Lucienne Graulle (1913-1982)
L’énergie des femmes est une force pour le monde
Chef d’entreprise empreinte d’humanité et de dialogue, cette Ariégeoise a aussi incarné, durant des décennies, l’engagement bénévole local.
En 2001, à l’occasion de son centenaire, l’Action catholique générale des femmes (ACGF) a publié un livre présentant une femme remarquable de chaque département : Femmes remarquables, je broderai vos noms. L’Ariège a choisi Lucienne Graulle.
Elle est née à Lavelanet en 1913. À 25 ans, elle devient chef d’entreprise de la filature familiale employant 60 ouvriers. Elle circule en solex, arrive tôt le matin et fait le maximum pour garantir l’emploi et développer le dialogue professionnel. On l’appelle aussi à la chambre patronale du textile. Elle fut entrepreneur d’humanité et pas seulement de produits. Mais en 1974, l’entreprise doit fermer ; difficile de résister à la crise du textile ! La concurrence fait toujours chuter d’abord les plus petits…
Lucienne va s’engager dans la colonie diocésaine à tous les postes du service. Sa passion : après la promotion des ouvriers, c’est l’épanouissement des enfants. Responsable de l’ACGF, elle développera un dialogue sincère avec toutes les femmes rencontrées, avec les malades visités, avec la jeunesse ouvrière qu’elle veut comprendre et soutenir.
Vice-présidente de la Croix-Rouge durant trente-trois ans, visiteuse à la prison de Foix, conseillère municipale, engagée dans l’accueil des réfugiés et des immigrés, fondatrice de la bibliothèque locale, animatrice de la vie paroissiale, elle devient le moteur du bénévolat toujours bien vivant dans cette localité.
En 1982, durant la maladie qui va l’emporter, elle confie tout simplement : « Ce n’est pas difficile de mourir. Je suis avec le Bon Dieu et la Sainte Vierge. Ne soyez pas tristes. Chantez le Magnificat. » Sur le caveau familial vide de son corps, qu’elle avait donné à la recherche médicale, ses amis ont fait graver : « Toute sa vie ne fut que don. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière. »
Tous les saints ne sont pas canonisés. Il y a de grandes femmes aussi dans les petits pays. Le soleil ne traverse pas les petits villages sans s’y arrêter. L’ACGF a raison d’écrire : l’énergie des femmes est une force pour le monde.
Mgr Marcel Perrier
évêque de Pamiers