P. Jacques Sevin (1882-1951)
Un scoutisme fondé sur des valeurs évangéliques. Ce jésuite d’origine lilloise, fondateur des Scouts de France en 1920, a repensé le scoutisme de Baden-Powell dans la lumière et l’esprit de l’Évangile. Sa cause en béatification a été introduite à Rome.
Si l’origine du scoutisme, le plus nombreux et le plus ancien mouvement de jeunesse, revient à un général britannique : Robert Baden-Powel, sa fondation en France est l’œuvre d’un jeune jésuite : Jacques Sevin. Il naîtra d’ailleurs entre ces deux hommes une grande estime et une amitié fidèle. Baden-Powel dira : « Celui qui a le mieux compris et réalisé ma pensée est un religieux français. »
Jacques Sevin, confiné par la guerre de 1914-1918 en Belgique occupée par les armées allemandes, lance une troupe scoute, interdite, clandestine et d’autant plus vivante (situation que j’ai personnellement vécue avec enthousiasme, de 1940 à 1944). En même temps, il écrit Le scoutisme, ouvrage de base du scoutisme catholique pour de nombreux pays.
Rentré en France, avec la coopération de quelques laïcs et prêtres convaincus, dont le chanoine Cornette, il lance en 1920 le mouvement des Scouts de France, dont il sera le principal fondateur et penseur, non sans rencontrer soupçons et déconvenues, reçus d’un cœur libre.
Baden-Powel, parmi les cinq buts du scoutisme qu’il proposait, énonçait en bonne place le service de Dieu. Dieu, enseigne le P. Sevin, reconnu et aimé dans la personne de son Fils, le Christ Jésus, par la lecture de l’Évangile, la prière simple et confiante et dans toutes les activités du jeu scout, dont les liturgies simples et vivantes des camps.
Le P. Sevin n’a pas fondé un cadre strict de formation spirituelle. Il invite ce fut sa grande intuition à rencontrer le Seigneur et à en vivre au cœur de cette éducation équilibrée, de tout l’homme, que le scoutisme recherche. Dans le développement et la maîtrise du corps, par une formation pratique de l’intelligence des mains autant que de l’esprit, par le sens et le respect de la nature, appel à l’adoration, par le service des autres avec attention aux défavorisés, dans le souci du bien commun, dynamisme d’un mouvement mondial, dont témoignent, par exemple, outre des jamborees réguliers, une très fraternelle coopération des scoutismes catholiques allemands et français.
La mise en œuvre d’un tel effort d’ouverture et d’équilibre éveille nombre de vocations variées pour des familles stables et nombreuses, des professions de service, pour la vie sacerdotale et religieuse où l’apport du scoutisme catholique est important.
Se reconnaître « créés à l’image de Dieu » en même temps qu’appelés à coopérer, confiants et heureux, à cette création : c’est l’appel toujours actuel, à célébrer et vivre !
Mgr Xavier Baronnet, s.j.
Évêque émérite de Port-Victoria (Seychelles)
Aumônier général des Scouts de France de 1987 à 1993