L’autorité de l’Etat connaît une crise profonde
2. Le sens du politique : tous les hommes et femmes engagés dans la politique ne sont pas des » pourris « . Il y a une seconde crise : celle de la reconnaissance du pouvoir politique. Ceux qui sont engagés au service de la société méritent d’abord notre respect. Je prie chaque matin pour ceux et celles qui ont des responsabilités dans ce département. J’essaie aussi d’aller à leur rencontre et des les écouter. Quand l’autorité de l’État disparaît, elle laisse place à la dictature de tel ou tel groupe, ou à l’autoritarisme de quelques-uns. Voulons-nous cela pour notre pays ?
3. La peur est mauvaise conseillère. On ne résiste pas à la violence en incitant à la haine. Si nous souhaitons la sécurité, la justice, la vérité, la fraternité, sachons que ces valeurs ne se construisent jamais sur l’exclusion, le rejet de l’autre. Elles ont comme fondement : la confiance, le respect de la différence, le souci du faible.
Finalement, cette crise montre que nous avons besoin de retrouver les raisons de notre vivre ensemble. S’il y a une raison sur dix de se séparer, il y a sans doute neuf raisons sur dix de continuer à vouloir vivre ensemble dans notre pays. Les hommes et les femmes de ce temps ont besoin d’entendre cette parole que Dieu adresse à Caïn dans la Bible : » Qu’as-tu fait de ton frère ? « . Ce n’est pas en nous repliant sur notre individualisme que nous construirons la société de demain, mais en nous ouvrant à la différence et en sachant que l’autre, en tout cas pour Dieu, est d’abord un frère à accueillir.
Jean-Claude Boulanger
Evêque de Sées