Vivre en chrétien
Pourquoi la vie chrétienne est-elle en elle-même engagement au service de l’homme ? Parce que le Christ lui-même a donné sa vie pour tous les hommes. « Le devoir immédiat d’agir pour un ordre juste dans la société est (…) le propre des fidèles laïques » écrit Benoît XVI dans l’encyclique « Deus Caritas Est » (29, 2). La solidarité est constitutive de l’être chrétien. Les propos des catéchumènes sont éclairants. Ils disent comment leur démarche de foi oriente autrement leur existence. La foi leur permet d’avoir un regard critique sur ce qui faisait jusqu’alors leur valeur et leur conception de la destinée humaine. Leur recherche spirituelle se concrétise dans la découverte d’une cohérence pour leur vie et une intelligence de la foi. Ainsi croire à Dieu, qui fait alliance avec l’humanité, conduit le nouveau croyant à adopter une cohérence de vie qu’il expérimente dans la manière d’être en relation aux autres, à Dieu. Et c’est toute l’expérience de la liberté humaine qui se trouve ainsi comme restructurée par la foi, une liberté qui apprend à se reconnaître faillible mais toujours à accueillir pleinement par L’Esprit de Dieu.
Dans l’Ancienne Alliance
Déjà du temps de l’ancienne Alliance, les membres du peuple d’Israël affirmaient que la foi au Dieu unique permet de poser la question du pourquoi de la vie mais aussi de répondre au comment se conduire d’une manière digne de l’être humain. Parmi de multiples passages, retenons particulièrement le texte des dix commandements (Exode 20, 1-17). Il est présenté comme une loi mais une loi pour vivre. Jésus va en quelque sorte encore plus loin en répondant à un scribe, spécialiste des textes religieux qui lui demandait quel était le plus grand des commandements. Il disait : « Voici le premier : Ecoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Marc 12, 28-32).
Dans l’Evangile
Dans l’Evangile, la loi, c’est le Christ. Il dépasse la logique du simple interdit pour ouvrir le croyant à la résurrection, c’est-à-dire à l’espérance d’une réconciliation plus forte que la haine, une fraternité plus forte que l’intolérance, une paix plus forte que la guerre, une justice plus forte que le mensonge et la domination… C’est la victoire de la vie.
Dans une parabole (Matthieu 25, 31-46), Jésus interprète l’amour de Dieu en un « Amen, je vous le dis : Chaque fois que vous l’avez fait (service rendu, ndlr) à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites ». En s’incarnant au milieu des hommes, Dieu se fait non seulement proche de chacun mais manifeste sa compassion à l’égard de tout homme. Il se révèle en Jésus comme le Dieu qui continue de pérégriner avec son peuple. Aujourd’hui ce qu’on appelle parfois la morale chrétienne n’est pas autre chose que la reconnaissance de la présence de Dieu. Dans la question de l’éthique, il y a la recherche du vrai bonheur de l’homme en paix avec lui-même et en vivant une qualité de relation aux autres et dans le respect de la nature. Mais en tout cela, la source demeure l’amour divin.
Lettre de saint Jacques (Jc 2, 14-18)
Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas, à quoi cela sert-il ? Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ?
Supposons que l’un de nos frères ou l’une de nos soeurs n’aient pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ;
si l’un de vous leur dit : « Rentrez tranquillement chez vous ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps, à quoi cela sert-il ?
Ainsi donc, celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte,
et on peut lui dire : « Tu prétends avoir la foi, moi je la mets en pratique. Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi ».
© AELF
Le Catéchisme de l’Eglise catholique
L’Église porte un jugement moral, en matière économique et sociale, » quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent » (GS 76, § 5). Dans l’ordre de la moralité elle relève d’une mission distincte de celle des autorités politiques : l’Église se soucie des aspects temporels du bien commun en raison de leur ordination au souverain Bien, notre fin ultime. Elle s’efforce d’inspirer les attitudes justes dans le rapport aux biens terrestres et dans les relations socio-économiques.
La doctrine sociale de l’Église s’est développée au dix-neuvième siècle lors de la rencontre de l’Evangile avec la société industrielle moderne, ses nouvelles structures pour la production de biens de consommation, sa nouvelle conception de la société, de l’Etat et de l’autorité, ses nouvelles formes de travail et de propriété. Le développement de la doctrine de l’Église, en matière économique et sociale, atteste la valeur permanente de l’enseignement de l’Église, en même temps que le sens véritable de sa Tradition toujours vivante et active (cf. CA 3).
(Source : troisième partie la vie dans le Christ ; deuxième section les dix commandements ; chapitre deuxième » tu aimeras ton prochain comme toi-même » ; Article 7 le septième commandement ; La doctrine sociale de l’Église)