Décès du Cardinal Etchegaray : parole de Monseigneur Georges Pontier, administrateur apostolique de Marseille
Décès du Cardinal Etchegaray : parole de Monseigneur Georges Pontier, administrateur apostolique de Marseille, ancien président de la Conférence des Évêques de France.
Un homme chaleureux et simple.
Le Père Roger Etchegaray, comme on l’a appelé le plus souvent, laisse le souvenir d’un homme simple et chaleureux. Le béret basque sur la tête, un sourire bienveillant, encourageant, un accent bien trempé attiraient une immédiate sympathie. Il était un des meilleurs ambassadeurs du piment d’Espelette ! Jusqu’au bout il a aimé être visité. Il s’intéressait à la vie de chacun, des familles, de l’Eglise et du monde.
Un très grand serviteur de l’Eglise de France
Après ses premières années de ministère dans le diocèse de Bayonne, le Père Etchegaray devient secrétaire général de l’épiscopat, poste où il a servi avant de devenir lui-même en 1975 président de la conférence des évêques de France. Il excella dans ces responsabilités. Son amour de l’Eglise, son sens de la diplomatie lui ont permis d’accompagner les temps difficiles de la mise en œuvre du Concile Vatican 2 dont il avait été un des experts. Son esprit d’ouverture, son amour des hommes, son expérience pastorale lui donnent de trouver le juste ton pour entrainer le Conférence épiscopale à avancer sans peur et avec enthousiasme sur le chemin ouvert par le bon Pape Jean XXIII qui voulait que l’Eglise se fasse maitresse à la manière d’une mère. Je ne puis passer sous silence son long ministère d’Archevêque de Marseille (1971-1984) où il a laissé un souvenir encore vivant aujourd’hui. Ses éditoriaux, son sens de la formule, sa facilité de contact y ont fait merveille. Lui-même reconnaîtra combien ce passage à Marseille aura marqué sa vie et son ministère.
L’infatigable « ambassadeur » de l’Eglise universelle
Créé Cardinal, il deviendra Président des conseils pontificaux « Justice et paix » et « Cor unum ». Là il prendra la mesure de l’état du monde. Il saura puiser dans le trésor de l’enseignement social de l’Eglise des lignes d’action pour que l’Eglise s’engage dans les défis de la société au service de la défense des droits de l’homme, de la personne humaine, des plus pauvres, de la recherche de la paix et du soutien de la construction d’un monde où justice et paix marcheraient d’un même pas.
Le Pape Jean Paul II lui a confié des missions difficiles auprès des grands de ce monde. Il les a rencontrés avec courage, clarté, simplicité, ouverture. Il rappelait parfois ces moments uniques, comme sa visite au président Fidel Castro ou ses interventions au nom du Saint Siège pour encourager à renoncer à la guerre ici ou là. Cela a profondément enrichi son expérience sans jamais lui ôter son humanité faite d’humilité, de simplicité.
Il fut passionné par le sort de la Chine où il avait été envoyé à plusieurs reprises. Ce « continent » faisait l’objet de ses recherches permanentes, de ses observations et de son espoir pour ce pays et pour l’Église.
Il fut un homme des grands horizons. Il ne s’est jamais laissé enfermer dans les combats sans issus d’une Église centrée sur elle-même.
Cela lui a donné la capacité de mettre sur pied la magnifique rencontre d’Assise, signe d’unité et de paix entre les croyants.
L’homme de foi et de prière
Il aimait parler de Dieu, du Christ, de son mystère, de la vie du monde à venir. Ses missions au loin l’avaient fait respirer avec le poumon oriental de l’Église. L’oratoire de son appartement à Rome était tapissé d’icônes, souvent offertes par ceux qu’il visitait. Il y conduisait ses hôtes et proposait une prière pour l’Église, la paix, le Saint Père. Sa prière nourrissait sa réflexion, son intériorité, son être profond. Son amour de la Vierge Marie, vénérée à Lourdes, à Fatima, à Guadalupe et ailleurs encore, lui était naturel.
Oui, vraiment le Père Roger Etchegaray, Cardinal de l’Église, aura laissé de son passage sur cette terre une marque de profonde humanité travaillée par sa foi et sa vie donnée pour l’Église et les Hommes. Il a aimé le Christ de toutes ses forces. Il a aimé les hommes, des plus petits aux plus grands. Il a aimé l’Église de toute son énergie.
Que sa manière d’être homme, prêtre, évêque, cardinal inspire tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin.
Mgr Georges Pontier
Administrateur apostolique du diocèse de Marseille
Ancien président de la CEF