Homélie du dimanche 3 mars

Dimanche 3 mars 2019
Huitième dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Du livre de Ben Sirac le Sage. 27. 4 à 7 : « Quand on secoue le tamis, il ne reste que les déchets. »
Psaume 91 : « Vieillissant, il fructifie encore. Il garde sa sève et sa verdeur. »
Lettre de saint Paul aux Corinthiens. 1ère Corinthiens 15. 54 à 58 : «  Prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur. »
Evangile selon saint Luc : 6. 39 à  45 : « On ne cueille pas des figues sur des épines. »

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Les trois paraboles de ce dimanche viennent au terme du  discours inaugural de la mission des disciples. On peut donc les considérer dans le prolongement de tout cet enseignement. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, mais il peut devenir comme lui. » (Luc 6. 40)

AU DELA D’UNE SIMPLE MORALE.

Les disciples sont appelés par le Christ à prendre part, dès aujourd’hui, à la réalisation du Royaume. « Maintenant » (Luc 6. 21). Ils ne peuvent rester inactifs, satisfaits de ce qu’ils ont acquis pour eux-mêmes, sans se préoccuper de leurs frères et du Royaume de Dieu. L’œuvre du Seigneur n’est pas destinée à nous donner assurer une joie personnelle, une pacification intérieure, un simple équilibre de vie. L’œuvre du Seigneur n’est pas celle d’une sagesse orientale.

Elle est la réalisation du Royaume qui accueillera ceux que le Christ a sauvés. Nous le répétons en chaque eucharistie : « Le bonheur que tu promets, et l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Un avènement qui n’est pas seulement  à l’horizon ou au terme de notre vie « quand nous deviendrons impérissables. » mais qui est de chaque jour, qui est à vivre quotidiennement. Pour cela, il nous donnera ainsi « notre pain » de chaque jour. « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »
Elle est un appel à « marcher à sa suite », à « prendre une part active » selon la parole de saint Paul (1 Cor. 15. 57) Pour cette marche, il n’est pas admissible que les disciples soient des guides aveugles. A nous donc de ne pas rester aveugle, si nous le sommes. A nous de chercher la clarté, afin de regarder les choses et les êtres, la vie, et nos frères et nous-même de telle manière que nous ne les entraînions pas dans une chute ou dans une impasse en raison de l’obscurité dans laquelle nous sommes plongés.

Le Christ nous demande de nous « former » pour rejoindre le maître au niveau où il se trouve, c’est-à-dire une formation qui ne soit pas intellectuelle mains une connaissance spirituelle et mystique.
Dans cette clarté que nous apportera la lumière du Christ notre maître, toute chose et toute personne retrouveront leur  place selon l’échelle des valeurs authentiques et dans le sens que Dieu leur a donnés.

Nos yeux sont faits pour la lumière, pour admirer la beauté des choses, du printemps, de la neige, des étoiles et du ciel. Pour admirer l’incroyable richesse de tant de gens étonnants qui nous entourent. Pour connaître et contempler Dieu Trinité par le Christ dans la vie de l’Esprit.

ETRE LUCIDE SUR SOI-MËME

La parabole de la paille et de la poutre rejoint alors celle des deux aveugles. Comment voir avec une poutre en son œil ?

Le Christ ne préjuge pas des raisons qui engagent l’un à s’occuper de l’autre. Les sentiments qui nous pousse à aider notre sœur, notre frère à se débarrasser de leurs défauts, ces sentiments peuvent être louables, mais le Christ nous dit également : « regarde-toi », dans quel état es-tu ? Peux-tu véritablement aider ton frère dans l’état où tu es toi-même ? Un aveugle peut-il guider un aveugle ?

Par contre si tu n’es plus entravé par cette poutre alors tu pourras voir clair.

Si notre intention est d’aider nos frères à vivre dans le bien, il nous faut, dans le même temps, unifier notre être et notre comportement selon la pensée de Dieu. Sinon comment pourrions-nous les aider à vivre ce que nous ne vivons pas ?

Ce n’est pas nous qui sommes la mesure des autres. C’est Dieu. Et là, il nous faut beaucoup d’humilité. Le disciple n’est pas au-dessus du maître et il nous faudra beaucoup de temps pour être comme lui.

Pour que nos paroles soient encouragement et non « reproches », pour qu’elles soient «  réconciliation et non « pseudo-assistance », pour que nos gestes soient généreux  et non pas « pseudo-guérisseur », rappelons-nous : ta poutre, sa paille… « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère alors que la poutre qui est dans ton œil, à toi, tu ne la remarques pas. »

En fait l’humilité est bien la seule lucidité que nous devons vivre, la seule lumière dans le regard que nous portons sur nous-mêmes devant nos frères. Alors mettons-nous à l’œuvre humblement et prudents dans nos jugements. La paille et la poutre. Ne ridiculisons personne, ne diminuons jamais l’un de nos frères. La paille et la poutre. Acceptons que les autres soient autres, pensent autrement, sentent autrement, agissent autrement, parlent autrement. Etre « autre », ce n’est pas être « moindre ».Ce dont ils ont besoin, ce n’est pas de nos  reproches ou de nos conseils, ils ont besoin d’amitié, de douceur et de communion.

CE QUI DEBORDE DE TON COEUR

Et pour qu’il y a ait communion, il faut qu’il y ait proximité, ressemblance, convergence et unité. Entrons alors en nous-même, travaillons l’intérieur de notre cœur. C’est là que vivent les sentiments et les désirs qui nous troublent ou nous réjouissent immensément.

Libérons notre cœur de ce qui s’appelle suffisance de nous-même et de nos petits mérites, orgueil de nos points de vue ou de nos  réussites, passions désordonnées ou dégoûts de vivre, égocentrisme forcené ou  envies insensées.

Nous le savons bien : nous pensons et réagissons davantage avec notre cœur qu’avec notre intelligence parce que l’amour y est inscrit, même s’il devient désordonné, déboussolé, désorienté. Nous voyons toute chose au travers de notre cœur, les idées, les systèmes, les hommes.

Si notre cœur est rempli de méfiance, jamais il ne trouvera la paix, jamais il fera la paix. Si notre cœur est rempli de nous-même, jamais il ne connaîtra la cohabitation d’amour avec nos frères. Car nos frères pensent et réagissent comme nous, plus par le cœur que par l’intelligence. Pour eux, comme pour nous, la paix, la joie ne sont des affaires de raison, mais une question de cœur, une communion.

Il en est de même pour la vie en Dieu. Elle devient réelle dans le partage de l’amour, car « Dieu est amour. » Si notre cœur est rempli de nous-même, jamais il ne connaître l’intime cohabitation avec le Dieu de tendresse et de miséricorde. Ah ! si notre cœur débordait de Dieu ….

« L’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon. » (Luc 6. 44)

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« C’est toi qui nous donnes ce que nous t’offrons…. puisque tes propres dons sont notre seule valeur, qu’ils fructifient pour nous en bonheur éternel … » (prière sur les offrandes)  « Fais-nous vivre avec toi pour l’éternité ! » (prière après la communion) « Gardez la parole de vie, vous serez pour le monde des foyers de lumière. » (Chant de l’Alleluià)

année liturgique B