50e anniversaire de la levée des anathèmes entre l’Église de Rome et celle de Constantinople

Il y a cinquante ans, le 7 décembre 1965 à la veille de la clôture du Concile Vatican II, le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras 1er par une déclaration commune, levaient les anathèmes en vigueur depuis le schisme de 1054. L’année 2015 est donc une année particulière, une année anniversaire symbolisant une étape importante dans l’évolution des relations entre l’Église de Rome et l’Église de Constantinople.

Afin de marquer cette date, un message (ci-après) a été rédigé par les membres du Comité Mixte de dialogue catholique-orthodoxe de France*. Une célébration des vêpres orthodoxes présidée par le Métropolite Emmanuel de la Métropole Grecque-Orthodoxe de France et Président de l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France (AEOF) en présence de Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, aura lieu à la cathédrale Notre-Dame le dimanche 4 octobre à 17h.


Message du Comité mixte de dialogue catholique-orthodoxe en France

Cette année 2015 est marquée symboliquement par le 50e anniversaire de la levée des anathèmes de 1054 entre les Églises de Rome et de Constantinople. Une célébration des vêpres orthodoxes aura lieu à la cathédrale Notre Dame de Paris le dimanche 4 octobre 2015 à 17h00. Depuis plus de trente ans, des théologiens de l’Église catholique et de l’Église orthodoxe, mandatés par les instances épiscopales de ces deux Églises en France, se réunissent régulièrement à Paris au sein du Comité mixte de dialogue catholique-orthodoxe pour retisser, dans l’Esprit Saint, des relations de confiance fraternelle, échanger des informations sur la vie des Églises, et, surtout, œuvrer à surmonter les divisions héritées du passé. Nos travaux ont pour but de relire ensemble notre histoire commune et de redéfinir, au-delà de nos différences légitimes, les lignes d’une ecclésiologie chrétienne commune. C’est ainsi que notre Comité mixte a publié aux éditions du Cerf en 1991 un ouvrage de 150 pages intitulé La Primauté romaine dans la communion des Églises, puis, en 2004, un autre ouvrage de 480 pages intitulé Catholiques et orthodoxes : les enjeux de l’uniatisme. Depuis une dizaine d’années nous poursuivons une réflexion de fond sur les rapports entre la primauté et la conciliarité dans l’Église. À la lumière de l’histoire du premier millénaire et d’une théologie de l’Église qui nous est largement commune, nous cherchons à préciser ce que pourrait être une juste articulation entre primauté et synodalité, au niveau des Églises locales et patriarcales comme au niveau de l’Église universelle.

En ce sens nous nous réjouissons des jalons importants posés par le texte de la Commission mixte internationale de dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe sur les « conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Église » (Ravenne, 2007).

Certes, nous n’ignorons pas les difficultés de réception de ce document. Plus largement, nous sommes conscients des obstacles qui se dressent encore sur le chemin de la communion espérée. Cependant, nous sommes convaincus qu’il nous faut aller de l’avant sur ce chemin. Nous y sommes spécialement encouragés par le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée qui, lors de leur rencontre à Constantinople le 30 novembre 2014, ont exprimé leur commune intention « d’intensifier [leurs] efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes ». Dans une Europe marquée par la poursuite d’un conflit en Ukraine, dans une société française fragmentée et meurtrie, aspirant à la paix sociale, et face à un Proche-Orient dévasté par la montée de l’extrémisme islamiste et la persécution des chrétiens, nous sommes convaincus que nos Églises doivent tout faire pour retrouver entre elles une véritable unité et fraternité dans le Christ. Nous ne pouvons pas nous dérober à l’exigence qui se fonde ultimement sur la volonté même du Sauveur : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21).

À Paris, le 14 septembre 2015

(*) Les membres du Comité Mixte de dialogue catholique-orthodoxe en France : membres catholiques : Monseigneur Roland Minnerath, Monseigneur Maalouf Charbel, Père Didier Berthet, Père Michel Fédou, Père Emmanuel Gougaud, Père Philippe Molac, Père Laurent Villemin ; membres orthodoxes : Monseigneur Emmanuel, Monseigneur Job, Père Jean Boboc, Archiprêtre Christos Filiotis, Hiéromoine Justin Jeremic, Hiéromoine Alexandre Siniakov, Prof. Michel Stavrou.

 

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