Homélie du dimanche 26 décembre

LA SAINTE FAMILLE

Première lecture « Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie » 1 S 1, 20-22.24-28
Psaume Heureux les habitants de ta maison, Seigneur ! Ps 83 (84), 2-3, 5-6…
Deuxième lecture « Nous sommes appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » 1 Jn 3, 1-2.21-24
Évangile « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi  » Lc 2, 41-52

Le mystère même de Noël n’est pas un épisode poétique de la vie de Jésus. Certes, l’imagination des hommes a donné une dimension humaine étonnante, alors que les phrases toutes simples de l’Evangile sont toutes simples. A ce point qu’on risque d’oublier ou de passer sous silence,  le mystère de l’Incarnation, en cet instant de notre histoire, cette présence de Dieu, en son Fils, devenu Homme parmi les hommes.

Or cet enfant, fragile aux premiers jours,  est gage d’avenir comme l’est tout enfant. Sa vie est comme toute vie, et elle le sera, un message dont il faut entendre chaque révélation .

Quand nous disons : « Dieu est avec nous, Dieu vient en puissance, Dieu vient nous prendre avec lui, » nous risquons de n’en rester qu’à des mots, qu’à des phrases sonnantes, mais parfois bien creuses.  Alors regardons de plus près la vie de cette famille humaine qui s’est bâtie sur la Parole et pour la Parole de Dieu quand « le Verbe s’est fait chair. »

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UNE FAMILLE EDUCATRICE.

Et là nous prenons ce terme en son sens le plus grand. Marie lui a donné un corps et son amour. C’est elle qui au travers de l’enfantement, en a fait l’homme qu’Il est. Au jour le jour de la vie familiale, le bébé, le petit enfant, l’enfant, l’adolescent, va recevoir de Marie, ce que tout être reçoit de sa mère. Le sourire de la vie, l’exemplarité du devoir à accomplir, la délicatesse dans la vie quotidienne, la réalisation de la Parole de Dieu au travers des faits et gestes d’une femme.

Joseph, le père qui adopte cet enfant avec amour, patience et sens des responsabilités, lui donne le métier de charpentier. Il lui apprend les gestes méticuleux, laborieux de l’homme qui sculpte les matériaux, les ajuste avec précision, les fait devenir utiles et beaux. Joseph lui apprend à parler aux hommes, avec les hommes. Au travers des souhaits à réaliser, au travers des discussions pour le prix du travail, au travers des impatiences du demandeur, Joseph apprend à Jésus le sens de la vie parmi les hommes.

Le soir, en famille, l’enfant, l’adolescent, le jeune homme, se retrouve avec ses parents, avec ses cousins et cousines. Ils parlent, ils se réjouissent, ils s’attristent de la mort d’un proche. Jésus partage ainsi la vie de la famille de Marie et de Joseph. Et par sa famille, la vie de tout son entourage.

C’est cela la Sainte Famille. Et non pas ce que peut laisser à penser quelque scène colorée, romantique, imaginée par des peintres au XVIIème ou XVIIIème siècle.

LA TRAME DE CETTE FAMILLE

Les paroles de saint Paul, que la lecture de ce dimanche nous propose, sont à méditer dans tout le contexte de l’Incarnation.

« Revêtez votre cœur de tendresse et bonté. » Elles sont comme un écho de la famille trinitaire : « Dieu est tendresse et miséricorde. » – « Revêtez-vous d’humilité, de douceur et de patience. » Elles sont comme un écho de la parole du Christ : « Apprenez que je suis doux et humble de cœur. »

Entre Marie, la Toute-Pure, Joseph, le tout-donné, et Jésus expression de Dieu, du Dieu qui est amour, la parole de saint Paul prend tout son sens : « Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour, c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. »

Cette famille n’est pas enfermée dans un sérieux rigide.

Chacun de ses membres, Jésus, Marie, Joseph, vivent dans la confiance mutuelle et cordiale. Nous le voyons lorsque Jésus reste au Temple, à l’âge de douze ans. Marie est bouleversée. Cette attitude de Jésus est étonnante et inhabituelle : « Pourquoi as-tu agi ainsi envers nous ? Ton père et moi, tourmentés, angoissés, nous te cherchions. » Et l’enfant se replace simultanément dans le plan de Dieu, son Père, et dans le plan de sa famille humaine : « Il leur était soumis. » Il se met « sous » eux.

Nous le voyons également aux noces de Cana. Maris connaît bien son fils. Elle sait ce qu’elle peut lui demander. Mais le Christ replace cette relation familiale, dans le plan du salut de Dieu : « Ce doit être à mon heure. » Mais après avoir dit cela, il se soumet à la demande de sa mère.

Certes, nous avons peu de faits précis qui nous éclairent sur le style de cette vie qui devait être celle de toute famille juive de Nazareth, mais vécue par des êtres exceptionnels dans le don que chacun a fait de lui-même et qu’il accomplit jour après jour.

Elle est ouverte, elle est accueillante, elle est joyeuse. Le Magnificat de Marie n’a pas été seulement un chant de joie pour un seul instant. Elle l’a chanté sans aucun doute bien souvent. Et c’est pour cette raison qu’elle l’a confié à l’évangéliste, comme étant le trame même de toute sa vie avec Dieu. « Par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans votre cœur, votre reconnaissance. »

Jésus lui-même n’est pas venu pour « rabattre la joie », mais au contraire pour l’exalter. Ce n’est pas à la légère qu’il dira à ses apôtres, lors du discours qu’il leur tient après la Cène : « Je vous dis cela pour que votre joie soit parfaite. »

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Les conseils que saint Paul donne à nos familles, ne peuvent se lire, doivent se lire, à la lumière de la phrase qui les introduit : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus-Christ. » Que tous et chacun vivent et réalisent cette vie de famille « dans le Seigneur », que ce soient les épouses, les maris, les enfants, les parents.

Ces conseils prennent alors une toute autre dimension, une toute autre portée, une toute autre signification. « Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ! »

année liturgique B