Voyage de Benoît XVI au Liban : un message pour tout le Moyen-Orient
Le Liban, on le sait, comprend sur son territoire l’ensemble des religions et des confessions que l’on connaît au Proche-Orient.
Quatre patriarches catholiques y ont leur résidence principale : les chefs des Églises Maronite, Grecque, Arménienne et Syriaque. Les Églises Chaldéenne et Latine sont également représentées par des évêques.
Parfois critiqué pour son système politique confessionnel, le Liban est le seul pays de la région où chacun est libre de sa religion et libre d’en changer.
Les chrétiens du Liban sont les premiers partenaires de l’Œuvre d’Orient, historiquement et quantitativement.
Cependant le voyage du Saint Père ne vise pas seulement le Liban mais tous les chrétiens du Proche et du Moyen-Orient. Cela signifie que les Églises orientales européennes (d’Ukraine ou Roumanie), ou indiennes (malabare et malankare) sont intéressées mais pas directement impliquées. Cela signifie aussi que l’Église latine est concernée, dans les pays de longue tradition chrétienne, mais aussi dans la péninsule arabique. Rappelons que plus de 1.500.000 chrétiens vivent en Arabie Saoudite et ne disposent pas encore à ce jour de lieu de culte.
Ce voyage intervient donc dans un contexte sociopolitique très tendu dans la région. Trois pays, et non des moindres, l’Égypte, la Syrie et l’Irak, vivent des jours critiques pour leur avenir.
Le voyage du Pape, et le texte qu’il remettra, sont donc très attendus. Il ne peut revêtir l’aspect d’un soutien à un « camp chrétien » face à un « camp musulman ». Cette caricature ne serait que la projection de phantasmes occidentaux.
Le Pape rappellera la mission des chrétiens pour construire une société juste avec toutes les personnes de bonne volonté, ce qui est tout autre chose.
C’est en particulier dans leur service social, dans l’éducation et la santé, aidés par l’Œuvre d’Orient, que les chrétiens traduisent l’Évangile en acte.
Cependant il rappellera l’identité originale des Églises orientales, ce qui les unit, leur place éminente dans l’Église catholique qu’il ne faut pas confondre avec la seule Église latine.
Il rappellera aussi les liens qui unissent les deux rives de la Méditerranée, les connexions profondes qui rassemblent les pays méditerranéens non seulement sur les plans économique, politique, ou migratoire, mais aussi spirituel.
Le voyage pontifical donnera un dynamisme nouveau et attendu à la mise en place du récent synode pour le Moyen-Orient.
Relevons en particulier le souci de lacommunion entre les chrétiens, l’engagement des laïcs et la formation. Les « printemps arabes » ont montré l’urgence de former des cadres capables de s’engager au service du bien commun.
Enfin le voyage du Pape incitera les chrétiens d’Orient à s’impliquer dans la nouvelle évangélisation, pour laquelle un synode se tiendra prochainement à Rome, et dans l’année de la foi voulue par Benoît XVI.
L’Œuvre d’Orient a été très impliquée dans le synode :Mgr Philippe BRIZARD, mon prédécesseur, et Mgr Claude BRESSOLETTE, représentant du Cardinal Vingt-Trois à notre CA, étaient experts au synode. A Rome aussi, l’équipe de l’Œuvre était au service des médias français pour les aider à couvrir l’événement. L’occasion pour le nouveau Directeur Général que j’étais de faire connaissance avec les évêques présents.
Dans le même esprit, l’Œuvre d’Orient sera à l’écoute de l’enseignement du Saint Père afin d’aider les différentes communautés chrétiennes dans leur effort de renouvellement par la mise en place du synode.
Mgr Pascal Gollnisch
Directeur général
Le 21 juin 2012