Sr Yara, religieuse maronite au service de la famille
Contrairement aux catholiques de rite latin, les Maronites – de tradition syriaque antiochienne – sont entrés dans le temps de l’Avent début novembre. Au fil des dimanches sont lues les scènes d’annonce et de révélation : à Zacharie, à Marie, à Jean-Baptiste, à Joseph… « Nous avons perdu le sens de l’attente » regrette-t-elle.
Et de citer de mémoire Saint Ephrem : « Gloire à Lui qui se fit petit, alors que par nature Il est immense ». Par l’Incarnation, poursuit l’enseignante-chercheuse, Dieu s’est mis « à la portée du temps ». Elle aime particulièrement l’évangile du dimanche qui précède Noël car il retrace la généalogie de Jésus (Matthieu 1, 1-17). « Dieu s’inscrit dans une histoire et dans un peuple ». Quatre femmes y sont citées – Tamar, Rahab, Ruth et la femme d’Urie : une prostituée, une étrangère… « Dieu assume le péché de chacun » décrypte la bibliste.
La famille, repère vital en temps de crise
A l’origine présentes dans les villages où vivent traditionnellement les Maronites, les sœurs ont progressivement fondé des écoles sur le littoral, comme à Beyrouth, dès les années 1930. Avec les déplacements de population dus à la guerre et à ses « séquelles », les villes se sont développées. Trop rapidement. « En ville, la notion de paroisse change, beaucoup de choses se perdent », constate Sr Yara en pensant aux valeurs de solidarité et de dialogue associées à la famille.
A son arrivée en France pour ses études, la Libanaise s’est liée d’amitié avec une femme SDF depuis plusieurs années, sans personne pour la soutenir. Elle reste « très choquée » par cette situation, venant d’un pays « où le sens de la famille est très aigu ».
La famille, un ancrage pour le Liban et l’Eglise d’Orient ? « C’est ce qui a permis de survivre pendant la guerre, confie la quadragénaire originaire du Sud, migrante dans son propre pays. L’Eglise est la famille de Dieu ». D’où son choix, sans doute, de rejoindre la congrégation dédiée à la Sainte Famille dont le charisme allie « simplicité, fraternité et charité ».
Fidèles à l’esprit du Fondateur qui interdit toute ségrégation entre couches sociales et confessions religieuses, les sœurs ont intégré la dimension interreligieuse à leur action éducative. Ainsi leurs lycées à Tripoli, deuxième ville du Liban, ou à Rayak dans la Békaa, accueillent des élèves à 80% musulmans.
29 décembre, fête de la Sainte Famille
Sr Yara Matta n’hésite pas à qualifier de catastrophique la situation des réfugiés syriens au Liban, évoquant les maladies et le froid plus intense cet hiver. Ces migrants représenteront bientôt la moitié de la population. Or celle-ci vit déjà dans des conditions « précaires ». « Il y a urgence. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités. On peut faire quelque chose » assure-t-elle. Les Supérieur(e)s Majeur(e)s ont appelé leurs membres ainsi que les chrétiens qui le voudraient à vivre une journée de jeûne et de prière en faveur du peuple syrien, le 22 décembre prochain.