La voix qui crie dans le désert…
Entendons-nous la voix, celle qui crie dans le désert ? Entendons-nous Jean le Baptiste qui proclame un Baptême de conversion et demande de rendre droits nos sentiers tortueux ? Entendons-nous la voix des prophètes anciens qui nous disent que Dieu vient à nous et que nous devons marcher à sa rencontre ? Entendons-nous la voix des prophètes d’aujourd’hui qui nous invitent à découvrir la place à donner aux petits, aux humbles, aux sans-voix afin que notre société oriente sa marche pour servir le bien de tous et la dignité de chacun ?
Si nous écoutons la voix des prophètes, nous comprendrons que le Seigneur emprunte la voie sur laquelle nous avançons. Nous réaliserons que chaque pas de conversion personnelle rend le Royaume plus proche de nous et aussi plus accessible à ceux qui nous regardent. Tout effort que nous décidons pour rendre notre route plus droite et mieux aplanie hâte la venue du Sauveur en notre monde.
Parmi les prophètes d’aujourd’hui, la voix du pape François retentit dans le désert de nos cœurs minés par l’indifférence ou la peur d’être envahis. Sa voix nous rappelle que l’homme ne saurait accueillir le Christ qui vient s’il ne parvient pas à le voir dans le pauvre, le malade, le prisonnier, l’étranger et le sans abri. Comment se préparer à accueillir le Messie si nous nous fermons d’emblée aux possibilités d’accueillir des exilés, des naufragés et des demandeurs d’asile ?
Lorsque nos nations européennes économiquement préservées refusent de prendre leur part dans les secours humanitaires, lorsque des états nantis fuient devant leurs responsabilités de protection des mineurs ou renoncent à leurs devoirs d’asile envers les réfugiés, oui, la voix du pape crie dans le désert ! Qui s’en fera l’écho en paroles et en actes ? Vont-ils relayer cette voix les disciples de Jésus dont il dit : « si eux se taisent, les pierres crieront. » (Lc 19, 40) ?
Qu’à l’approche de Noël, nos prières fraternelles, nos gestes d’accueil et nos initiatives pour un changement de regard envers nos frères migrants forment un sentier droit sur lequel s’avancera le Seigneur.
Mgr Denis Jachiet