Bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini : porter dans sa charité pastorale les personnes migrantes
Béatifié par Jean-Paul II en 1997, Jean-Baptiste Scalabrini (1839-1905), cet évêque de Plaisance, en Italie, est connu dans le monde entier pour son engagement en faveur des migrants. Il est canonisé à Rome le 9 cotobre 2022. La date de la proclamation des deux nouveaux saints a été annoncée le 27 août par le pape François, dans la basilique vaticane, lors du consistoire convoqué pour la création de nouveaux cardinaux.
Il est des hommes et des femmes dont la dimension prophétique se révèle davantage avec le temps. C’est le cas de Jean-Baptiste (Giovanni Battista) Scalabrini. Cet homme habité par l’amour de Dieu, tourné vers les hommes, a su, dans une période d’évolution profonde de la société, porter dans sa charité pastorale tous les migrants qui se lançaient sur les routes de l’Europe et du nouveau continent, alors en pleine mutation industrielle.
Le bienheureux Scalabrini fut avant tout un pasteur, tout comme saint Charles Borromée et saint Francois de Sales. Héritier de la Réforme tridentine, il attache de l’importance à la parole de Dieu dans sa vie et dans son œuvre. Il fut un évêque réformateur dans son diocèse, dans la manière d’exercer sa charge pastorale. En particulier, il fut un évêque proche des réalités de la vie des hommes et des femmes de son diocèse. Mgr Scalabrini fut aussi un précurseur qui prit en compte les problèmes de la société de son temps. On le trouve en première ligne dans les débats sur la liberté d’opinion, sur la participation des catholiques à la vie politique en Italie. Cet aussi à cet époque qu’il s’impliquera sur les débats sociaux concernant les classes ouvrières naissantes.
Mais si le bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini est connu aujourd’hui dans tant de pays du monde, c’est surtout pour son engagement, sa sollicitude et son amour pour les migrants. Il se trouva confronté, dans les années 1880, aux grandes vagues d’émigration italienne vers le Nouveau Monde ou vers l’Europe du Nord. Le gouvernement italien de l’époque n’avait rien mis en place pour accompagner ces grands changements. Le bienheureux Scalabrini ne put se résoudre à voir ainsi abandonnés ces milliers d’Italiens, sans que personne ne se soucie de leur vie matérielle et spirituelle. Il s’engagea totalement dans cette tâche missionnaire et pastorale, allant jusqu’à se faire l’avocat des droits des migrants auprès des plus hautes autorités des États-Unis. Pour vivre et élargir cette mission, le bienheureux Scalabrini fonda trois instituts : les Pères et les Sœurs scalabriniens et la Société Saint-Raphaël pour des laïcs missionnaires engagés aux côtés des migrants.
Ce que l’on retiendra de l’exemple de sa vie, c’est qu’il fut un homme de Dieu pour Dieu, un homme d’Église pour l’Église, un homme de la Parole pour la Parole, un homme du peuple pour le peuple et enfin un homme migrant pour les migrants, le père des migrants.
Mgr Jean-Luc Brunin
Évêque du Havre
Le Bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini sera canonisé le 9 octobre à Rome