Homélie du dimanche 4 décembre

Dimanche 4 décembre 2016
Deuxième dimanche de l’Avent

Références bibliques :

Lecture du prophète Isaïe : 11. 1 à 10 : « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur. »
Psaume 71 : « Qu’en lui soient bénies toutes les familles de la terre. »
Lettre de saint Paul aux Romains : 15. 4 à 9 : « Etre d’accord entre vous, selon l’esprit du Seigneur. »
Evangile selon saint Matthieu : 3. 1 à 12 : « Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. »

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L’ESPRIT DE DIEU REPOSE SUR MOI

Le Seigneur Dieu fait partager à son Messie, la plénitude de ce qu’Il est. L’Esprit du Seigneur est toute une « description théologique » de Dieu lui-même qui est sagesse, discernement, force, connaissance. C’est également la mise en relation du « comportement » de Dieu avec le nôtre : « Il ne juge pas selon les apparences, » mais en vérité; il est fidélité et amour pour les pauvres

La conversion qui nous est demandée doit être ouverture à nos frères « comme le Christ nous a accueillis pour la gloire de Dieu. » (Romains 15. 7) Bien plus, puisque la miséricorde de Dieu est universelle et dépasse le peuple des baptisés; notre ouverture à nos frères doit être tout autant universelle : »Les nations peuvent lui rendre gloire. » (Romains 15. 9)

Au seuil de sa vie publique, à Nazareth, le Seigneur Jésus affirme : « L’Esprit de Dieu repose sur moi » (Luc 5. 16 et ss) Il est venu « pour la gloire de Dieu et le salut du monde. » Il est d’ailleurs significatif que Jésus affirme, dans ce même discours à Nazareth, l’universalité de sa mission, en évoquant la guérison de Naaman le Syrien. (Luc. 4. 27)

RECONCILIATION

Un autre axe de réflexion ressort des lectures choisies pour ce dimanche : la réconciliation et la conversion. Ce sont les fruits des temps messianiques.

Réconciliation de la nature. Même l’antique serpent du livre de la Genèse (Gen. 3. 1) ne sera plus porteur de mort : »Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. » (Isaïe 11. 8)

Réconciliation ethnique également, puisqu’autour du descendant de David, toutes les nations pourront se rassembler. « Les nations le chercheront. » (Isaïe 11. 10) La réconciliation par laquelle le Christ nous a accueillis pour la gloire de Dieu, doit être pour nous une exigence de nous réconcilier avec tous les hommes : » Accueillez vous donc les uns les autres. »

Tous ces biens messianiques ne nous seront donnés que si « la connaissance du Seigneur remplit le pays. » (Isaïe 11. 9) Saint Paul le rappelle aux Romains : »Les Livres saints ont été écrits pour nous instruire. » (Romains 15. 4) et ils nous conduisent à cette connaissance.

CONVERSION

Réconciliation difficile qui suppose et nécessite une véritable conversion, en grec « metanoia ». Dans ce terme grec, il y a à la fois  » changement de direction, » et, s’il le faut, « correction de notre pensée et de notre agir. » D’une certaine manière, nous pourrions adopter le sens contemporain qu’utilisent les skieurs quand ils pratiquent « une conversion avec leurs skis ».

Rien ne nous dispense de la conversion, pas même l’appartenance au Peuple de Dieu, pas même d’être fils d’Abraham. Jean le Baptiste proclame cette « metanoia » comme nécessaire et urgente puisque le Royaume est tout proche. Jésus retrouvera les mêmes mots (Matthieu 4. 17)

Dieu garantit les promesses faites aux pères. Il manifeste ainsi sa fidélité. Mais le Peuple de Dieu doit reconnaître son infidélité qui est le péché par excellence. Il doit le reconnaître s’il veut être disposé à la venue du Royaume. Et tout autant que le péché, Israël doit modifier sa vision du Royaume afin d’accueillir comme une autre manifestation de la miséricorde de Dieu, l’entrée des nations païennes dans l’alliance. « Le lion comme le boeuf, mangera du fourrage. » (Isaïe 11. 7) « Les nations païennes peuvent lui rendre gloire. » (Romains 15. 9)

JERUSALEM ET LE JOURDAIN

Saint Matthieu se plaît à noter, ce que nous pourrions appeler, un transfert de centre de gravité. C’est au Temple que les sacrifices ouvraient l’accès au pardon. Pour entrer dans le parvis du Temple, la pureté rituelle exigeait de nombreuses ablutions. La pratique de ces rites enfermait alors dans une pureté rituelle puisqu’il fallait éviter tout risque de contact impurs avec les autres.

Or sur les bords du Jourdain, nous voyons accourir des foules qui semblent s’éloigner de Jérusalem. Ils sont de diverses conditions sociales ou religieuses : des Pharisiens, pourtant si ritualistes, des Sadducéens qui se recrutent parmi les classes supérieures des prêtres et qui n’estiment que la Loi de Moïse (Luc 20. 28), des soldats et des pécheurs du lac de Tibériade.

Ils viennent de Jérusalem, de la Judée et de la Galilée, chercher la pureté dans les eaux du Jourdain, comme fut la traversée du fleuve, pour le Peuple de Dieu, pour accéder à la Terre Promise. Pourtant l’eau du Jourdain n’avait rien de miraculeux, et le rituel de Jean n’est pas inscrit dans la Torah.

Mais cette immersion dans le fleuve les relie directement au pardon de Dieu, parce qu’elle exprime non pas un rite, mais l’attitude fondamentale de celui qui se présente à Jean le Baptiste. Elle inaugure ainsi le temps du Christ.

En nous plongeant dans sa mort pour ressusciter dans sa Vie, le Christ nous réconcilie avec son Père.

La réaction de Jean, lorsqu’il verra Jésus venir à lui pour être baptisé, témoigne que le Baptiste avait bien conscience de la signification et de la portée du geste qu’il accomplissait en baptisant ces foules.

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Le temps de l’Avent qui nous conduit à Noël doit être un temps d’accueil fraternel puisqu’il est le temps nous nous faisons mémoire que nous avons été accueillis, les uns comme les autres, par Dieu notre Père, dans le Christ notre frère, en la plénitude de l’Esprit de Dieu.

« Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche, cette marche, à la rencontre de ton Fils. Eveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. » (Prière d’ouverture du 2ème dimanche de l’Avent)

« Apprends-nous, dans la communion à ce mystère, le vrai sens des choses de ce monde et l’amour des biens éternels ». (Prière de la communion de ce dimanche)

année liturgique B