aux yeux, et je m’aperçus que j’avais violé tous les Dix Commandements. Je sentais le besoin de parler à un prêtre. J’ai trouvé sur internet qu’à quinze heures il y aurait la possibilité de se confesser à la cathédrale. J’y courus, mais j’avais peur que le prêtre me dise : «Tes pêchés sont trop lourds, je ne peux rien pour toi ». Malgré cela je pris mon courage à deux mains et me rendis au confessionnal. J’ai tout raconté, et j’ai beaucoup pleuré. Le prêtre ne disait rien. Quand j’eus finit, il me dit : « C’est une très belle confession ». Je ne savais pas du tout ce qu’il voulait dire par là, il n’y avait rien de beau dans ce que je lui ai rapporté. « Tu sais quel jour nous sommes aujourd’hui? – dit-il. Le Dimanche de la Miséricorde. Tu sais quelle heure il est ? Il est quinze heures passées, c’est l’heure de la Miséricorde. Tu sais où tu te trouves ? Dans la cathédrale, là où Sœur Faustine priait quotidiennement, quand elle habitait encore à Łódź. C’est justement à elle que le Seigneur a dit qu’en ce jour Il pardonnerait tous les péchés, quels qu’ils soient. Tes péchés sont pardonnés. Ils ont disparu ; ne retourne pas vers eux, n’y repense même pas. » C’était des mots forts. Pourtant, en allant me confesser, j’étais persuadée que j’avais perdu la vie éternelle de façon irréversible ; et pourtant, j’ai entendu que Dieu a effacé que ce que j’avait fait de mal dans ma vie pour toujours. Que depuis toujours Il m’attendait, et avait choisi le jour de cette rencontre avec Lui. Je sortis de l’Eglise comme d’un champ de bataille : atrocement fatiguée, mais réjouie, avec le sentiment de victoire et la conviction que Jésus rentre avec moi à la maison.
Durant ces deux dernières années j’ai préparé les JMJ à Łódź, pour que les autres puissent vivre l’expérience que j’ai moi-même vécue. La Miséricorde de Dieu est pleine de vie, et jusqu’aujourd’hui elle perdure. J’en suis le témoin, et je souhaite la même chose à chacun d’entre vous.
Trad. : Théau LIZON