Homélie du dimanche 13 octobre 2024
28e dimanche du Temps ordinaire
Références bibliques:
Livre de la Sagesse. (7. 7 à 11) : « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. »
Psaume 89 : « Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. »
Lecture de la Lettre aux Hébreux. (4. 12 et 13) : « Elle est vivante la Parole de Dieu. »
Evangile selon saint Marc. (10. 17 à 30) : « Il s’en alla tout triste. »
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En quelques lignes, nous découvrons la puissance et la richesse de la Parole de Dieu qui est le Christ : « Elle est vivante la Parole de Dieu. » Elle n’est pas un assemblage de mots. Elle est une Vie, la Vie. Saint Jean le dit à sa manière dans le prologue de son Evangile : « La Parole s’est fait chair et elle a habité parmi nous. » (Jean 1. 14) « La Parole était Dieu. » (Jean 1. 1) « En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes (Jean 1. 4) « Cette Parole nous pénètre au plus profond de l’âme » (Hébreux 4. 12) « Moi en eux comme toi en moi. » (Jean 14. 23)
LA PAROLE EST UN APPEL
Ce court passage cité en ce dimanche vient après bien des citations de l’Ecriture qui, pour l’auteur, ne sont pas seulement une illustration, mais une démonstration de ce qu’il veut exprimer.
Elle reprennent en effet le psaume 95 (versets 7 à 11) qui rappelle l’endurcissement des cœurs au jour de la tentation au désert. Les Hébreux avaient vu les œuvres de Dieu pendant quarante ans et pourtant le cœur se fourvoie : « Ils n’ont pas connu mes voies. » « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, ne sclérosez pas votre cœur. » Hébreux 4. 7) « Ils avaient été les premiers à avoir reçu la Bonne Nouvelle (evangélistentes = évangélisés). Ils n’y entrèrent pas à cause de leur indocilité. » (Hébreux 4. 6)
L’homme de foi est celui qui entend la parole et y répond, qui accepte d’appartenir à celui qui l’appelle par son nom. Le prophète Jérémie en fit l’expérience lorsqu’il hésita dans sa réponse à l’appel de Dieu (Jérémie Chapitre 1) : « Je ne sais pas porter la parole… Va, je suis avec toi. » On peut résister à la Parole de Dieu, certes mais c’est s’enfermer tout triste sur soi-même, désabusé même.
C’est bien ce qui arrive au jeune homme riche qui entendit cet appel de la Parole divine, le Fils de Dieu lui-même. Il en reste à ses propres forces, à ses propres réalisations. Il a accompli tous les commandements de l’Ancienne Alliance. Mais aujourd’hui l’exigence de l’appel est nouvelle. Il lui faut suivre le Christ par amour et non pas devoir. « Va, vends tous tes biens. » Quand j’aurais la foi la plus totale, s’il me manque l’amour, je ne suis rien…l’amour endure tout ! » (1 Corinthiens 12. 7)
Jérémie a entendu Dieu lui dire : « Je suis avec toi. » Le jeune homme a entendu « Viens, suis-moi. » Il est resté sur lui-même et il entre dans la tristesse. Il n’a pas laissé « pénétrer la Parole au plus profond de l’âme. » (Hébreux 4. 12)
LA PAROLE EST VIE
Dieu, par sa Parole, est créateur. « Il dit et cela fut. Il commande et cela existe. » chante le psaume 33 (versets 6 à 9) résumant le récit de la création du Livre de la Genèse. Cette parole est partout à l’œuvre et à tout moment dans la création. « La Parole de Dieu est vivante ; pas une créature n’échappe à ses yeux. » Elle est vivifiante : « En Lui était la Vie. »
Continuons donc de reprendre d’autres passages de l’Ecriture pour méditer ce passage de la lettre aux Hébreux. « Comme la pluie descend et ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l’avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur, ainsi se comporte ma Parole ; Elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l’avais envoyée. » (Isaïe. 55. 10)
Dans cette parole cohérente et efficace, Dieu s’engage totalement. « Dieu n’est pas homme pour qu’il mente, ni fils d’Adam pour qu’il se rétracte. Est-ce lui qui dit et ne fait pas ? qui parle et n’accomplit pas ? » (Livre des Nombres 23. 19) Jésus le dira à ses disciples : « Pour les hommes, cela est impossible. Pas pour Dieu. Car tout est possible à Dieu. »
Nous sommes donc loin de notre manière de penser, d’agir et de vivre, qui oppose volontiers parole et action. L’action se situe dans le réel, dans la recherche de l’efficace. Les paroles humaines restent bien souvent … en l’air. Par contre, « la Parole de Dieu est vie et énergie. » (Hébreux 4. 12)
« Elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures, jusqu’aux moelles. » Elle veut le tout de l’être. « J’ai observé tous ces commandements… » dit le jeune homme riche. C’est bien, mais c’est insuffisant. « Une seule chose te manque : vends, viens, suis-moi. » C’est l’écho de la Parole de l’appel apostolique : « Venez et vous verrez. » Il a retiré son regard loin du regard de Dieu : « Il s’en alla tout triste. » (Marc 10. 21) « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jean 15. 11)
Le psaume de ce dimanche nous dit la joie de vivre en Dieu, nous dit son secret : « Apprends-nous à bien compter nos jours pour que nos cœurs découvrent la sagesse. Rassasie-nous de ton amour au matin pour que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Révèle ton œuvre à tes serviteurs et ta beauté à leurs fils. » (Psaume 89)
LA PAROLE EST ETERNITE
« Le ciel et la terre passeront. Mes paroles ne passeront pas. » (Matthieu 24. 35)
Cette parole de Dieu, éternelle, « pénètre au plus profond de l’âme. » (Héb. 4. 12), fut-elle celle d’un roi. C’est la prière de Salomon : « J’ai tenu pour rien la richesse… J’ai préféré la Sagesse. Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. » (Sagesse 7. 11)
Le jeune homme riche a perdu cette richesse incalculable. « Il s’en alla tout triste car il avait de grands biens. » et saint Pierre, à l’inverse, fait remarquer : « Nous avons tout quitté. » Jésus lui précise alors ce que doit être ce « tout » : toutes les richesses, même les plus légitimes, même celles qu’apporte un amour d’homme : famille, propriété, maison, frères, sœurs, mère, père, enfants, la terre.
Ce don total n’exclut pas d’autres sacrifices, sous la forme de la persécution qui entraîne le don de sa propre personne et de sa propre vie terrestre, le martyre. Mais il permettra, dans le monde à venir, la vie qui n’est pas la simple modification améliorée ou le prolongement de notre vie terrestre.
Il s’agit de la vie éternelle, c’est-à-dire la Vie Divine elle-même puisque Dieu seul est éternel.
Salomon explique pourquoi il a demandé la Sagesse : Je l’ai aimée plus que la santé, plus que la beauté. Tous les biens me sont venus avec elle … Je l’ai choisie de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. (Sagesse 7. 11)… la Vie éternelle. En ce monde où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, selon les paroles de la liturgie eucharistique.
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D’ores et déjà nous en avons les arrhes. « Que cette liturgie, célébrée avec amour, nous fasse passer à la gloire du ciel. » (prière sur les offrandes)
Encore faut-il que nous entendions et accueillons d’un cœur ouvert, l’appel du Christ.
« Viens et suis-moi. » et ça va jusque là… jusqu’à la vie divine.