Bonnes fêtes aux musulmans et aux chrétiens ! par le père Roucou, décembre 2008

« Bonne fête », « Koulou sana oua enta taëb » : en Egypte où j’ai vécu neuf années, c’est une tradition, voire une habitude, de se souhaiter ainsi une bonne fête entre voisins et amis chrétiens et musulmans, à l’occasion de chacune de nos fêtes religieuses. On ne se contente pas d’un sms ou d’un appel téléphonique mais durant les jours de fête – jours de congés- on rend visite aux amis, aux voisins chrétiens ou musulmans avec de modestes cadeaux, souvent des gâteaux que l’on partage autour d’un verre de thé.

Le temps des fêtes approche pour les musulmans comme pour les chrétiens. Cette année, la fête de l’Aïd el Kebir sera toute proche d’une des fêtes où les catholiques honorent Marie, la mère de Jésus, le 8 décembre. Elle précèdera la fête de Noël où les chrétiens célèbrent la naissance de Jésus à Bethléem, le 25 décembre. Nous pouvons voir cette proximité comme un signe que Dieu nous fait pour nous donner l’occasion et même la chance de nous saluer et de nous rencontrer comme des croyants et des fils d’Abraham.

Que ce temps de fêtes puisse être l’occasion de dépasser les préjugés, les idées toutes faites que nous pouvons avoir les uns vis-à-vis des autres qui parfois suscitent des malentendus voire des peurs !

Prenons exemple sur les initiatives qui se multiplient de rencontres entre musulmans et chrétiens. A la mi-novembre, dans différentes villes de France, s’est déroulée la semaine islamo-chrétienne, occasion d’échanges, de rencontres. Au plan mondial, plusieurs initiatives sont en cours. Le roi d’Arabie Saoudite a réuni en juillet à Madrid des musulmans, des juifs et des chrétiens, puis à New-York en novembre des chefs d’Etat, pour poser les bases d’une tolérance entre religions.

A la suite de la lettre intitulée « Vers une parole commune entre vous et nous » (acommonword) écrite par 138 responsables musulmans, sunnites et chiites, de différents pays, fin Ramadan 2007, aux responsables des Eglises chrétiennes, un premier forum catholico-musulman vient de se tenir à Rome, du 3 au 6 novembre. Des délégués musulmans et catholiques de différents pays ont échangé sur la place de l’amour de Dieu et du prochain, sur la liberté religieuse et signé une déclaration commune.

Il nous revient de vivre sur le terrain, en France, le même esprit d’échange et de respects que celui qui animait les participants de ces rencontres.

Chrétiens et musulmans, nous vivons dans une société française très sécularisée : les uns et les autres nous en sommes citoyens et nous désirons travailler à ce que des hommes et des femmes de cultures différentes puissent vivre ensemble. Les uns et les autres nous désirons y témoigner de notre foi en Dieu.
Saisissons les occasions de rencontres, de connaissance mutuelle dans nos lieux de travail, dans les quartiers où nous vivons, ne vivons pas les uns à côté des autres en nous ignorant mais passons de la tolérance au respect : en apprenant à connaître la Tradition des autres, à reconnaître nos différences qui n’empêchent pas de tisser des liens d’amitié.

Que la fête musulmane de l’Aïd al Adha, fête du sacrifice d’Abraham, et la fête chrétienne de Noël, fête de la naissance de Jésus, puissent être des temps de rencontres où se tissent ces liens de fraternité et d’amitié dans le respect mutuel. Permettez-moi de reprendre la phrase des anges à Bethléem : « Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté ! »

Père Christophe Roucou, responsable du Service des Relations avec l’islam, SRI, à la Conférence des évêques de France.
Christophe Roucou

Message du père Christophe Roucou, prêtre catholique, responsable du Service des Relations avec l’islam, SRI, à la Conférence des évêques de France aux musulmans et aux chrétiens pour les fêtes de fin d’année.

Sur le même thème