Homélie du dimanche 25 août

Dimanche 25 août 2019
21ème dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Lecture du livre du prophète Isaïe : 66.18 à 21 : Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue.”
Psaume 116 : “ Fêtez-le tous les pays. »
Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux. 12. 5 à 13 : “Quel est le fils auquel le père ne donne pas de leçons ?”
Evangile selon saint Luc : 13. 22 à 30 : “On viendra de l’orient et de l’occident. »

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Les lectures que l’Eglise nous propose ce dimanche, suivent celles des dimanches précédents. Leur juxtaposition aujourd’hui semble créer une apparente contradiction.

“Je viens rassembler” nous dit Isaïe (Is. 66. 18) et le Seigneur ne dit rien d’autre :”On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi.” Dans le même temps, il prévient ses disciples :  “Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.” (Luc 13. 24)

La traduction devrait être, si nous serrons de près le texte grec : “Beaucoup chercheront à entrer, mais n’en seront pas capables.” Ce n’est pas un refus ni une sélection. C’est l’attitude même de chacun qui va déterminer ou non l’entrée dans le Royaume. “Luttez pour entrer par la porte étroite !” (Luc 13. 24)

COMBIEN ?

La question du salut préoccupe les disciples du Christ. Cette question du nombre des sauvés revient à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. Après une parole sur l’obstacle de la richesse, “les disciples étaient très impressionnés et disaient – qui donc peut être sauvés ?” Jésus leur répond :”Aux hommes, c’est impossible. Mais à Dieu, tout est possible.” (Matthieu 19. 25 et 26)

Chaque fois qu’on le questionne sur le salut, Jésus refuse de répondre en termes statistiques, ce qui supposerait déjà achevée l’histoire de chacun. Or elle ne l’est qu’au jour de notre rencontre définitive avec Dieu. En attendant cette heure, la dernière de la vie terrestre, il répond par les conditions du salut auquel il appelle à entrer, dès maintenant. C’est possible, même si, à vues humaines, la porte est étroite.

La parabole de la porte fermée et du maître de maison évoque aussi une autre parabole, celle concernant la prière de demande qui suit l’enseignement du “Notre Père”: “A qui frappe, on ouvrira.” “On”, pudiquement, cela veut dire Dieu.

Il y a donc un temps favorable, qui nous est accordé, celui de la conversion, et un temps au-delà, quand nous serons fixés dans notre détermination. Alors pourquoi faire des statistiques quand la liberté de chacun est encore en jeu.

TOUS INVITES

Jean le Baptiste, sur cette même question, apportait une réponse claire :”N’allez pas dire en vous-mêmes : nous avons pour père Abraham…Des pierres que voici Dieu peut susciter des enfants à Abraham.” (Luc 3. 8) L’assurance du Royaume ne découle pas de l’appartenance au Peuple choisi, au Peuple élu. Le Royaume est ouvert à tous, à condition que chacun réponde, par sa vie, à la gloire à laquelle il est appelé.

Pour Isaïe, les messagers sont les rescapés de l’exil et leur mission ne s’arrête pas au seul peuple d’Israël. Ils annoncent la gloire de Dieu parmi toutes les nations. C’est le thème des ouvriers envoyés à la vigne (Matthieu 20. 16) Et les derniers appelés, les païens, peuvent devenir les premiers dans le Royaume. Le festin était préparé pour le peuple d’Israël. Certains ont refusé. (Matthieu 22) D’autres convives viendront.

Saint Matthieu note cette même parole de Jésus sur l’universalité du salut quand il montre son admiration devant la foi du centurion :”Beaucoup viendront du Levant et du Couchant prendre la place avec Abraham, Isaac et Jacob.” (Matthieu 8. 11)

Jésus veut sauver tous les hommes en “versant son sang pour la multitude”. Dans son immense amour il essaie de réveiller ceux qui s’endorment dans l’insouciance. Il faut “se battre pour entrer au Royaume.” Et là les mots choisis par Luc, en grec, ont une force qu’aucune de nos traductions ne peut rendre :”Se battre, lutter pour entrer par la porte qui est étroite (en grec : agonitesté).” C’est le verbe de l’entrée en agonie, le combat final de la vie dans le langage français.

LIBRES ET RESPONSABLES.

La vérité que Jésus développe serait écrasante si elle ne situait pas dans une révélation de l’Amour.

Du côté de Dieu, la proposition du salut est universelle. Mais l’amour ne serait plus de l’amour si nous n’étions devant lui que des marionnettes ou des robots manipulés de l’extérieur. Rien n’est plus déshonorant que d’être déclaré “irresponsable”.

Dieu a pris le risque de nous donner la liberté de la responsabilité : un amour sans limite de sa part mais livré à une réponse d’amour ou à un refus d’amour. On ne force pas quelqu’un à aimer. Ce n’est jamais Dieu qui ferme la porte de sa Maison. Bien au contraire. L’Evangile nous crie la tendresse de Dieu pour tous. Il court chercher la brebis égarée, il attend l’enfant prodigue, il réhabilite la femme adultère, il répond à l’attente de Zachée en venant chez lui, il accueille la conversion de Marie-Madeleine, il pardonne le reniement de Pierre et accueille, le premier accueilli au paradis, un larron.

Il nous appelle et ne fait pas nulle distinction entre les hommes. Si la porte est étroite par ses exigences, elle reste ouverte à tous :”Il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers.” (Luc 13. 20)

La porte reste ouverte jusqu’au moment où l’absence est caractérisée. Les “vierges folles” de la parabole le savent. Par insouciance, elles n’avaient pas su prévoir le temps de l’attente.

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“Dieu qui peux mettre au coeur de tes fidèles un unique désir, donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et d’attendre ce que tu promets, pour qu’au milieu des changements de ce monde, nos coeurs s’établissent là où se trouvent les vraies joies.”

L’oraison d’ouverture de la liturgie de ce 21ème dimanche traduit ce que doit être notre attitude spirituelle.

année liturgique B