Eglises romanes
L’ architecture romane est elle une nouveauté ?
Au point de vue architectural, la voûte en pierre, qui se généralise à l’époque romane, succède à la charpente en bois reposant sur des piliers. Par rapport aux toits plats, la voûte manifeste un lieu d’exception. Elle entraîne un ensemble de transformations : des murs épais, des gros contreforts et des ouvertures petites. Il en résulte une lumière diffuse qui contribue au recueillement.
D’autre part, à l’époque romane se fait un regroupement en une seule église de plusieurs édifices qui étaient distincts dans le Haut Moyen Age : l’église des fidèles, la chapelle du clergé et le baptistère des catéchumènes. Ce regroupement entraîne un espace intérieur très diversifié par ces différentes fonctions. Cette structure complexe de l’architecture crée une ambiance de mystère.
L’architecture romane a-t-elle un sens symbolique ?
L’architecture romane met en valeur le sanctuaire, le lieu du sacré. Celui-ci peut avoir des formes diverses. Dans certaines églises, le sanctuaire est au dessus d’une crypte et se trouve surélevé par rapport à la nef. Dans d’autres églises, le sanctuaire et le chœur (avec les stalles du clergé ) sont entourés d’un déambulatoire et de chapelles rayonnantes pour la célébration des messes privées. Le chevet, avec ses nombreuses absides, se présente de l’extérieur comme une composition pyramidale qui entoure le sanctuaire.
C’est dans le sanctuaire qu’ a lieu le culte des reliques des martyrs qui tient une grande place : on les vénère derrière l’autel grâce au déambulatoire qui permet la circulation des pèlerins ou bien dans la crypte qui est sous le sanctuaire.
De plus, le sanctuaire est séparé de la nef des fidèles par une clôture surmonté d’une galerie : le « jubé » (dont très peu subsistent actuellement, car ils ont été démolis au XVI-XVIIème siècle). Celui-ci manifeste, comme l’iconostase byzantine qui est apparu à peu près à la même époque ( XII°), le caractère sacré et mystérieux de la sainte liturgie.
Ce monde sacré est protégé des puissances mauvaises de l’extérieur par des tours et des clochers trapus qui évoquent les châteaux féodaux.
Quelle est le message de la sculpture romane ?
La sculpture religieuse, absente jusque là dans l’art chrétien, est une grande nouveauté de l’art roman. Elle a commencé par la sculpture monumentale ( c’est à dire liée à l’architecture ), en représentant des scènes bibliques sur les chapiteaux, sur les portails (tympans, voussures et linteaux) et parfois sur la façade entière, comme dans le sud-ouest de la France. Cela a été un moyen nouveau d’envoyer un message.
Au point de vue du décor sculpté, le message de l’art roman semble être « le Christ en majesté » qui opère le jugement. L’ image dramatique du jugement dernier avec les visions redoutables de l’Apocalypse est un appel à la conversion. Le diable et les monstres ont une grande place dans la décoration romane; ils expriment les forces déchaînées du mal. Cet art est marqué par un grand mouvement de réforme religieuse qu’on appelle la Réforme grégorienne du nom du pape Grégoire VII qui en a été l’ initiateur.
Les abbayes cisterciennes ont elles une originalité ?
Tandis que l’ordre monastique de Cluny s’est attaché à la beauté du décor, les abbayes cisterciennes, soucieuses du recueillement des moines, veulent le dépouillement, bannissent tout décor, refusent les peintures et les sculptures. Elles n’ont donc pas de chapiteaux sculptés. Leurs vitraux ne sont que des grisailles incolores et sans figure. Les églises sont assez basses.
Faites pour la communauté monastique et non pour les fidèles, elles n’ont ni narthex, ni clocher, des façades dépouillées, parfois même pas de portail. Par contre, Elles recherchent la pureté des lignes, l’équilibre des masses et sont sensibles aux jeux de la lumière.
Livres
– L’art roman en France par Vergnolle Eliane chez Flammarion
– L’art roman : Architecture sculpture par Bednorz A.et Toman R. l chez Konemann
– Le monde roman par Sureda Joan et Liano Emma chez Zodiaque
– Les symboles de l’art roman par Anne et Robert Blanc, Editions Du Rocher