Saint Silouane de l’Athos (1866-1938)

Faire de chaque moment une occasion de conversion

Ce moine orthodoxe, au parcours jalonné d’étapes de conversion successives, enraciné dans la prière et la miséricorde, a été canonisé par le Patriarcat de Constantinople en 1987.

Saint Silouane de l'Athos 1866-1938

En prenant Nicolas comme nom religieux, j’assumais mes racines lorraines. Mais déjà, je sentais qu’en me mettant sous la protection particulière d’un saint populaire qui fait le pont entre l’Orient et l’Occident, je m’appuyais sur deux traditions spirituelles. C’est à l’abbaye de Lérins que j’ai découvert Silouane, moine orthodoxe du monastère russe du Mont Athos, au tempérament tourmenté et au parcours chaotique. À travers lui, j’ai pris conscience de la proximité entre ma recherche contemplative et une tradition orientale qui fait la part belle à la prière, au pardon et à la miséricorde. Son enseignement, enraciné dans l’expérience d’une vie marquée par des étapes de conversion successives, inspiré par la mystique des récits du Pèlerin russe, a eu au cours des cinquante dernières années un impact exceptionnel. Pour preuve, le petit livre du Père Lassus a été maintes fois réédité et les écrits du père Sophrony consacrés à Silouane, son maître, connaissent un succès qui ne faiblit pas. D’un grand réalisme, l’enseignement de Silouane insiste sur la grâce et la miséricorde toujours à l’œuvre ; les épreuves quotidiennes, ressaisies dans la prière, deviennent un tremplin vers l’humilité et conduisent à l’Amour. Saint Silouane a permis à de nombreux contemplatifs de retrouver le cœur de la vocation monastique et de redécouvrir ainsi un lien très profond entre l’orthodoxie et la tradition catholique.
Proche dans le temps, puisqu’il est mort en 1938, Silouane m’a permis de saisir la parenté entre les différentes expériences monastiques. Une quête de Dieu qui s’enracine si profondément dans la prière fait tomber les barrières. En 1991, avec un petit groupe de moines, nous avons répondu à l’invitation de jeunes évêques orthodoxes roumains qui avaient fréquenté nos monastères durant leurs années d’études à l’Institut Saint-Serge, à Paris. Les liens fraternels se sont renforcés, ils perdurent encore. À Minsk et à Moscou, en 1996, en « pèlerinage » avec un groupe d’abbesses et d’abbés européens, parmi lesquels dom Robert Le Gall, aujourd’hui évêque de Mende, le dialogue avec les représentants de l’orthodoxie a été facilité par notre familiarité avec le cœur de la spiritualité orthodoxe. Silouane nous ramène au centre de toute vocation chrétienne : vivre en Dieu, en faisant de chaque moment de l’existence une occasion de conversion.

Mgr Bernard-Nicolas Aubertin
Archevêque métropolitain émérite de Tours

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