Noël : délit d’humanité ! par Mgr Delannoy, décembre 2008

Ils sont tous là rassemblés autour de l’enfant qui vient de naître. Les premiers à admirer l’enfant furent naturellement ses parents, bientôt rejoints par les bergers avant que n’arrivent les mages. Ils sont tous là, fidèles au rendez-vous de Dieu, mais aucun d’entre eux n’a encore conscience du délit que vient de commettre cet enfant par le simple fait de sa naissance. Car enfin, les choses étaient clairement définies : Dieu avait son domaine, le ciel, et les hommes le leur, la terre. Entre ciel et terre il y avait bien communication, voilà déjà bien longtemps que Dieu avait parlé par la loi et les prophètes, mais chacun restait à sa place : les hommes sur la terre et Dieu dans le ciel ! Mais cet enfant enfreint la règle ! Par une nuit étoilée, dans la discrétion d’une grotte, profitant du désordre provoqué par le recensement, démuni de tout papier qui puisse révéler son identité, il pénètre frauduleusement dans notre humanité.

Nul doute possible même si personne ne le réalise encore, en cette nuit étoilée, Dieu lui-même, commet le délit d’humanité ! Au terme de trente années, que la tradition appellera la vie cachée, les rares personnes qui se mirent à douter de son identité en le voyant répondre avec sagesse aux docteurs de la loi alors qu’il n’était encore qu’un enfant, finirent par penser que sa situation était régularisée et qu’il était « simplement » un homme parmi les hommes.

Mais lui, dans le désert, à l’écoute de son Père se préparait à questionner les lois et l’ordre établi. Bientôt, ses gestes et ses paroles allaient rétablir dans leur dignité les boiteux, les aveugles, les lépreux mais aussi les pécheurs. Grâce à lui, chacun, y compris les étrangers, allait se découvrir aimé par un Dieu qui ne leur offrirait rien d’autre que sa propre vie ! Il dérangeait et on l’a accablé d’accusations pour qu’il soit condamné. Mais que pouvait-on lui reprocher sinon d’avoir commis, au nom de son Père, le délit d’humanité ?
Accuser cet homme parce qu’il s’est montré trop humain en étant porteur de l’amour infini de Dieu peut nous paraître incompréhensible et appartenir à une autre époque…
En sommes-nous si sûrs ?

En cette fête de Noël, en regardant la crèche, réjouissons-nous pour tous ceux qui depuis plus de 2000 ans ont commis le délit d’humanité en s’opposant aux lois et aux idéologies politiques et économiques qui exprimaient un mépris de l’homme ! En cette fête de Noël, réjouissons-nous et soutenons, par notre engagement peut-être, par nos prières sûrement, tous ceux qui à travers le monde mais aussi près de nous, commettent le délit d’humanité pour que l’homme soit reconnu et respecté dans sa dignité !

Mgr Pascal Delannoy